Pas trois, mais quatre

Méditations spirituelles 16/10/2020

Septembre 2020 / Ángel Manuel Rodríguez / Adventist World

Dans Daniel 3.25, qui est le personnage semblable à « un fils des dieux » ?

Ce verset a pour contexte l’histoire des trois amis de Daniel, lesquels furent jetés dans la fournaise ardente parce qu’ils refusaient de se prosterner devant la statue érigée par le roi Nebucadnetsar (Dn 3.1-15). Alors qu’il suivait la scène du regard, le roi vit soudain à l’intérieur de la fournaise quatre personnes et s’écria : « La figure du quatrième [homme] ressemble à celle d’un fils des dieux » (v. 25). Voilà une description intrigante !

1. UNE TRADUCTION JUSTE

L’expression « ressemble » est très probablement une tentative du roi pour différencier ce « quatrième » personnage des trois Hébreux, lequel semble appartenir au royaume divin. L’expression araméenne « un fils des dieux » pourrait également être traduite par « comme le fils de Dieu » (NKJV), ce qui implique une signification messianique. C’est là une compréhension courante du passage parmi les chrétiens. Les traducteurs ont tendance à accepter la première option ou des options semblables. On fait valoir que le locuteur est un roi non israélite pour qui l’expression « fils des dieux » désignait des déités inférieures ou des êtres divins. Le pluriel araméen, ’elahin, comme l’hébreu ’elohim, pourrait être rendu au singulier. Pour que le roi utilise l’expression dans le sens de « comme un fils de Dieu », il faudrait supposer qu’il avait acquis une compréhension hébraïque de l’expression grâce à ses contacts précédents avec Daniel. Bien que cette possibilité soit difficile à démontrer à partir du texte, elle ne va pas à l’encontre de celui-ci. À l’aide de la grammaire araméenne, on peut soutenir les deux traductions.

2. LE RÔLE DE L’ÊTRE DIVIN

Le contexte nous révèle que l’Être divin est dans la fournaise pour délivrer les trois Hébreux d’une mort inévitable. Le roi est convaincu qu’aucun dieu ne pourrait les délivrer de sa main (Dn 3.15). Cela implique que lorsque le roi voit un être divin dans la fournaise, il observe un être unique qui peut sauver ses serviteurs (v. 29). Ce Dieu est, selon le roi, le « Dieu suprême » (v. 26). Dans le livre de Daniel, seul Dieu peut délivrer ses serviteurs de la mort aux mains de leurs ennemis (par ex., Dn 3.17,28 ; 6.16, 20-22 ; 12.1) – un fait théologique que Nebucadnetsar reconnaît.

3. L’ANGE

À la fin de l’histoire, le roi fait référence de façon surprenante à la quatrième personne à l’intérieur de la fournaise : pour lui, il s’agit d’un ange envoyé par Dieu pour délivrer les trois Hébreux (Dn 3.28). Ainsi, toute compréhension polythéiste de l’expression ambiguë « fils de Dieu/des dieux » est supprimée. Plus tard, lorsque Daniel est sauvé des lions, le crédit est donné à la fois au Seigneur et à son ange (Dn 6.16,20-22). Cela pourrait signifier que l’ange était l’instrument de Dieu pour sauver ses serviteurs.

Mais il semble y avoir plus que cela, comme le suggère le titre « fils de Dieu/ des dieux ». Dans Daniel, un ange, l’archange Micaël (en hébreu : « Qui est semblable à l’Éternel ? »), se tient au-dessus de tous les anges (Dn 10.13,21 ; 12.1 ; 1 Th 4.16). Spécifiquement identifié comme étant « le grand chef, le défenseur des enfants de ton peuple » (Dn 12.1 ; voir Dn 10.21), il exerce des fonctions sacerdotales (Dn 8.11) et judiciaires (Dn 12.1). À d’autres endroits, cet ange est appelé « l’ange de l’Éternel », et est souvent identifié comme étant l’Éternel (par ex., Ex 3.1-4 ; Jg 6.14,16 ; 13.15,16,22 ; voir Jg 2.1-4).

En combinant ces preuves bibliques, on peut conclure que Micaël, l’ange de l’Éternel, participe à l’identité de Dieu, et que le titre de « Fils de Dieu », ou Être divin, pourrait lui être appliqué sans nuire au monothéisme biblique. Dans Daniel, le roi a vu le Fils de Dieu ou Micaël, l’Ange de l’Éternel, sauver ses serviteurs. Pour la plupart des chrétiens, cet Être divin était le Christ préincarné.


Ángel Manuel Rodríguez, maintenant à la retraite, a occupé le poste de directeur de l’Institut de recherche biblique.