Nous n’avons rien à craindre

Méditations spirituelles 06/10/2020

Par Ángel Manuel Rodríguez, qui a servi l’Église en tant que pasteur, professeur, et théologien. Publié dans la revue Adventist World du mois de Décembre 2019.

Pourquoi la Bible mentionne-t-elle aussi souvent la « crainte de l’Éternel »?

La crainte est essentiellement la réaction humaine à une menace réelle ou imaginaire. Si la menace est considérée comme surnaturelle, au-delà du contrôle humain, la crainte se manifeste alors par le désespoir, lequel anticipe la mort.

1. La crainte naturelle de Dieu

Par rapport à Dieu, la crainte est la réaction humaine naturelle à sa présence et aux actes suite à la chute. Lorsque Dieu descendit sur le mont Sinaï, le peuple fut terrorisé par ce qu’il voyait, entendait, et ressentait – une expérience qu’il considérait comme une menace pour la vie (Ex 20.18-20 ; 19.21). Même la vue de Dieu en songe suffisait à faire trembler le cœur humain (Gn 28.17). En fait, tout ce qui était surnaturel était considéré comme une menace possible à la vie humaine, et ainsi, engendrait la crainte (Jb 4.12-16). Celui qui se rendait compte qu’il était en présence même du Seigneur craignait pour sa vie (Jg 6.2-23).

Même les actions divines dans l’histoire terrorisaient les êtres humains (Jr 32.21 ; Dt 26.8). Lorsqu’ils redoutaient la présence de Dieu, ils tremblaient (Ex 20.18 ; Es 19.16), étaient ébranlés et terrorisés (Es 33.14 ; Ac 7.32). C’est de cette manière que la crainte s’exprime, ce qui révèle une compréhension globale de la nature humaine selon laquelle les émotions intérieures s’expriment par des réactions corporelles. Dans de telles circonstances, la réaction humaine courante consistait à fuir loin de Dieu par crainte, tout en étant conscient qu’il était le seul capable de préserver la vie.

2. Découvrir la crainte de l’Éternel

Comme les pécheurs craignent Dieu par nature, la solution ne consiste pas à éliminer la peur, mais plutôt à contrôler les réactions entraînées par la crainte. Le Seigneur a donc décidé d’enseigner à ses enfants comment exprimer leur crainte de lui de manière à établir une relation et une communion avec lui. Ainsi est venue à l’existence une expression positive que l’on trouve partout dans la Bible : « la crainte de l’Éternel », caractéristique des croyants pieux. Cette expression s’enracine dans une compréhension positive du glorieux Seigneur en tant que Dieu aimant, miséricordieux (Ex 34.6,7), disposé à donner la vie et non à l’ôter, et Rédempteur de son peuple (Es 43.1,5). Cette nouvelle compréhension n’étant pas naturelle, il faut l’assimiler (Ps 34.12).

On l’assimile en étant loyal envers la loi de l’alliance de Dieu (Dt 14.23 ; voir 4.10 ; 17.19 ; Ps 34.12-15) et en se soumettant au Seigneur dans l’adoration (Dt 6.13,14). La crainte, lorsque confrontée au Seigneur, s’exprime par l’obéissance (Lv 19.14,32 ; Ne 5.9,15) et par la piété envers lui (Ps 119.63), non en tremblant de terreur et en se cachant de lui. La crainte de l’Éternel, c’est se détourner du mal (Pr 3.7 ; 16.6 ; voir Ac 10.35) en raison de la bonté du Seigneur. Craindre Dieu, c’est l’aimer (Dt 6.2-5).

Par conséquent, ceux qui craignent Dieu n’anticipent pas la mort, mais sont plutôt motivés par sa tendresse et sa bonté (Ps 147.11). La crainte de Dieu s’exprime non par la terreur et le tremblement, mais par l’espoir et l’attente de la fidélité et de la miséricorde de Dieu. La crainte de la mort cède le pas à « une source de vie » (Pr 14.27) qui conduit à la vie (Pr 19.23). Dieu n’est plus perçu comme l’ennemi qui cherche à détruire la vie, mais comme celui qui la préserve (Ps 33.18,19).