L’église locale et son rôle dans le système financier Adventiste

Méditations spirituelles 18/01/2021

Filiberto Verduzco | Revue L’Ancien 3e trimestre 2019

« Car le royaume de Dieu ne consiste pas en paroles, mais en puissance » (1 Corinthiens 4.20).

Comprendre le rôle qu’il nous incombe de jouer en tant que gestionnaires de Dieu exige que nous affinions notre compréhension de la cosmovision du monde qui nous entoure. En abordant cette réflexion, nous nous confrontons à la question de savoir pourquoi nous avons été créés et quelle est la raison de notre existence. Ellen White écrit que « ces hommes ne sont que des instruments dont Dieu se sert en vue de la réalisation de ses desseins de miséricorde. Chacun d’eux a son rôle à jouer ; chacun reçoit la mesure de lumière adaptée aux besoins de son temps et suffisante pour accomplir la tâche qui lui est confiée »1. « L’homme ne peut comprendre parfaitement ce que Dieu se propose d’accomplir par le mandat qu’il lui confie, ni voir toute la portée du message dont il est le héraut »2.

Selon les déclarations ci-dessus, il est clair que le Seigneur a des plans bien définis pour chacun d’entre nous. Cette idée m’enchante. Je me réjouis d’apprendre qu’une partie du plan de Dieu porte mon nom. Nous sommes tous des instruments très précieux aux fins de sa grâce. Dans le cadre de cette réflexion, je suis enthousiasmé à l’idée que dans le plan de Dieu pour me sauver, la responsabilité qu’il m’invite à assumer fait partie de ma préparation pour la vie éternelle.

En tant que gestionnaire des plans et desseins de Dieu, il est de ma responsabilité de permettre que la puissance du Saint-Esprit conduise ma vie pour qu’elle soit en harmonie avec ses plans. La déclaration suivante de l’Esprit de prophétie me permet de cerner les desseins de Dieu pour nous qui œuvrons dans ses projets : « Faire ce qui est juste au moment opportun constitue l’essence même de toute foi authentique. Dieu est le grand maître ouvrier et dans sa providence, il ouvre la voie à l’accomplissement de son œuvre. Il offre des opportunités, ouvre des lignes d’influence et fournit les moyens d’actions. Si son peuple observe les indications de sa providence et est disposé à coopérer avec lui, il sera témoin de l’accomplissement d’une grande œuvre. Déployés de façon convenable, leurs efforts produiront un résultat cent fois plus important que ce qui serait obtenu avec les mêmes ressources et dans les mêmes conditions, mais par d’autres moyens d’action, nettement dépourvus du support divin »3.

Un moyen avec une fin définie

Servir en collaboration avec Dieu dans l’achèvement de l’œuvre requiert qu’en notre qualité de gestionnaires de ses biens, nous travaillions à faire de l’église locale notre moyen d’atteindre les objectifs que Dieu nous a confiés. L’église locale est donc un instrument donné par Dieu pour le salut des êtres humains. L’église locale est avant tout une communauté de personnes qui, volontairement, mais sous l’influence du Saint-Esprit, ont remis leur vie à Dieu par le Christ et qui, l’ont accepté de façon permanente comme leur Seigneur.

Elles ont reçu le message biblique selon lequel le pouvoir et l’autorité de Dieu sont actifs pour leur salut et œuvrent constamment pour leur bien-être et elles reconnaissent Dieu comme leur autorité suprême.

En tant que gestionnaires de Dieu, nous aspirons à ce que nos vies soient transformées à l’image et à la ressemblance de notre Créateur et qu’au retour du Christ, nous al- lions vivre avec lui pour toute l’éternité. En attendant que ce jour rêvé devienne une réalité, nous partageons ce que Jésus a fait pour nous avec ceux qui nous entourent. L’église est le centre d’action d’où rayonne la puissance du Saint-Esprit et elle constitue le point central à partir duquel l’œuvre salvifique de Dieu atteint tous les coins de la planète. « L’Église est l’intermédiaire choisi de Dieu pour le salut des hommes. Sa mission consiste à porter l’Évangile au monde. L’obligation d’y participer repose sur tous les chrétiens. Chacun, dans la mesure de ses talents et des occasions qui se présentent à lui, doit remplir la tâche qui lui a été assignée par le Sauveur. L’amour du Christ qui nous a été révélé nous rend débiteurs de tous ceux qui ne le connaissent pas. Dieu nous a communiqué sa lumière, mais ce n’est pas pour nous seulement : c’est pour que nous en fassions part à d’autres »4.

