Un jour de repos ?

Méditations spirituelles 03/02/2021

Ángel Manuel Rodríguez | Adventist World Janvier 2021

Est-il juste de dire que Jésus s’est reposé dans le tombeau le jour du sabbat ?

Aucun passage de la Bible ne dit explicitement qu’après sa mort, Jésus soit allé dans le tombeau pour se reposer le jour du sabbat. Par contre, on dispose de suffisamment de preuves bibliques pour soutenir cette conclusion.

JÉSUS EST MORT LE VENDREDI

À quelques exceptions près, les chrétiens ont toujours cru que Jésus avait été crucifié le vendredi et qu’il était ressuscité le dimanche matin. Les preuves bibliques soutiennent cette chronologie de la crucifixion. Selon Matthieu, la résurrection de Jésus eut lieu « [a]près le sabbat, à l’aube du premier jour de la semaine » (Mt 28.1). Marc, lui, indique que Jésus mourut « la veille du sabbat » et que lorsque les femmes « se rendirent au sépulcre, de grand matin, comme le soleil venait de se lever » (Mc 15.42 ; 16.2), Jésus était déjà ressuscité. Luc nous informe que lorsque le corps de Jésus fut déposé dans le tombeau, « le sabbat allait commencer » (Lc 23.54), et que les femmes rentrèrent chez elles pour « se [reposer] le jour du sabbat, selon la loi » (v. 56). Luc indique aussi que « le premier jour de la semaine, [les femmes] se rendirent au sépulcre de grand matin », mais n’y trouvèrent qu’un tombeau vide (Lc 24.1), car la résurrection de Jésus avait eu lieu de très bonne heure le dimanche matin. Pendant le sabbat, Jésus se trouvait bel et bien dans le tombeau.

« TOUT EST ACCOMPLI » ET LA PAROLE

En essayant de comprendre les dernières paroles de Jésus sur la croix, les érudits ont cherché dans l’Ancien Testament un contexte pour l’expression tetelestai (« Tout est accompli » – du verbe teleō (« compléter, accomplir ; achever »). Ils ont proposé deux passages principaux, et tous deux sont importants pour notre propos. Le premier, c’est Ésaïe 55.11, où le verbe sunteleō (« compléter, achever »), dont les racines sont de la même famille que teleō, est utilisé dans la Septante – la traduction grecque de l’Ancien Testament (LXX). Ce passage est une proclamation de la fiabilité, de la véracité et de l’irrévocabilité de la Parole de Dieu. Dès que Dieu prononce une parole de salut, cette parole ne revient pas à lui « tant que ce que j’ai voulu n’aura pas été accompli » (LXX). Si on prend en considération Ésaïe 55.4, on constate que la « parole » évoquée au verset 11 a un contenu messianique. La parole ultime que Dieu enverrait était sa Parole – le Messie. Si Jean avait ce passage à l’esprit, alors Jésus, en tant que Parole de Dieu, a apporté le message du salut qui était effectif, et a proclamé sur la croix que son œuvre rédemptrice était désormais accomplie, achevée. Il était maintenant prêt à retourner vers le Père.

« TOUT EST ACCOMPLI » ET LE REPOS

Le deuxième passage de l’Ancien Testament proposé en tant qu’arrière-plan du verbe tetelestai (« Tout est accompli »), c’est Genèse 2.2, où l’on retrouve encore dans la traduction grecque de l’Ancien Testament le verbe sunteleō (« compléter, achever »), mais cette fois, dans le contexte de la création : « Dieu acheva [grec : sunteleō] le sixième jour, ses œuvres, les œuvres qu’il avait faites ; et il se reposa le septième jour de ses travaux, de tous les travaux qu’il avait accomplis » (LXX). On trouve ici deux idées importantes également présentes dans l’Évangile de Jean, à savoir que quelque chose est achevé – dans la création de la Genèse et dans la rédemption de l’Évangile de Jean – et suivi du repos le septième jour. Dans Jean, la proclamation de Jésus (Jn 19.30) est immédiatement suivie d’une référence au sabbat : « C’était la préparation, et ce jour de sabbat était un grand jour (v. 31). Jésus s’est effectivement reposé pendant le sabbat après avoir achevé son œuvre de rédemption (recréation), comme Dieu s’est reposé le sabbat après son œuvre de création. Ainsi, Dieu fait chair s’est reposé dans le tombeau le sabbat du septième jour, jour qu’il a institué pour le bien de l’humanité (Mc 2.27).


Ángel Manuel Rodríguez a pris sa retraite après sa longue carrière de pasteur, professeur, et théologien.