Les périodes d’isolement peuvent nous aider à nous recentrer sur les priorités

Méditations spirituelles 19/10/2020

Septembre 2020 / Gerald A. Klingbeil / Adventist World

Se sentir isolé et seul peut être une expérience dévastatrice. Pour certains, cependant, elle peut être aussi une bénédiction, car le silence et la solitude peuvent apporter la guérison à notre cœur et nous préparer à de plus grandes tâches.

« LE PLUS HEUREUX QUE J’AIE JAMAIS ÉTÉ »

Chris Lewis, un ancien parachutiste britannique de 39 ans, a connu des moments difficiles après s’être retiré de son régiment et de la vie militaire. Sans abri et dormant dans la rue ou dans des voitures, il a eu du mal à faire face à la vie civile. Finalement, il a contacté l’Organisation caritative des Forces armées britanniques (SSAFA), laquelle lui a apporté aide et soutien (1).

En août 2017, il est parti de chez lui, à Swansea, pour un long périple : le parcours à pied de toute la côte du Royaume-Uni. L’objectif : recueillir 100 000 livres sterling (125 000 dollars US) pour la SSAFA, en remerciement de l’aide qu’il avait reçue. Le 23 mars 2020, alors que le Royaume-Uni décrétait le confinement de son territoire en raison de la COVID-19, Chris, en compagnie de Jet, son chien, marchait sur l’île principale des Shetland et dormait dans une tente. Il avait alors parcouru environ 19 300 kilomètres à pied.

En mars, comme il n’avait pas de domicile fixe sur l’île et ne pouvait se confiner dans une tente, le propriétaire de Hildasay – une petite île de 108 hectares au large de la côte ouest de la Shetland continentale, habitée par 15 moutons et des milliers d’oiseaux – lui a donné la permission de se loger dans une ancienne cabane de berger. Bien que cette cabane n’ait ni eau courante, ni électricité, ni chauffage, Chris Lewis est très reconnaissant : « Ça m’a vraiment donné l’occasion de profiter de l’île », a-t-il déclaré dans un article de la BBC. « Ça me permet de réfléchir à cette marche jusqu’ici, de constater à quel point elle m’a aidé personnellement, et de découvrir combien il y a des gens formidables au Royaume-Uni. Je n’ai jamais été aussi heureux (2). »

UNE PÉRIODE PRÉPARATOIRE

Je me demande combien d’entre nous peuvent décrire les cinq derniers mois de la façon dont Chris Lewis l’a fait. Les ordres de confinement, les directives sur la quarantaine, ou les consignes sur la distanciation sociale ont provoqué des pressions émotionnelles inconnues pour la plupart d’entre nous. Nous nous demandons quand nous pourrons enfin visiter et serrer dans nos bras un parent vieillissant, un petit-enfant, ou un ami précieux. Pourtant, les périodes d’isolement peuvent nous aider à nous recentrer sur les priorités, à les réorganiser, et à reconnaître les dangers et les défis inhérents à nos vies saturées de médias. Nous avons besoin de silence et d’isolement.

Dans les Écritures, le silence et l’isolement précèdent souvent les moments décisifs. Par exemple, Noé et sa famille restèrent pendant sept jours dans l’arche à attendre quelque chose qu’ils n’avaient jamais vu, senti ou vécu. Pendant cette période d’attente, les railleries à l’extérieur de l’arche ont dû leur être bien pénibles. Moïse fut berger pendant 40 ans dans le désert semi-aride de la péninsule du Sinaï, se demandant ce que Dieu avait prévu pour sa vie. Pendant 40 jours, Jésus fut exposé aux tentations du grand trompeur dans le désert. Il ne s’est pas retrouvé simplement comme ça dans un endroit inhabité. La Bible déclare explicitement qu’il « fut emmené par l’Esprit dans le désert » (Mt 4.1). D’une façon ou d’une autre, les périodes d’isolement et de solitude nous aident à saisir la vision de Dieu.

