Une femme cheffe de famille

Méditations spirituelles 17/06/2021

ADRA France | Trait d’Union N. 57, p. 9

Maria vit en France depuis une douzaine d’années. Elle a cinq enfants de 5 à 16 ans. Son mari est parti depuis quelques années déjà, la laissant seule avec la gestion de toutes les difficultés. Elle fait partie de la communauté rom, dans laquelle le statut de la femme n’est pas très enviable. Elle n’a aucun droit, mais beaucoup de devoirs, surtout envers ses enfants qu’elle se retrouve seule à élever. Inutile de penser à toucher une pension alimentaire, le mari est introuvable, probablement à l’étranger.

Maria est courageuse, elle a un travail fixe en CDI. Elle ne gagne pas beaucoup, mais jusqu’à la catastrophique pandémie, elle cumulait, pour s’en sortir, deux autres petits boulots. Depuis le mois de mars, cette seconde source de revenus a disparu.

Quand un budget est serré, quelques centaines d’euros par mois qui ne rentrent pas, provoquent un déséquilibre qui devient vite une spirale vers le bas. En quelques mois, à peine, son découvert bancaire s’est creusé, les banques ont bloqué tous les moyens de paiement, et les factures se sont accumulées. Petit à petit le goût de vivre, de se battre, est parti. Les dettes semblent impossibles à éponger. Commence alors pour la maman, la quête de nourriture dans les distributions alimentaires, les interminables démarches pour obtenir des délais de paiement, et surtout la honte, la honte de ne pas arriver à gérer tout ça, de ne pas avoir pu faire face, de ne plus pouvoir protéger ses enfants. Parfois le courage ne suffit pas. Il va falloir un vrai coup de pouce pour soutenir cette maman et trouver l´aide financière indispensable pour passer ce cap.

Cette histoire pourrait être banale tant notre petite antenne a rencontré, depuis quelques mois, des personnes proches ou déjà entraînées dans cette tragique spirale. L’histoire de Maria se termine bien. Avec l’aide de bénévoles et un vrai « coup de pouce » financier, la maman a retrouvé l’énergie pour travailler. Elle a écrit sur son cahier, les sommes en plus et en moins, elle a aussi établi un budget avec un plan de remboursement, qu’elle a appelé « comme les riches » (sic) : placement. C’est sa dignité, retrouvée, une des rares choses qu’elle veut transmettre à ses enfants, toutes des filles.


Anne-Marie Lovera


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