Quand DIEU s’écarte pour faire place au PROCHAIN

Méditations spirituelles 21/12/2020

Bernard Sauvagnat | Revue Ministry | Janvier 2009

Une lecture attentive du texte des dix commandements dans Exode 20.2 à 17, permet de dire que ce texte se divise en trois sections.

Dans la première, du verset 2 au verset 6, Dieu parle au peuple hébreu à la première personne du singulier. Il dit : moi, je. Il parle de : mes commandements. Il établit avec son auditeur une relation je – tu, face à face, les yeux dans les yeux. Son nom propre, le fameux tétragramme, est mentionné deux fois. Tous les personnages qui sont mentionnés dans cette section, en dehors de lui et du peuple hébreu, le sont avec des mots au pluriel et dans un contexte religieux ou spirituel : d’autres dieux, des pères sur les fils… de ceux qui me haïssent, … de ceux qui m’aiment et qui gardent mes commandements. Cette section m’invite à aimer et adorer Dieu seul et me prévient que cette prise de position religieuse aura des conséquences sur les générations suivantes.

Dans la deuxième partie, du verset 7 au verset 12, tout se passe comme si c’était quelqu’un d’autre qui parlait de Dieu. Tous les verbes dont Dieu est le sujet sont conjugués à la troisième personne du singulier. La relation est désormais de type : il – tu. Le nom propre de Dieu est mentionné six fois. Dieu est bien présent, mais indirectement, dans le discours d’un autre. Tous les autres personnages mentionnés dans cette section font partie de la maisonnée (fils, fille, serviteur, servante, l’étranger dans tes portes, père, mère) et le sont avec des mots au singulier. Le contexte est domestique et concerne donc les relations avec des proches dont l’individualité est connue de l’auditeur. Cette partie me dit que ma religion doit être source de bienfait, de repos et d’honneur pour les gens de ma maison et de mon réseau relationnel.

Enfin dans la troisième section du texte, du verset 13 au verset 17, Dieu n’est même plus mentionné dans le texte. Il n’est le sujet d’aucun verbe, son nom n’est plus du tout mentionné. La relation devient une relation tu – ton prochain. Dieu est absent, ou, en tout cas, il se fait invisible. En effet, les seuls autres personnages qui apparaissent dans cette dernière partie sont désignés par l’expression ton prochain, la femme de ton prochain, son serviteur, sa servante. Les objets mentionnés sont tous ceux de ton prochain. L’auditeur est donc confronté à toute autre personne, connue ou inconnue de lui, qui se trouve, même provisoirement, dans son voisinage. Cette dernière section du texte m’invite au respect de l’autre, de tous les autres : de leur vie, de leur conjoint, de leurs biens, de leur réputation et de leur droit et même de l’image que je m’en fais.

La Bible me présente ce texte comme écrit du doigt même de Dieu. Je ne peux donc m’imaginer que la façon dont il est rédigé est simplement due au hasard ! Les observations que j’ai faites me parlent.

Elles me disent que :

1. Quand je suis à l’église je dis que je choisis d’aimer Dieu et de lui être fidèle, et ce sera bon pour toutes les générations qui suivront.

2. Quand je suis à la maison, mes proches vont voir si ma religion, qu’ils connaissent forcément au moins en partie, leur fait du bien ou du tort.

3. Quand je suis dans la rue, là où personne ne sait si je crois ou non en Dieu, ma religion ne doit se montrer que par mon respect des autres, de tous les autres et dans tous les domaines.

Elles me disent tout simplement qu’aimer Dieu n’a de sens, d’intérêt ou de valeur, que si cela me conduit à aimer mon prochain. C’est mon prochain qui est image de Dieu, enfant de Dieu. Si je ne l’aime pas, je n’aime pas non plus celui qu’il représente et à qui il appartient.

Quelle belle manière de nous dire que les relations avec Dieu et entre êtres humains sont la valeur essentielle de la vie !