Spiritualité et évangélisation : comment la spiritualité personnelle affecte le succès du témoignage et de l’évangélisation

Méditations spirituelles 21/08/2021

Par Joe A. Webb | Revue Ministry, 3e trimestre 2014

J’aime lire des biographies. J’ai lu les récits de la vie de nom- breux personnages rendus célèbres par leurs contributions à la société, aux arts et aux sciences. Je peux dire avec certitude que j’en sais maintenant beaucoup plus sur ces célébrités qu’avant d’avoir lu leurs biographies. Cependant, si je prétendais connaître ces personnes, on pourrait me demander, à juste titre : « Comment pouvez-vous les connaître ? Vous n’avez que lu des livres à leur sujet. »

Remarquez l’importante vérité qui se dévoile ici. Même si j’en sais long sur certaines personnes, il n’en découle pas nécessairement que je les connaisse personnellement, ou que j’aie une amitié personnelle avec eux. Cette vérité est également importante dans le domaine spirituel. Bien que j’en sache beaucoup sur Dieu parce que j’ai lu et mémorisé les Écritures, il est possible que je ne le connaisse pas vraiment et que je ne jouisse pas d’une relation personnelle et salvatrice avec lui. Au fil de mes nombreuses années de ministère, j’ai rencontré beaucoup de personnes très bien informées de ce que Dieu attend d’eux jour après jour, mais qui doutent de leur sécurité en Jésus-Christ.

Je me demande si cette incertitude est due au fait que nous étudions la Bible simplement pour savoir ce que Dieu veut que nous fassions au lieu de cher- cher à découvrir comment il est. Les Écritures contiennent certainement de nombreuses informations concernant la volonté de Dieu dans notre vie de tous les jours ; les Écritures révèlent aussi sa volonté suprême pour chacun de nous. Jésus déclare : « Voici la volonté de mon Père : tous ceux qui voient le Fils et qui croient en lui vivront avec Dieu pour toujours. Et moi, le dernier jour, je les relèverai de la mort. » (Jean 6.401). Et bien évidemment, lorsque nous découvrirons Dieu tel qu’il est réellement, nous l’aimerons d’un amour si profond que nous n’aurons aucun problème à faire ce qu’il nous demande.

Bien que notre relation personnelle avec Jésus soit importante dans notre vie quotidienne, il y a également un lien vital entre l’assurance du salut personnel et le succès dans l’évangélisation et le témoignage. En ce qui concerne la raison fondamentale de l’évangélisation, comment quelqu’un qui n’a aucune assurance personnelle du salut en Jésus peut-il conduire quelqu’un d’autre à une telle position de foi ? Ne vous y trompez pas ; même si nous devons reconnaître l’importance d’amener nos semblables à comprendre la vérité biblique et à se joindre à la famille de l’église locale, notre premier objectif devrait être de les conduire à l’assurance du salut personnel en Jésus. C’est l’objectif ultime de tout effort d’évangélisation.

Je suspecte que de nombreuses personnes enthousiastes sont envoyées pour réaliser différents projets d’évangélisation sans la préparation spirituelle adéquate. Ce fut, en effet, mon expérience au cours de mes premières années en tant qu’adventiste du septième jour. Je possédais sans doute une connaissance intellectuelle raisonnable de ce qu’il fallait dire, ainsi que du moment et de la manière de le dire. Je suivais scrupuleusement les procédures prouvées efficaces qui m’avaient été transmises ; mais en ce début de mon expérience chrétienne, je n’avais pas l’assurance d’un salut personnel. J’avais l’impression que je devais ajouter mes œuvres à la grâce de Dieu pour le convaincre que sa grâce n’était pas perdue, et que je pouvais être assez obéissant pour être un bon candidat au salut. Je partage ce détail personnel car, dans mon ministère, je constate que de nombreux chrétiens luttent encore pour avoir l’assurance du salut personnel. De telles situations mettent en évidence le besoin de porter attention à la spiritualité personnelle et à son in- fluence sur notre succès dans le témoignage et l’évangélisation.

