Samson : de la faiblesse à la force

Méditations spirituelles 01/02/2022

Auteur : Ángel Manuel Rodríguez, maintenant à la retraite, a servi l’Église en tant que pasteur, professeur et théologien | Adventist World, janvier 2022

Question : Samson s’est-il suicidé ? 

Votre question sur les derniers moments de la vie de Samson – une question qui nous concerne, nous aussi – est importante. Camper le personnage de Samson dans Juges 13-16 n’est pas évident. Il faut dire que pour ceux qui lisent son histoire, l’évaluation de sa vie n’a rien d’encourageant. Son comportement ne fut, semble-t-il, qu’une suite d’échecs, le résultat de sa propre complaisance. Et cependant, le Nouveau Testament le cite parmi les héros de la foi de l’Ancien Testament (He 11.32) ! Il est au nombre de ceux qui « étaient faibles et devinrent forts » (v. 34, BFC). C’est
là que réside le paradoxe de Samson, que nous décrivons d’habitude comme passant de la force à la faiblesse.

1. DES GRANDES ATTENTES À LA DÉSILLUSION

L’histoire commence par un dialogue entre une femme et un ange annonçant la naissance d’un enfant qui serait naziréen à vie (Jg 13.2-7 ; voir Nb 6.1-12). Par lui, le Seigneur allait commencer à vaincre les Philistins. Il donna donc des instructions précises sur la façon d’éduquer l’enfant – par exemple, ne pas boire de vin, ne pas lui couper les cheveux. Samson serait un enfant spécial par lequel Dieu ferait des merveilles ! Bien que Samson devînt fort sur le plan physique, il se montra faible sur le plan spirituel et moral. Contrôlé par le côté émotionnel de sa personnalité, il prit des décisions et agit dans une indépendance presque totale vis-à-vis de Dieu. Ceci dit, tout n’était pas mauvais. L’une des qualités rédemptrices de Samson est que, malgré les alliances qu’il avait conclues avec les Philistins, jamais il ne se livra à l’idolâtrie. À cet égard, il resta loyal envers le Seigneur. En outre, malgré l’esprit d’indépendance de son champion, le Seigneur se servit des problèmes de ce dernier avec les Philistins pour leur infliger de constantes défaites. On ne peut qu’imaginer ce que le Seigneur aurait pu accomplir à travers Samson si celui-ci lui avait été fidèle !

2. DE LA FORCE À LA FAIBLESSE

L’histoire de Samson atteint son point culminant négatif lorsqu’il révéla le secret de sa force – couper sa longue chevelure – violant ainsi le dernier élément de son vœu de naziréat. L’Esprit du Seigneur ne pouvant plus l’utiliser, il lui retira sa force physique prodigieuse. Samson tomba aux mains de ses ennemis, lesquels lui crevèrent les yeux, le jetèrent en prison, et en firent leur esclave. Ils jubilaient devant ce qu’ils considéraient comme étant la défaite de Samson… et de son Dieu ! Là, dans les ténèbres de sa prison, Samson se livra à une réflexion profonde sur la qualité de sa vie et sur son échec envers Israël, sa famille et son Dieu. Il devint enfin prêt pour une nouvelle chance dans sa vie.

3. DE LA FAIBLESSE À LA FORCE

Le Seigneur a le pouvoir de transformer les tragédies en victoires. Un jour, les Philistins se rassemblèrent pour célébrer la victoire de leur dieu Dagon sur Samson et son Dieu (Jg 16.23,24). Les princes des cinq royaumes philistins étaient présents, ainsi qu’une foule de plus de 3 000 convives. Au plus fort de la fête, ils firent amener Samson, histoire de se divertir et de se réjouir de leurs exploits. Se disant fatigué, Samson demanda à s’appuyer contre les deux colonnes qui soutenaient la structure. Puis, il murmura une prière, demandant au Seigneur de le fortifier pour qu’il fasse ce qu’il aurait dû faire depuis longtemps : infliger une défaite cinglante aux Philistins (v. 30 ; voir Jg 13.5). Dans sa prière d’engagement total envers le Seigneur, il remit sa vie entre les mains de ce dernier et exprima son désir de mourir à son service. S’il voulait venger la perte de ses yeux – une demande peut-être teintée d’égoïsme – il voulait aussi que Dieu soit justifié en démontrant sa puissance sur Dagon. Samson mourut ainsi comme un soldat sur le champ de bataille du conflit cosmique. La fin de sa vie fut pour lui un moment d’abandon absolu au Seigneur dans un acte de foi.