Sa Parole demeure à jamais

Méditations spirituelles 29/11/2020

Par Félix H. Cortez, professeur de Théologie à l’Université Montemorelos, au Mexique / Publié dans L’Ancien 4e Trimestre 2012

COMME TOUTE autre chose, les livres, ont une période de vie : ils naissent, croissent, vieillissent et meurent. Dans l’histoire de l’humanité, il y a eu des livres d’une grande longévité et d’une influence importante. L’un des plus extraordinaires est l’Almageste. Il fut publié en 150 après J.-C. par Claude Ptolémée d’Alexandrie (astronome, mathématicien et géographe). Il s’agit d’un manuel d’astronomie qui servit de guide d’observations aux astronomes arabes et européens jusqu’au XVIIe après J.-C. Difficile à croire, mais l’Almageste perdura quinze siècles durant ! Plus de mille ans ! Son titre originel est ” Syntaxe mathématique “, car il établit la trigonométrie qui permit à Ptolémée d’expliquer et prédire les mouvements du soleil de la lune, des planètes et de 1 022 étoiles. Son influence fut si importante qu’en grec, on l’appela He M’égale Syntaxes (la grande syntaxe). Le nom ” Almageste ” est une déviation arabe du nom grec He Megisti qui signifie simplement ” le plus grand “(1).

L’Almageste avait un défaut. Il postulait que la terre se trouvait au centre de l’univers et que le soleil tournait autour d’elle. Quand Nicolas Copernic démontra exactement le contraire dans son œuvre Des révolutions des sphères célestes, en 1543, la fin de l’Almageste sonna.

La guerre contre la Bible : La Révolution Française

Il y a environ 200 ans, certains crurent que la Bible n’exercerait plus d’influence sur l’humanité. La même Bible prédisait qu’un pouvoir apostat se lèverait contre la Parole de Dieu et son peuple pour les détruire :

” Quand ils auront achevé leur témoignage, la bête qui monte de l’abîme leur fera la guerre, les vaincra et les tuera. Et leurs cadavres resteront sur la place de la grande ville, qui est appelée dans un sens spirituel Sodome et Égypte, la même où leur Seigneur a été crucifié. Des hommes d’entre les peuples, les tribus, les langues et les nations verront leurs cadavres pendant trois jours et demi, et ils ne permettront pas qu’on mette leurs cadavres dans une tombe. Les habitants de la terre se réjouiront à leur sujet et seront dans l’allégresse. Ils s’enverront des présents les uns aux autres, parce que ces deux prophètes ont tourmenté les habitants de la terre. ” (Apocalypse 11.7–10).

Cette prophétie s’accomplit pendant la Révolution Française, vers la fin du XVIIIe siècle. Elle mit un terme aussi bien au processus d’exaltation de la raison qu’à celui de la lutte contre les disciples de la Parole de Dieu. Le mouvement de réforme albigeois, composé par des avides lecteurs de la Bible (2), fut sauvagement écrasé par quatre Croisades au XIIIe siècle. Les huguenots souffrirent du même sort suite à huit guerres civiles au XVIe siècle. La plus connues est celle du massacre de Saint-Barthélemy qui eut lieu le 18 août 1572, où 8 000 personnes à Paris, et bien plus dans le reste de la France, furent assassinées.

Pendant la Révolution en 1789, la Bible avait pratiquement disparu de la conscience nationale française. Par décret, le gouvernement révolutionnaire établit un royaume de terreur le 5 septembre 1793, où l’on célébra ouvertement la fin de l’influence de la Bible. La révolution élabora un nouveau calendrier qui ne comptait plus les années par rapport à Christ, mais à partir de l’année de la révolution. La semaine de sept jours, qui tira son origine de la création du monde, selon le récit biblique, fut pro longée à dix jours et appelée ” décade ” et le septième jour fut déclaré jour de repos à la mémoire de la république. Une jeune fille vêtue en blanc et couverte d’une cape bleue fut installée en symbole de la déesse de la raison sur l’imposante cathédrale gothique Notre Dame de Paris et il en fut de même dans le reste du pays. La Bible fut considérée comme un livre rétrograde et coupable des abus de l’aristocratie et du clergé et fut brûlée comme s’il s’agissait d’une exécution publique. À Lyon, la procession en l’honneur du décès du Maire comprenait un âne avec une croix et un exemplaire de la Bible attaché à la queue (3).

