L’étrange comportement d’un prophète

Méditations spirituelles 14/10/2022

Ángel Manuel Rodríguez | Adventist World octobre 2022

Question : Dans 2 Rois 4.34,35, nous lisons qu’Élisée a ressuscité un enfant en s’étendant sur lui, puis en mettant ses yeux sur ses yeux, sa bouche sur sa bouche, et ses mains sur ses mains. Pourquoi une telle mise en scène ?


On ne trouve dans ce texte biblique aucune réponse explicite à votre question. Cependant, on peut en tirer certaines déductions logiques pouvant être utiles.

SEUL DIEU PEUT DONNER LA VIE

L’objectif principal de l’histoire vise sans doute à montrer que Dieu seul peut rendre la vie aux morts – ce qui implique que même son prophète n’avait pas le pouvoir de donner la vie. L’exclusivité du pouvoir divin se manifeste dans l’histoire de deux façons. Pourquoi Élisée a-t-il demandé à son serviteur d’aller de l’avant et de placer son bâton de prophète – symbole de sa présence et de son autorité – sur le visage de l’enfant ? On ne sait pas ; ce qu’on sait, c’est que cette démarche n’a pas fonctionné. On sait aussi que le geste particulier d’Élisée n’a fait que réchauffer le corps de l’enfant, sans plus.

UNE PRIÈRE

À mon avis, ce que nous avons ici est simplement une prière mise en scène. Élisée prie d’une manière inhabituelle parce que sa requête est loin d’être commune ! Comme dans la prière, il tombe à genoux (hébreux gahal, « se pencher, s’accroupir » ; voir 1 R 18.42) et s’allonge non sur le sol, mais sur le corps de l’enfant. C’est en principe l’une des postures de la prière, au cours de laquelle nous nous identifions humblement à la poussière devant le Seigneur de la vie. Dans ce cas-ci, Élisée, conscient de son incapacité à redonner la vie à l’enfant, s’identifie à l’enfant mort.

UNE REQUÊTE

Si c’est une prière et qu’Élisée s’identifie à l’enfant, que demandait alors le prophète au Seigneur ? Il aurait pu demander à Dieu de le faire mourir et de laisser l’enfant vivre, à l’instar de Moïse (Ex 32.32). Si telle était sa requête, eh bien, le Seigneur ne l’a pas exaucée, car l’enfant est revenu à la vie, et le prophète n’est pas mort. Ou encore, à travers son identification à l’enfant, il aurait pu demander au Seigneur de rendre à l’enfant ce que lui, en tant qu’être vivant, possédait déjà : la vie. Il demanderait alors à Dieu de permettre aux yeux de l’enfant de s’ouvrir, à sa bouche de parler, et à ses bras, lesquels représentent le corps tout entier, d’être vivifiés. Si telle était sa prière, eh bien, elle a été, à coup sûr, exaucée : le Seigneur a ouvert les yeux de l’enfant, lequel s’est mis à respirer, son corps étant ranimé par la puissance de Dieu. Il est difficile de démontrer au-delà de tout doute raisonnable que nos commentaires représentent correctement l’intention du texte ; cependant, ce qui ressort clairement de cette histoire, c’est que Dieu est la seule source de vie, et que son serviteur pouvait lui demander de la manifester en redonnant la vie aux morts.

Élisée ne pouvait pas donner sa vie pour celle de l’enfant ; mais Jésus, le Fils de Dieu, a donné sa vie pour les pécheurs destinés à la mort éternelle. Il s’est fait chair, s’identifiant pleinement à nous, et est mort à notre place pour que nous puissions participer à sa vie. Ce que les êtres humains ne peuvent faire, Dieu, lui, l’a fait par Jésus-Christ !


Ángel Manuel Rodríguez a pris sa retraite après avoir servi en tant que pasteur, professeur, et théologien.