Voir l’église sous cet angle va de pair avec la déclaration du Christ selon laquelle nous devons être le sel de la terre et la lumière du monde. L’église est essentielle pour la vie et pour la croissance chrétienne. Ses membres sont tous des pécheurs qui ont besoin de la grâce de Dieu, et par conséquent, elle n’exige pas la perfection humaine, mais n’existe que pour annoncer le salut promis par la Parole de Dieu à tous ceux qui croient en Christ. En qualité de gestionnaires de Dieu, nous devons nous intégrer dans ce ministère auquel nous sommes appelés au moment même de notre conversion. Par ailleurs, les Écritures montrent que Dieu a établi l’église avec les objectifs suivants :

1. Adorer Dieu et lui donner gloire (Éphésiens 1.4-6).

2. Nous développer et croître comme des gestionnaires de Dieu (Éphésiens 4.11-15).

3. Pour rendre témoignage du Christ et de sa Parole (Actes 1.8).

4. Pour faire de toutes les nations des disciples (Matthieu 28.19,20).

5. Pour réunir les dîmes et les offrandes des membres d’église dans le trésor de la maison de Dieu, à savoir, la trésorerie du territoire local, pour que ces fonds contribuent au financement de la mission dans tous les coins du monde (Malachie 3.10). Dans l’optique de ce dernier point, la congrégation locale constitue la plate-forme où doit se réaliser ce qui suit :

a. Les membres reçoivent des instructions concernant l’utilisation des dîmes et des offrandes.

b. Les membres remettent leurs dîmes et offrandes comme faisant partie de leur expérience spirituelle et d’adoration du Seigneur.

c. La congrégation, en tant que partie intégrante de la structure de l’église, exécute les stratégies établies en ce qui concerne la gestion des fonds.

d. Pour maintenir un climat de confiance et de responsabilité dans le système financier, l’église locale se soumet à un système d’audits.

Le dernier point que nous avons mentionné et détaillé se produit lorsque le Saint-Esprit touche le cœur et l’intelligence des membres, qui apportent leurs ressources pour financer le fonctionnement de l’église. Dans cette perspective, ces membres deviennent le centre du système financier adventiste. Du fait que la source de motivation du membre d’église à financer la mission est de nature spirituelle, le système financier adventiste s’inscrit de même dans un cadre spirituel. Si nous comprenons que l’église est le corps du Christ, alors nous la considérerons non pas comme une organisation froide mais comme un organisme vivant et dynamique, composé de personnes ayant vécu l’expérience de la nouvelle naissance grâce à une rencontre personnelle avec Jésus.

Un instrument local et mondial

L’église locale constitue le centre missionnaire de l’Église mondiale, à partir duquel l’Évangile est prêché. Les membres appartiennent à une église locale, mais prennent un engagement mondial, et voilà où entrent en jeu les dîmes et les offrandes. Alors que l’église locale remplit la mission sur le territoire qui lui a été assigné, à travers ses programmes et services locaux, cette même congrégation locale dispose du potentiel d’avoir un impact sur d’autres parties du monde au moyen du système financier adventiste. Chaque congrégation doit remplir sa mission locale sans perdre de vue sa responsabilité mondiale. De cette manière, nos congrégations :

  • Seront une bénédiction pour d’autres,
  • Manifesteront des signes de maturité,
  • Produiront des fruits,
  • Seront moins susceptibles de manifester un esprit égoïste ou « localiste »,
  • Manifesteront de l’amour pour les perdus,
  • Se reconnaîtront dans la mission divine de proclamer l’Évangile.