La guerre contre la Bible : Le rationalisme

L’Illustration, un puissant mouvement intellectuel du XVIIe et du XVIIIe siècle, prôna la supériorité de la raison sur la foi. Ses défenseurs Locke, Bentham, Rousseau, Montesquieu, Voltaire et Jefferson considéraient que la Bible était un livre de contes qui ne disait pas la vérité sur Dieu. Ils croyaient que Dieu avait créé l’univers tel un habile horloger crée une horloge, qu’il l’avait fait fonctionner et qui, par la suite, l’avait abandonné à ses lois et à son propre sort.

Ainsi, la Bible fut discréditée et considérée indigne de confiance par les sages, ceux qui disaient la connaître le mieux. Les arguments semblaient solides. Ils disaient que l’on ne pouvait être sûr de la fidélité des paroles de Christ ou des lois de Moïse, l’Ancien Testament ayant été copié d’un manuscrit à l’autre pendant trois mille ans. Dans ce processus, des erreurs commises étaient perpétuées par les autres copistes et d’autres erreurs encore se seraient infiltrées. La Bible serait donc arrivée dans nos mains complétement faussée.

Friedrich Delitzsch, par exemple, un des écrivains des plus importants au XIXe siècle (Keil-Delitzsch) et aujourd’hui encore très populaire, arriva à la conclusion qu'” à travers toutes ces années [la Bible] avait été corrompue et faussée au-delà de notre imagination “(4). Edward Gibbon, auteur du classique Histoire de la décadence et la chute de l’Empire Romain, avait également affirmé que ” des mains impulsives et sacrilèges ” avaient faussé et modifié les manuscrits du Nouveau Testament de manière à ce que ce qu’ils exprimaient n’étaient plus les enseignements de Jésus. L’école de Tübingen, d’une grande influence dans les XVIIIe et XIXe siècle, déclara que presque tous les livres de la Bible n’étaient pas authentiques. Seules quatre lettres du Nouveau Testament qui avaient été écrites par Paul. Tous les autres livres avaient été rédigés par des chrétiens longtemps après la mort des apôtres. C’est ainsi que le monde intellectuel arriva à la conclusion que l’on ne pouvait avoir confiance en la Bible.

La Bible était pratiquement morte, mais ce fut à ce moment que sa résurrection commença.

La Bible ressuscite : Le Nouveau Testament

Je ne pourrais décrire toutes les découvertes qui montrent que la Bible est digne de confiance. Je ne ferai qu’une brève description des plus importantes.

1. Manuscrit Éphrem. Le manuscrit très ancien et confus du Nouveau Testament était écrit sur le matériau d’Éphrem, père de l’église syrienne. Friedrich Constantin Von Tischendorf arriva à dégager le texte presque illisible et, ainsi, un texte du Nouveau Testament écrit au Ve siècle, ou peut-être avant, nous est parvenu.

2. Manuscrit du Sinaï. Tischendorf trouva dans le vestibule du monastère Sainte-Catherine du Sinaï un manuscrit très ancien, considéré, au même titre que celui du Vatican, comme un bijou des manuscrits du Nouveau Testament. Il fut écrit vers la moitié du IVe siècle.

3. P45, P46, P75. Ces papyrus furent respectivement produits en 200-250, 200 et 170 après J.-C.

4. P52. C’est le papyrus le plus ancien du Nouveau Testament et il se trouve dans la bibliothèque John Rylands à l’Université de Manchester. Il s’agit d’un morceau de papyrus qui enveloppait une momie égyptienne. Il contient des textes de l’évangile de Jean 18.31–33, 37, 38 et remonte à la première moitié du IIe siècle, probablement de 117 à 138 après J.-C. C’est-à-dire que ce manuscrit daterait de deux décennies après que Jean aurait écrit son évangile (Jean mourut vers l’an 100 après J.-C).

En comparant les textes de ces papyrus avec ceux de la Bible, nous trouvons que la Parole de Dieu a été transmise de manière responsable et fiable. En fait, nous devons être reconnaissants envers Dieu d’avoir à notre portée plus des textes du Nouveau Testament que toute autre œuvre de l’antiquité.

À présent, nous comptons plus de 5 700 manuscrits du Nouveau Testament (5). La différence avec d’autres œuvres de l’antiquité est énorme.