D’abord des disciples, puis des « pêcheurs d’hommes »

Nous reconnaissons l’importance du premier commandement de Jésus relevé dans les Évangiles : « Venez avec moi, et je ferai de vous des pêcheurs d’hommes » (Mt 4.19), et le dernier dont nous avons connaissance : « Allez chez tous les peuples pour que les gens deviennent mes disciples. Baptisez-les au nom du Père, du Fils et de l’Esprit Saint » (Mt 28.19). Jésus a appelé des hommes à être ses disciples, et il les a équipés afin qu’à leur tour, ils fassent des disciples en les enseignant à la fois de manière pratique et spirituelle. Les disciples ont reçu non seulement une instruction directe (voir Mt 5.23, 24 ; 10.7), mais aussi pratique, en observant le Maître Prédicateur au travail. Jésus leur a parlé d’une relation spirituelle avec Dieu ainsi que de la puissance de la prédication (voir Mt 10.20) et, de temps à autres, il les enseignait par des tests pratiques concernant le ministère (voir Jean 6.5, 6). Ils ont ressenti leur besoin de se connecter avec l’Être suprême, et été incités à demander de l’aide dans le domaine de la prière personnelle (voir Luc 11.1-4).

Ellen White résume bien le besoin d’une préparation spirituelle pour garantir notre succès dans l’évangélisation et le témoignage. « On peut avoir la science, les talents, l’éloquence, tous les dons naturels ou acquis : sans le Saint-Esprit, aucun cœur ne sera touché, aucune âme gagnée à Jésus-Christ. D’autre part, s’ils vivent en communion avec le Sauveur, s’ils ont part aux dons de l’Esprit, les disciples les plus pauvres et les plus ignorants auront le pouvoir d’agir sur les cœurs. Dieu fera d’eux des instruments par lesquels opérera la plus grande puissance de l’univers 2. »

Bien évidemment, la spiritualité personnelle ne peut être ni enseignée dans une séance de formation, ni obtenue en lisant un livre, aussi fortement recommandé soit-il. La spiritualité personnelle ne peut pas être programmée ; cependant, elle peut être encouragée et nourrie. Cette spiritualité vient d’une rencontre face à face avec Jésus-Christ nous aidant à réaliser son désir de conduire nos vies de chrétiens, ainsi que par l’influence du Saint-Esprit œuvrant en chacun de nous.

L’ingrédient essentiel pour la croissance spirituelle personnelle et la préparation à l’évangélisation est le Saint- Esprit, non pas dans le sens où nous utilisons le Saint-Esprit, mais dans le sens où c’est lui qui nous utilise comme ses instruments pour atteindre ceux qui ne font pas encore partie du Royaume de Dieu. Par nous-mêmes, nous ne sommes pas capables de conduire une autre personne à Christ, mais lorsque nous permettons à Dieu de travailler en nous, l’évangélisation devient le résultat naturel de l’Esprit qui demeure en nous.

De plus, les Écritures établissent clairement que le Saint-Esprit décide des dons spirituels que chaque croyant va recevoir (voir 1 Co 12.1- 11). Par conséquent, nous ne nous attendons pas à ce que chaque membre d’Église soit équipé pour tous les ministères impliqués dans l’évangélisation. Il en découle que la meilleure méthode n’est probablement pas de supplier et harceler les membres pour qu’ils s’impliquent dans les divers ministères que les dirigeants ont choisis et pour lesquels ils n’ont peut-être pas reçu de don.

Bien que les paroles de Jésus concernant le cep et les sarments, rapportées dans Jean 15.1-8, fassent référence au fruit, à l’émondage et au feu, le thème central reste la relation spirituelle. En rapport avec le cep et les sarments, on trouve neuf fois, dans ce passage, le verbe « demeurer » (NEG 1979), soulignant à nouveau que le point essentiel est la relation avec Jésus.