VIVRE EN PRÉSENCE DE DIEU

Dans 1 Rois 17.1-6, nous lisons que le prophète Élie entra dans le palais du roi Achab en Samarie, et proclama le verdict de l’Éternel : « L’Éternel est vivant, le Dieu d’Israël, dont je suis le serviteur ! Il n’y aura ces années-ci ni rosée ni pluie, sinon à ma parole. » (v. 1)

Puis, suivant l’ordre de Dieu, Élie alla se cacher près du torrent de Kerith. Là, pas de supermarchés pratiques, pas d’options d’achat en ligne ; aucun accès à FaceTime, WhatsApp, Skype, et Zoom. Le papier hygiénique n’avait même pas encore été inventé ! Là, tout seul près du lit d’un torrent saisonnier, Élie fut nourri deux fois par jour par des corbeaux. Et le menu était plutôt fastueux ! En effet, à l’âge de fer d’Israël, personne ne mangeait de la viande et du pain deux fois par jour – personne, sauf, peut-être, les privilégiés de la cour royale. Dieu s’occupait bien des besoins physiques de son prophète. Mais qu’en était-il de ses besoins émotionnels ?

Jour après jour, Élie devait dépendre totalement de Dieu. Dieu était son auditoire quand il priait et quand il chantait. Dieu l’écoutait quand il pleurait et s’inquiétait des personnes qu’il avait été appelé à servir. Il entendait même ses aspirations et ses requêtes silencieuses. L’isolement nous oblige à recentrer nos vies. En l’absence de relations normales, nous sommes poussés à nous rapprocher de Dieu pour vivre vraiment en sa présence.

Combien de temps Élie passa-t-il au torrent de Kerith ? Le récit biblique ne le dit pas. En m’appuyant sur le contexte plus large, je dirais plusieurs mois. Quand, un matin, le torrent fut à sec, Dieu parla de nouveau à son serviteur. « Lève-toi, va à Sarepta, qui appartient à Sidon, et demeure là. Voici, j’y ai ordonné à une femme veuve de te nourrir. » (1 R 17.9)

Imaginez la réaction d’Élie. Dieu voulait qu’il se rende à l’endroit même d’où venait Jézabel, Phénicienne et femme du roi Achab. Bref, il l’envoyait directement dans le territoire de Baal ! Élie obéit à son commandant en chef et devint, à Sarepta, une bénédiction pour une veuve, son fils, et leurs voisins. Ces derniers entendirent parler du pot de farine qui ne se vidait jamais et du pot d’huile d’olive qui ne s’épuisait jamais. Ils furent tous témoins de la résurrection du fils de la veuve et, par l’intermédiaire d’Élie, découvrirent le Dieu d’Israël, dont le domaine s’étendait sur toute la terre, et dont la puissance était illimitée.

Dieu utilise les périodes d’isolement et de solitude pour nous préparer à de plus gros défis et à de plus grandes occasions. C’est à ces moments-là que la croissance se produit. C’est à ces moments-là que Dieu peut faire ce que lui seul peut faire pour restaurer son image en nous. Lorsque nous nous sentons impuissants, isolés, seuls, et peut-être même oubliés, nous avons l’assurance que Dieu a un plan beaucoup plus vaste.

Ellen White semble décrire de telles périodes – ces périodes où nous sommes appelés à nous focaliser sur la présence de Dieu : « Rien n’est apparemment plus faible, et cependant plus invincible, que l’âme qui comprend son néant et se repose entièrement sur les mérites du Christ. Par la prière, l’étude de sa Parole, par la foi en sa présence, le plus faible des hommes peut s’approcher du Sauveur et saisir sa main qui ne l’abandonnera jamais (3). »

Ainsi, les périodes d’isolement et de solitude peuvent être pour nous l’occasion de découvrir la poigne solide de la main invisible de Dieu. Si nous le reconnaissons dans notre vie, nous pourrons alors nous retrouver tout simplement sur la rampe de lancement de quelque chose de plus gros que ce dont nous avons toujours rêvé.


1 ssafa.org.uk/.
2 « Coronavirus: Ex-soldier self-isolating on ‘uninhabited’ Hildasay », BBC News, 20 avril 2020, bbc.com/news/ uk-scotland-north-east-orkney-shetland-52344025.
3 Ellen G. White, Le ministère de la guérison, p. 154.


Gerald A. Klingbeil est rédacteur adjoint de Adventist World.