Ainsi, chaque congrégation annonce l’Évangile dans l’environnement ou la région géographique où elle opère et, avec ses dîmes et ses offrandes, elle atteint le monde entier. À présent, il convient de nous demander : Est-ce que nos congrégations assument leur responsabilité locale et mondiale ? Chaque église locale a une responsabilité locale qu’elle doit assumer dans son champ d’action local, et comme elle fait partie de l’Église mondiale, elle est aussi responsable des coins les plus reculés de la planète. Lorsque l’église locale pratique sainement la gestion chrétienne, le résultat devient évident, à en juger par l’environnement créé :

Environnement de financement : Nous entendons par là l’ensemble des valeurs organisationnelles, culturelles et spirituelles d’une église locale, à un moment donné, qui influencent fortement l’attitude de charité des membres et leur engagement à soutenir la mission.

Environnement de responsabilité : Cela fait référence à l’ensemble des valeurs organisationnelles, culturelles et spirituelles chez le corps pastoral et le personnel auxiliaire qui travaillent dans le territoire local, à un moment donné et dont les décisions ont un grand impact sur l’habitude de donner des membres d’église et leur engagement envers la mission.

Les deux environnements établissent ce que nous pouvons appeler la « monnaie confessionnelle », en d’autres termes, ils déterminent l’attitude de générosité pour financer la mission de l’Église. Cette « monnaie confessionnelle » reflète le potentiel financier d’une église locale. Tout comme un pays est représenté par sa monnaie, nous pouvons aussi connaître par celle-ci le potentiel de sa richesse nationale et la capacité de ses habitants à produire de la richesse. Ainsi, toutes les monnaies du monde présentent une valeur par rapport aux autres monnaies. La « monnaie confessionnelle » que nous avons mentionnée est un concept qu’il est judicieux d’étudier et d’approfondir puisque par ce moyen, nous pou- vons connaitre l’environnement de financement qui prévaut dans une église locale.

La pièce maîtresse dans le rouage financier

Ceci dit, de même que l’église locale est un élément d’un système complexe qui comprend des Fédérations et Missions, des Unions et d’autres niveaux d’organisation, cette même église est un système composé de plusieurs pièces, c’est-à-dire, des membres d’église. Chaque membre est un gestionnaire de Dieu et un élément clé et irremplaçable du rouage que constitue l’église locale. Les économes de Dieu intègrent les églises locales. Certaines de leurs caractéristiques devraient être les suivantes :

1. Approche stratégique : Autrement dit, un sens profond de la mission et de but dans le contexte mondial de l’église, sans pour autant négliger sa responsabilité locale. La dé- claration suivante de Jésus établit bien le cadre dans le- quel tout gestionnaire de Dieu doit axer son économat : « Ne dites-vous pas qu’il y a encore quatre mois jusqu’à la moisson ? Voici, je vous le dis, levez les yeux, et regardez les champs qui déjà blanchissent pour la moisson » (Jean 4.35, c’est nous qui soulignons par l’italique).

2. Une connaissance dans le cadre d’une relation personnelle avec Dieu, qui se manifeste par un caractère noble (voir Matthieu 7.7-12, Matthieu 6.24-34 et Luc 18.18- 30) : Une des façons d’accomplir notre économat consiste à avoir l’assurance que la confiance que nous avons placée en notre Dieu est efficace. Notre Seigneur est un Dieu d’amour et de miséricorde, par conséquent :

a. Le gestionnaire de Dieu doit mener une vie active de prière.

b. Le gestionnaire de Dieu doit fonder ses actions sur l’assurance que produit la direction divine dans sa vie.

c. La vie du gestionnaire de Dieu doit être un exemple pour les autres.

d. Le gestionnaire de Dieu doit avoir une bonne perspective de l’utilisation de l’argent et des richesses.

e. La foi constitue le fondement de la vie du gestionnaire de Dieu.