Même si l’évangélisation prend un peu plus de temps à organiser, nous ferions bien de commencer par mettre nos membres d’Église au défi de considérer leur relation avec Jésus et d’explorer leurs dons avant de les encourager, par quelque moyen que ce soit, à témoigner pour lui. Si nous ne prenons pas ce temps, nous risquons d’envoyer certaines personnes simplement partager de l’information et, à tort, attendre des fruits sans qu’une relation soit établie. L’équation biblique est simple : pas de connexion spirituelle = pas de vie spirituelle = pas de fruit spirituel et, par conséquent, pas d’enthousiasme animé par une bonne motivation pour le témoignage et l’évangélisation. C’est pourquoi Jésus a prononcé ces paroles si importantes : « Car vous ne pouvez rien faire sans moi » (Jean 15.5). Nous ne contredirions jamais Jésus consciemment. Cependant, à chaque fois que nous essayons de porter du fruit sans avoir de connexion avec lui, nous déclarons que même si Jésus a dit que nous ne pouvons rien faire sans lui, nous allons essayer quand même. Comme Ellen White nous le fait remarquer, même les disciples avaient besoin d’être instruits d’une manière particulière dans ce domaine. « Le Sauveur savait que nul argument, même logique, n’arriverait à attendrir les cœurs endurcis, ni à briser l’écorce de la mondanité et de l’égoïsme humain. Il savait que ses disciples devaient recevoir le don céleste, que l’Évangile ne serait efficace que s’il était proclamé par des cœurs ardents, des lèvres éloquentes, et grâce à une réelle connaissance de celui qui est le chemin, la vérité et la vie 3. »

Ainsi, maintenant que nous comprenons l’importance d’une préparation spirituelle personnelle pour l’évangélisation, que devrions-nous faire pour ceux qui sont déjà engagés dans l’évan- gélisation et pour ceux que nous aimerions encourager à s’impliquer ? Les quatre points suivants suggèrent une direction qui nous guidera vers des réponses satisfaisantes.

1 Se concentrer sur l’objectif ultime

Toute formation à l’évangélisation que nous offrons doit viser l’objectif ultime : conduire les âmes à Jésus. Il ne suffit pas de guider nos semblables vers une vérité doctrinale et l’appartenance à une église, aussi importants que soient ces éléments. Il est vital que nous amenions les âmes à une compréhension claire de l’amour inconditionnel de Dieu et de son pardon total. Il y a une grande différence entre croire que Dieu est un Dieu d’amour et croire qu’il est un Dieu qui m’aime, moi, de manière inconditionnelle. Il y a également une différence entre croire que Dieu est un Dieu qui pardonne et croire qu’il est un Dieu qui me pardonne entièrement. Dans chacune de ces déclarations, la première partie désigne une connaissance intellectuelle, tandis que la deuxième est une expérience qui se vit dans le cœur. Si nous ne discernons pas ces différences importantes, nous pouvons également manquer d’amener nos semblables à celui qui est le Chemin, la Vérité et la Vie d’une manière à permettre de former une relation personnelle.

2 Mettre l’accent sur l’assurance personnelle

Les évangélistes doivent être ancrés dans leur propre assurance en Jésus-Christ. Ils doivent être en mesure de partager qu’en Christ, nous pouvons avoir gratuitement la pleine assurance du salut, ici et maintenant, sans « peut-être », sans « cela se pourrait » ni « c’est pos- sible. » L’assurance du salut en Jésus devrait être le point focal de l’enseignement, de la prédication et des conversations en général. Cet accent sur la relation personnelle avec Jésus contribue à la croissance à la fois spirituelle et numérique d’une communauté. Des rappels et des défis positifs constants, incitant les membres à passer du temps seul avec leur Seigneur, encourageront nombre d’entre eux à partager l’amour de leur Sauveur.

3 Mettre en évidence la puissance du Saint-Esprit

La Parole de Dieu, inspirée par le Saint-Esprit et préservée à travers les âges par la grâce de Dieu, est le point de contact principal entre Dieu et nous. C’est la nourriture spirituelle que nous recevons lorsque nous nous régalons de sa Parole. C’est aussi le facteur dé- terminant notre capacité et notre bonne volonté à être impliqués dans la mission de l’Évangile. Jésus savait que nous aurions besoin d’aide dans le domaine du témoignage et de l’évangélisation. C’est pourquoi il a fait le merveilleux arrangement rapporté dans Jean 14.16, 17 : « Et moi, je prierai le Père. Et il vous donnera quelqu’un d’autre pour vous aider, quelqu’un qui sera avec vous pour toujours : c’est l’Esprit de vérité. En effet, le monde ne peut pas le recevoir, parce qu’il ne le voit pas et ne le connaît pas.Vous,vous connaissez l’Esprit de vérité, parce qu’il reste avec vous, il habite en vous. »

C’est un peu comme un cycle. Lorsque les chrétiens commencent à servir Dieu par l’évangélisation, ils deviennent davantage conscients de leurs besoins spirituels. Puis, lorsqu’ils de- mandent et reçoivent une plus grande mesure du Saint-Esprit, ils peuvent alors accomplir un plus grand service; ce qui, en retour, les conduit à chercher davantage la puissance de Dieu. « Vous, vous
êtes mauvais, et pourtant vous savez donner de bonnes choses à vos enfants. Alors ceci est encore plus sûr : le Père qui est au ciel donnera l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent ! » (Luc 11.13). Si nous le lui permettons, le Saint-Esprit peut nous équiper pour un témoignage très puissant et spontané.