De Histoire Romaine, écrite par Velleius Paterculus (20 ou 30 av. J.-C), nous n’avons qu’un seul manuscrit découvert en 1515 et publié par Beatus Rhenanus. L’original s’est perdu et nous ne possédons aujourd’hui que la copie d’un élève de Rhénanes. De quatorze volumes des Histoires de Tacite (c. 100 av. J.-C.) il n’y en a que quatre et demi. Des seize volumes de Annales, seuls dix ont subsisté et deux, en partie. Tous ces textes dépendent uniquement de deux manuscrits, l’un du IXe siècle et l’autre du XIe siècle. Le manuscrit de l’antiquité le mieux conservé est celui de l’Iliade d’Homère dont nous ne détenons que 643 manuscrits.

Du point de vue de ce texte, la Bible est l’œuvre la plus fiable de l’antiquité et ce, bien plus que celles des philosophes grecs comme Platon et Aristote ou des historiens comme Hérodote, Tacite et d’autres. C’est pourquoi, Sir Frederic Kenyon, éminent paléographe, dit en 1939 : ” Notre Bible, telle que nous l’avons aujourd’hui, représente fidèlement les vraies paroles utilisées par les écrivains des livres sacrés “.

La Bible ressuscite : L’Ancien Testament

Jusqu’à il y a un peu plus de 70 ans, la traduction de l’Ancien Testament était basée sur un seul manuscrit connu sous le nom de Codex de Leningrad ou de Saint-Pétersbourg. C’est de là que la Biblia Hebraica Stuttgartensia a été produite, Bible à partir de laquelle la plupart des traductions de la Bible ont été écrites. Ce manuscrit fut copié en l’an 1008 ou 1009 après J.-C.6, par Samuel Ben Jacob de la famille Ben Asher à partir du texte Aaron Ben Asher.

Ces manuscrits étaient copiés par les Massorètes, une famille de scribes dévouée, sous des règles strictes, à transcrire et à conserver le texte biblique et la tradition de sa prononciation. Ils considéraient le texte de la Bible sacré et le fait de rester fidèle au manuscrit comme un devoir religieux. Mais, comment peut-on savoir que les Massorètes étaient fidèles dans la transmission du texte biblique ?

En 1946 ou 1947, trois jeunes bédouins de la tribu de Ta’amireh, Khalil Musa, Jum’a Muhammad khalil et Muhammad Ahmed el-Hammel découvrirent, dans des grottes, une grande quantité de manuscrits à l’intérieur de vases d’argile alors qu’ils faisaient paître leurs troupeaux. Certains de ces manuscrits avaient été produits avant l’an 135 après J.-C., mais la plupart dataient d’avant la naissance de Jésus.

Le 15 mars 1948, William Foxwell Albright, professeur à l’Université John Hopkins et le plus grand paléographe de l’époque écrivit :

” Mes plus sincères félicitations pour la plus grande découverte de manuscrits de ces temps modernes. Il n’y a aucun doute dans mon esprit que l’écriture est plus ancienne que celle du papyrus de Nash et très proche des papyrus égyptiens du IIIe siècle av. J.-C. et de l’ostraca en araméen. Bien entendu, dans l’état actuel de nos connaissances de la paléographie hébraïque, nous pouvons les dater à la période des Maccabées, c’est-à-dire, pas plus tard que l’accession au trône d’Hérode le Grand. Je préférerais les dater aux environs de l’an 100 av. J.-C. ”

Les manuscrits de tous les livres de l’Ancien Testament, à l’exception de celui d’Esther, se trouvent dans les rouleaux de la Mer Morte. Après ces découvertes, il est clair que le texte de l’Ancien Testament que Christ avait lu à la Synagogue était fidèle à celui retrouvé des années plus tard.

La Bible ressuscite : L’Ancien Testament et les découvertes archéologiques

De nombreuses découvertes ont fortifié notre foi concernant la Bible. Nous n’avons pas le temps d’entrer dans les détails, mais je voudrais mentionner un article publié par la revue Time, le 30 janvier 2010, ” Are the Bible’s Stories True? Archaeology’s Evidence ” [Les histoires de la Bible sont-elles vraies ? La preuve de l’archéologie]. Notez la liste de découvertes mentionnées par cet article.