Une reconnaissance de sa responsabilité comme gestionnaire de Dieu, qui se manifeste en dédiant sa vie, ses talents, ses biens et son temps à la cause du Christ : Considérons brièvement les passages suivants : « Ainsi, qu’on nous regarde comme des serviteurs de Christ, et des dispensateurs des mystères de Dieu. Du reste, ce qu’on demande des dispensateurs, c’est que chacun soit trouvé fidèle » (1 Corinthiens 4.1-2). « Comme de bons dispensateurs des diverses grâces de Dieu, que chacun de vous mette au service des autres le don qu’il a reçu » (1 Pierre 4.10). « Son maître lui dit : C’est bien, bon et fidèle serviteur ; tu as été fidèle en peu de chose, je te confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton maître » (Matthieu 25.21). « Puisque nous avons des dons diffé- rents, selon la grâce qui nous a été accordée, que celui qui a le don de prophétie l’exerce selon l’analogie de la foi ; que celui qui est appelé au ministère s’attache à son mi- nistère ; que celui qui enseigne s’attache à son enseignement, et celui qui exhorte à l’exhortation. Que celui qui donne le fasse avec libéralité ; que celui qui préside le fasse avec zèle ; que celui qui pratique la miséricorde le fasse avec joie » (Romains 12.6-8). De ces versets, nous pouvons tirer les idées suivantes applicables au gestion- naire de Dieu :

a. Donner est la responsabilité d’un gestionnaire fidèle.

b. Donner est la condition pour recevoir.

c. Un gestionnaire fidèle est riche dans le Seigneur.

d. Un gestionnaire fidèle peut être riche aussi en argent.

e. Un gestionnaire fidèle est un partenaire de Dieu.

f. Le chrétien doit porter des fruits qui glorifient Dieu.

g. En bon gestionnaire, il édifie le royaume de Dieu par son exemple.

4. Une connaissance et préparation professionnelle en vue de fournir un excellent service à l’église et à la so- ciété qu’il sert (voir Luc 10.25-37 ; 1 Corinthiens 13.1-13 ; Philippiens 2.15 ; 1 Pierre 1.13-25 ; Éphé- siens 4.17-32). Le gestionnaire de Dieu doit être motivé dans ses actions par l’amour. Son service à l’église et à la communauté doit être inspiré par son amour pour Jésus. Quand l’amour est la principale motivation de notre service, alors tout prend un sens nouveau et les résultats suivants se manifestent :

a. L’amour ennoblit notre vie.

b. Nous donnons un bon exemple.

c. Le monde découvre le Christ à travers nous.

d. Une attitude complètement différente nous distingue du reste du monde.

e. Notre vie change en bien.

f. Nous réagissons face à la vie avec la responsabilité chrétienne.

g. Nous sommes obéissants au commandement de Dieu.

h. Nous imitons le modèle divin de Jésus.

5. Une disposition toujours plus grande pour interagir et échanger avec différents publics à l’égard desquels nous sommes responsables et que nous servons (1 Pierre 2.9-10 ; Éphésiens 1.15-23 ; 4.11-16 ; Luc 12.41-48 ; Deutéronome 6.1-9 ; 2 Timothée 1.3-5 ; 3.14-17) : L’église est un ensemble de frères unis pour accomplir les desseins de Dieu. Le gestionnaire de Dieu est responsable de répondre aux besoins de toutes les communautés avec lesquelles il entre en relation. Cela entraîne les bénédictions suivantes :

a. L’église se fait connaître dans la communauté à tra- vers les actions de ses membres.

b. La foi des membres est renforcée dans la mesure où elle est partagée avec différents publics.

c. Le gestionnaire pourvoit aux besoins de l’Église avec amour.

d. Le gestionnaire répond non seulement aux besoins des familles qui composent son église, mais aussi à ceux des familles démunies de sa communauté.

e. Au moyen de l’exercice de ses dons et talents, le ges- tionnaire renforce progressivement ses capacités.

La meilleure façon de pratiquer la gestion chrétienne consiste à la vivre pleinement, unis à Jésus et recevant de lui la vie en abondance (Jean 10.10). Cette vie abondante a pour objectif notre prospérité à tous égards (voir 3 Jean 2). C’était le vœu de l’apôtre Jean pour le bien-aimé Gaïus et c’est aussi mon souhait pour chaque membre de la Division inte- raméricaine et pour le monde entier.


1. Ellen G. White, La tragédie des siècles, Doral, Floride, éditions IADPA, 2012, chap. 19, p. 303.

2. Ibid., p. 303, 304.

3. Ellen G. White, Testimonies for the Church, vol. 6, chap. 3, p. 24.

4. Ellen G. White, Vers Jésus, Doral, Floride, éditions IADPA, 2007, chap. 9, p. 123.