Réflexions sur la méditation religieuse

Méditations spirituelles 23/08/2020

Ángel Manuel Rodríguez, Maryland, USA / Adventist World

Qu’est-ce que la Bible enseigne au sujet de la méditation religieuse ?

Pour certains, la méditation est une expérience intérieure qui transcende la conceptualisation. Elle a été directement liée au mysticisme en ce qu’elle promet de transcender l’expérience ou la perception personnelle. La méditation est considérée, même dans certaines traditions chrétiennes, comme l’effort de l’âme immortelle (captive d’un corps matériel) pour parvenir à l’union avec un Dieu détaché du monde matériel. Dans certaines religions du monde, la méditation transcendantale n’a pas d’objet spécifique pour diriger le mouvement du moi ; elle propose de vider le moi de sa conscience, peut-être pour faire partie d’une conscience cosmique mystique.

Or, la compréhension biblique de la méditation est radicalement différente.

1. SON CONTENU

La méditation biblique n’est pas une tentative de rencontrer Dieu en s’échappant du monde dans lequel nous vivons. Elle se fonde, au contraire, sur la révélation personnelle de Dieu. La communion avec Dieu par la méditation se fait toujours par le biais de ses déclarations consignées dans la Parole écrite. C’est une réflexion intérieure, parfois décrite comme « la méditation de mon cœur » (Ps 19.15, SER)*, comprise comme le centre rationnel et volitif d’une personne. Cela suggère en soi que l’élément rationnel et la capacité humaine de prendre des décisions ne sont pas transcendés ou rendus sans importance dans l’acte qui consiste à méditer. Le contenu spécifique de la méditation est identifié comme des « préceptes » divins (Ps 119.15) ou des « ordonnances » (v. 23) divines, c’est-à-dire la Torah ou l’instruction de Dieu (voir Jos 1.8 ; Ps 1.2). Le but était de découvrir la volonté de Dieu afin de vivre en harmonie avec lui et avec les autres.

Les croyants méditaient également sur les « pro- messes » de Dieu (hébreu : ‘imrah, littéralement « parole » [Ps 119.148]). Ils s’imprégnaient de ces promesses et méditaient sur leur contenu pour renforcer leur confiance en Dieu, enrichir leur vie spirituelle, et faire l’expérience de la paix intérieure. Ils méditaient également sur les  puissants actes de salut de Dieu en leur faveur (Ps 143.5 ; voir Ps 77.14). L’esprit était absorbé par les œuvres rédemptrices passées de Dieu, ce qui infusait la foi dans le psalmiste, lequel avait besoin d’être délivré de l’oppression des ennemis (Ps 143.3,4). Les actions salvatrices provi- dentielles passées et présentes de Dieu, en particulier son œuvre salvatrice en Christ, continuent à remplir les cœurs de joie et possèdent une puissance de guérison.

« L’amour que le Christ répand dans l’être tout entier est une puissance vivifiante, a écrit Ellen White. C’est lui qui guérit notre cœur, notre cerveau, nos nerfs […] Il libère l’âme de sa culpabilité et de sa tristesse, de ses anxiétés et de ses soucis. Il […] répand dans notre âme […] une joie dans le Saint-Esprit, qui est une source de vie et de santé »*.

2. UNE EXPÉRIENCE GLOBALE

La méditation biblique ne nie pas les qualités de la nature physique des êtres humains. Elle n’est pas l’expérience d’une âme éternelle résidant dans un corps humain, mais l’expérience de la personne tout entière. Il est intéressant de noter que les verbes hébreux rendus par « méditer » signifient aussi « dire, parler, réfléchir » (siakh), et « prononcer, parler » (hagah). La méditation n’est pas seulement une expérience mentale intérieure – c’est aussi une activité physique. Ceux qui méditaient mémorisaient des passages et les récitaient à voix basse tout en réfléchissant à leur signification. Deux personnes s’engageaient dans l’acte consistant à méditer : l’adorateur et le Seigneur, la voix de celui-ci étant entendue à travers sa Parole. Les croyants comprenaient clairement les différences entre ces deux personnes. Ils ne cherchaient pas à se fondre dans le divin, mais plutôt à renforcer leur foi en Dieu, à mieux le connaître, et à faire l’expérience de sa puissance salvatrice.

La méditation chrétienne guérit dans le sens qu’en réfléchissant sur la révélation personnelle de Dieu consignée dans les Écritures, les croyants font l’expérience de l’acceptation, du pardon, et de la joie. On ne peut séparer la méditation de l’œuvre de l’Esprit qui éclaire notre être intérieur par la lecture de la Bible, laquelle fournit à la méditation son contenu.


* Ellen G. White, Le ministère de la guérison, p. 90.


Ángel Manuel Rodríguez, maintenant à la retraite, a été directeur de l’Institut de recherche biblique.