Puisqu’il est vital de recevoir le Saint- Esprit pour avoir du succès dans notre témoignage et notre évangélisation personnels, et puisque l’évangélisation implique de se nourrir spirituellement, je suggère que des plans précis soient mis en place pour amener les membres à une vie remplie de l’Esprit. Cependant, cette expérience profonde avec Dieu ne peut pas être façonnée par nous en suivant un processus qui nous est dicté. C’est plutôt une expérience que nous devons vivre, dans laquelle nous sommes entraînés lorsque nous découvrons davantage qui est Dieu au travers de notre étude et de notre méditation de sa Parole. (Voir les encadrés propo- sant une étude plus approfondie pour fortifier une vie convertie et remplie du Saint-Esprit.)

4 Souligner l’importance de la prière

L’importance de la prière dans la vie chrétienne ne peut pas être surestimée. Actes 1.12-14 révèle que les apôtres se réunissaient avec d’autres croyants pour prier et fraterniser. Ces occasions étaient aussi des moments d’encouragement, de planification et d’évaluation. Aujourd’hui, nous avons encore besoin de cet encouragement qui vient par la prière ainsi que dans l’amitié avec Dieu et les autres croyants.

La puissance du témoignage et de l’évangélisation est directement liée à la puissance que nous recevons par la prière. La condition préalable au succès est que les témoins et évangélistes doivent avoir rencontré Jésus, et qu’ils demeurent dans une relation étroite avec lui. La relation spirituelle dont les disciples ont joui avec Jésus après son as- cension, et qui a placé en eux le feu sacré de manière définitive, est accessible à tous les croyants.

Nous examinons souvent notre cœur pour évaluer notre condition spirituelle. Cependant, aussi valide que soit cette démarche, nous devons comprendre que le cœur humain est rarement objectif dans son auto-évaluation. Par conséquent, il est également bon d’inviter Dieu à nous examiner et à nous montrer notre condition réelle. Le psal- miste priait ainsi : « Ô Dieu, regarde au fond de mon cœur et connais-moi, examine mes pensées et vois mes soucis. Regarde si je suis sur un chemin dangereux, et conduis-moi sur ton chemin, ce chemin qui est sûr pour toujours » (Ps 139.23, 24).

Conclusion

Habituellement, lorsque nous entendons une bonne nouvelle, nous voulons la partager. Lorsque nous entendons et comprenons la bonne nouvelle du salut en Jésus-Christ, nous avons également le désir de la partager. Le défi individuel de chaque croyant est de s’assurer de ne pas simplement communiquer de l’information, mais aussi de partager l’expérience du salut. Ainsi, nous n’essaieront pas d’accomplir le travail du Saint-Esprit, mais nous nous soumettrons à sa volonté.

Quand l’accent est mis sur la préparation spirituelle à l’évangélisation, la formation et les livres si fortement recommandés deviennent de précieuses ressources. Ainsi, la préparation au témoignage personnel et à l’évangélisation implique bien plus que la mémorisation de quelques techniques et procédures prétendument prouvées comme étant efficaces. Lorsque notre relation avec Dieu s’approfondit, nous désirons accomplir sa volonté. « Dieu travaille en vous et il vous rend capables de vouloir et de faire les actions qui lui plaisent » (Ph 2.13).


1.Sauf indication contraire, toutes les citations bibliques sont tirées de la Bible Parole de Vie.

2. Ellen WHITE, Les Paraboles de Jésus, Vie et Santé, Dammarie-les-Lys, 1992, p. 283.

3. Ellen WHITE, Conquérants Pacifiques, Vie et Santé, Dammarie-les-Lys, 1992, p. 29.