Soyez l’Église

Méditations spirituelles 18/07/2020

Sharon Tennyson, St. Albans, Royaume Uni / Adventist World

Il y a quelques mois, j’ai écouté un sermon de Nathan Stickland, pasteur de notre petite église de St-Albans, au Royaume-Uni, située en face du siège de la Division transeuropéenne (TED). Son sermon, qui donne à réfléchir, est intitulé « Ne sortez pas avec l’Église ». « Ceux qui sortent pour trouver un(e) ami(e) recherchent un produit », a déclaré Nathan. Puis, il a comparé cette approche du culte avec les services de rencontres en ligne, dans lesquels on recherche l’être idéal en vue de fréquentations qui feront notre affaire. Quelqu’un qui « sort » avec l’Église est égocentrique – il se demande toujours « Qu’est-ce que je peux obtenir de l’Église » ?

Dans une lettre adressée à une communauté de croyants dispersée et habitant dans toute l’Asie mineure, l’apôtre Pierre cite l’Ancien Testament et rappelle à ses lecteurs ce qu’est l’Église : « Vous, au contraire, vous êtes une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis, afin que vous annonciez les vertus de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière » (1 P 2.9). L’Église se centre non sur nous, mais sur l’adoration et la proclamation de celui qui nous a appelés des ténèbres à son admirable lumière, et en qui « toutes choses subsistent » (Col 1.17). L’Église, c’est aussi une communauté de foi locale où les membres se rassemblent pour s’encourager les uns les autres. Bien que nous ayons besoin d’être encouragés, nous devons aussi nous demander personnellement :

« Comment puis-je encourager quelqu’un par le biais de notre culte envers Dieu ? »

UN CHANGEMENT FONDAMENTAL

Il est peut-être temps de changer notre perception de l’Église, de la faire passer de « quelque chose où l’on va » ou de « quelque chose où l’on se pointe » à quelque chose de plus. Certains peuvent demander : « L’Église a une place dans ma vie ; n’est-ce pas suffisant ? » La vérité, c’est que si nous ne nous impliquons pas, nous ne faisons que « flirter » avec elle, parce que nous voulons garder nos « options ouvertes ».

Puisque l’Église n’est pas un bâtiment mais une communauté de pécheurs brisés que Jésus restaure, nous nous trompons vraiment nous-mêmes lorsque nous manquons de passion et d’engagement envers elle. Dans son sermon, Nathan Stickland a souligné trois domaines particuliers :

Premièrement, nous nous trom- pons nous-mêmes parce que Dieu veut que nous soyons en bénédiction aux autres. Quelque chose de bon se produit en nous lorsque nous partageons la grâce divine avec ceux qui nous entourent. Si nous ne sommes pas branchés sur l’Église, nous raterons le privilège d’être ce canal de Dieu. Jésus, certes, est le seul espoir du monde (Jn 3.16) ; cependant, nous avons un rôle à jouer dans le plan de Dieu, lequel ne se limite pas au simple fait de « se pointer ».

Deuxièmement, nous trompons notre communauté de foi lorsque nous nous contentons d’aller à l’église, parce que nous la privons de ce que nous avons à offrir. Nous avons tous quelque chose à offrir. Nous ne pouvons tous être des cuisiniers, des prédicateurs, ou des musiciens, mais nous pouvons tous trouver notre créneau dans le service. C’est là l’intention de Dieu pour nous.

Troisièmement, nous trompons le monde. Dieu a pour dessein de sauver ceux qui sont perdus. Il intervient pour sauver l’humanité déchue et veut que nous nous impliquions. Comment nos semblables apprendront-ils la bonne nouvelle si nous ne la leur annonçons pas ? Quel espoir donnerons-nous au monde si nous ne pouvons même pas prier avec nos frères croyants, si nous ne pouvons même pas ouvrir nos Bibles et nous entretenir avec eux ? Si nous ne le faisons pas à l’église, les chances que nous le fassions à l’extérieur de l’Église seront bien faibles (1) !