  1. En 1979, Gabriel Barkay, trouva dans une caverne à Jérusalem deux rouleaux en argent, datés de 600 av. J.-C., c’est-à-dire, quelques années avant la première chute de Jérusalem devant les babyloniens. Sur le dessus de ces rouleaux était inscrit la bénédiction de Nombres 6.24-26. On disait que ces livres de l’Ancien Testament avaient été écrits pendant la captivité en Babylone. Ceci démontra qu’ils étaient encore bien plus anciens.
  2. En 1986, Nahaman Avigad découvrit un sceau dont les archéologues conclurent qu’il appartenait à Baruc, fils de Nérija, secrétaire de Jérémie. On découvrit également le sceau de Yerahme’el, petit-fils du roi Jojakim, dont le livre de Jérémie nous dit qu’il eut pour mission d’arrêter le prophète et son scribe.
  3. En 1993, Avram Biran of Hebrew Union College trouva une inscription du IXe siècle av. J.-C. où l’on mentionne la maison de David, roi d’Israël. Les sceptiques disaient que David n’avait pas existé, ce qui est difficile à croire aujourd’hui. La même inscription se trouve sur une pierre moabite (Musée du Louvre) de l’an 840 av. J.-C. Cette inscription raconte les victoires de Mesha (roi moabite) sur ” Omri roi d’Israël “. À la ligne 31, ” la maison de David ” est mentionnée.

L’égyptologue Kenneth Kitchen a démontré que les registres bibliques du temps d’Abraham montraient que l’histoire de ce patriarche reflétait les coutumes de ces temps-là, y compris le prix des esclaves, le style de guerre et les lois sur l’héritage.

Conclusion

Nombreux furent ceux qui crurent que la Bible était morte à la fin du XVIIe siècle, mais elle continue aujourd’hui à avoir un grand pouvoir. L’Almageste fut en vigueur pendant quinze siècles. La Bible a perduré pendant plus de 30 siècles et, de nos jours, son influence est immense. Aucun autre livre n’a été autant publié ou lu. Selon les Sociétés Bibliques Unies, en 2009 seulement, plus de 29 millions Bibles furent distribuées. La Bible a été traduite en 2 508 langues ou dialectes (7). Selon la revue, BusinessWeek, un total de 2,5 milliards de Bibles a été vendu tout au long de l’histoire (8). D’autres pensent qu’un chiffre plus réel serait supérieur aux 6 milliards d’exemplaires (9). Le deuxième livre le plus vendu (Citations du président Mao, connu pour le petit livre rouge) est loin d’être comparable à la Bible avec probablement, deux milliards d’exemplaires. Vient ensuite Le Coran avec 800 millions d’exemplaires.

Le prophète l’exprime ainsi : ” L’herbe sèche, la fleur se fane ; mais la parole de notre Dieu subsistera éternellement. ” (Ésaïe 40.8) Et David ajoute : ” Dès longtemps je sais par tes préceptes que tu les a fondés pour toujours ” (Psaume 119.152).

Merci à Dieu d’avoir préservé sa Parole malgré les attaques de l’ennemi. En elle, nous trouvons la vie éternelle en Jésus-Christ.


1. Encyclopédie Britannique Standard Edition 2005 CD-ROM. Sous le terme “Almageste”.

2. Philip Schaff, History of the Christian Church [Histoire de l’Église chrétienne], vol. 8, Éditions Hendrickson, Peabody, Massachusetts, 2006, 5:475.

3. C. Mervin Maxwell, El mensaje del Apocalípsis: Dios revela el futuro [Le message de l’Apocalypse : Dieu révéle l’avenir], vol. 2, Pacific Press, Boise, Idhao, 1989, p. 280.

4. David Marshall, The Battle for the Bible [La bataille pour la bible], Autumn House Press, 2004, p. 45.

5. Metzger, Ehrman, The Text of the New Testament [Le texte du Nouveau Testa- ment], Oxford University Press, Oxford, 2005, p. 50.

6. James Vanderkam et Peter Flint, The Meaning of the Dead Sea Scrolls: Their Significance for Understanding the Bible, Judaism, Jesus, and Christianity [Le sens des rouleaux de la Mer Morte : Leur signification pour comprendre la Bible, le Judaïsme, Jésus et la Chrétienté], Éditions HarperSanFrancisco, New York, 2002, 87.

7. Pour les chiffres actuels, se rendre sur www.biblesociety.org

8. Stephen Brown, “Harry Potter Brand Wizard” [Harry Potter, apprenti sourcier], BusinessWeek, 21 juillet 2005.

9. Russell Ash, Top 10 of Everything 2002 [Top 10 2002], 􏰂ditions Dorling Kindersley, 2001.