UN CHANGEMENT DE MENTALITÉ

Il y a un peu plus d’un an, un titre provocateur a attiré mon attention alors que je jetais un coup d’œil sur la revue Adventist Record disponible à notre bureau. L’article « Pourquoi je ne vais pas à l’église » de Maritza Brunt, assistante de rédaction, m’a fait réfléchir (2) . Maritza a été élevée dans un foyer adventiste. Elle est femme de pasteur et travaille actuellement pour l’Église adventiste. Un jour, elle s’est rendu compte qu’aller à l’église ne l’aidait pas spirituellement, émotionnellement, mentalement, ou physiquement. « Certains jours, je pleurais rien qu’à l’idée de devoir aller à l’église, a-t-elle écrit. Cela a empiré au point où j’ai commencé à remettre en question la nécessité de l’église. »

C’est sa décision de renverser cette mauvaise attitude qui a produit le changement dans sa vie. Au lieu de considérer l’église comme quatre murs, elle s’est mise à s’occuper des autres membres d’église, des joies et des défis de leur vie. Elle s’est forcée à aller à l’église, sachant que Dieu pourrait l’utiliser pour être en bénédiction à ses semblables. Quand elle recevait une parole gentille ou une étreinte, elle était le récipiendaire de cette bénédiction de la part de quelqu’un d’autre.

L’Église, ce n’est pas qu’un concept théologique, que quelque chose d’abstrait. L’Église n’est pas non plus une feuille truffée de chiffres et de statistiques. Nous savons que 42 pour cent des membres nouvellement baptisés quittent finalement l’Église (3). D’où l’importance de célébrer, d’encourager, et de discipuler ceux qui restent. Étant elle-même une jeune, Maritza a déclaré que la génération du millénaire croit en l’Église et veut la voir grandir.

UNE ÉGLISE VIVANTE ET PLEINE DE BONTÉ

Dieu nous appelle non à nous demander ce que nous pouvons « tirer » de l’Église, mais plutôt à « être l’Église ». J’ai été édifiée par un nouveau projet intitulé « Vivez : soyez bons », coordonné par Karen Holford, directrice du Ministère de la famille de la TED. Ce projet a recueilli 31 idées créatives des équipes du Ministère de la famille à travers l’Eu- rope au sujet de la façon dont nous pouvons manifester de la bonté à l’église4. Tandis que je lisais cette liste de façons très créatives de s’engager envers l’église, je me suis souvenue du ministère paisible de Marilyn Petersen, la mère récemment décédée de Merle Poirier, coordinatrice des opérations de Adventist World.

Marilyn a été confinée dans une chaise roulante pendant les 10 dernières années de sa vie. Elle a écrit des cartes à des gens confinés chez eux, à des gens mentionnés dans le bulletin de sa congrégation locale, à des gens qu’elle n’avait pas vus depuis un certain temps, à des gens qu’elle venait juste de voir, à des nouveaux membres qui avaient été transférés – bref, elle écrivait à tout un chacun. Elle a dit à ma collègue qu’elle recevait rarement quelque chose en retour, ou entendait parler de quiconque. Cependant, après le décès de sa mère, Merle a rempli un panier de cartes. Ces cartes venaient de gens qui, après avoir appris le décès de Marylin, ont dit qu’ils avaient apprécié l’amour et la sollicitude qu’ils avaient ressentis en recevant une carte de cette dame âgée. Elle avait eu un impact sur tous. Nous devons clairement garder les yeux sur la récompense du ciel et non sur ce qui se passe ici. « Ma mère aurait été étonnée de voir toutes ces cartes ! » a dit Merle.

Proclamer la bonté de Dieu ne se résume pas à prêcher. Réfléchissez à la façon dont vous pourriez manifester de la bonté dans votre église – et passez à l’action. Ces actes de bonté n’auront sans doute pas un impact immédiat, mais tout acte de bonté nous rapprochera les uns des autres. Jésus lui-même nous a enseigné que l’unité et la sollicitude sont des marques distinctives de la famille de Dieu sur la terre (Jn 17.20,21). Par conséquent, vivez, et soyez bons !


(1) On peut regarder l’intégralité de ce sermon sur le site www.youtube. com/watch?v=wcID-BxWJPw.

(2) Maritza Brunt, « Why I Don’t Go to Church », Adventist Record, 16 février 2018, p. 10, documents.adventistarchives.org/Periodicals/AAR/ AAR20180217-V123-03.pdf.

(3) Voir Gerald A. Klingbeil, « Ils quittent toujours », Adventist World, Janvier 2019 p. 9.

(4) Vérifiez la liste sur le site ted.adventist.org/images/Family/Kindness_at_church.pdf.


Sharon Tennyson est coordinatrice de la distribution et de la logistique de Adventist World. Sharon et Mack, son mari, habitent à St.Albans, au Royaume-Uni.