L’éducation universitaire dans l’Église adventiste

Méditations spirituelles 21/11/2021

L’éducation universitaire représente les plus hauts idéaux de l’Église adventiste dans la formation de ses professionnels. La vision qui oriente ce processus de formation trouve son origine dans une des déclarations les plus surprenantes sur le profil du diplômé décrit par Ellen G. White : « Tout être humain, créé à l’image de Dieu, possède une puissance semblable à celle du Créateur : le pouvoir personnel de penser et d’agir. Les hommes qui développent ce pouvoir sont des hommes prêts à assumer des responsabilités, des chefs de file, capables d’influencer les autres. C’est le rôle de la véritable éducation que de développer ce pouvoir, d’apprendre aux jeunes à penser par eux-mêmes, à ne pas se contenter d’être le miroir de la pensée des autres. Que les étudiants, au lieu de se borner à étudier ce qu’ont dit ou écrit les hommes, se tournent vers les sources de la vérité, vers les vastes espaces qu’offrent à leurs recherches la nature et la révélation. Qu’ils se mettent face à leur devoir, à leur destinée, et leur pensée se déploiera et prendra de la vigueur. Ce ne sont pas des mauviettes cultivées qui doivent sortir de nos institutions, mais des hommes solides, capables de penser et d’agir, des hommes qui dominent les circonstances et non qui les subissent, des hommes à l’esprit large, à la pensée claire, qui ont le courage de leurs convictions 1. »

Cet exposé constitue un vrai défi, surtout quand nous le comparons aux quatre piliers de l’éducation supérieure proposés par l’UNESCO 2.

1. Apprendre à connaître

2. Apprendre à faire

3. Apprendre à vivre ensemble

4. Apprendre à être.

La déclaration fondamentale et classique de l’éducation supérieure adventiste soutient que le projet universitaire :

1. Signifie plus qu’accomplir un programme d’études

2. Va plus loin que la préparation à la vie actuelle

3. Concerne l’être entier

4. A des implications tout au long de l’existence

5. Est le développement harmonieux des facultés physiques, mentales et spirituelles

6. Prépare l’étudiant pour la joie de servir dans ce monde

7. Projette le service du professionnel adventiste vers une satisfaction supérieure donnée par un service plus large dans le monde à venir.

La vision

Avec une telle base, l’éducation universitaire adventiste a tout ce qu’il faut pour se projeter dans le futur comme une des plus importantes stratégies de l’Église pour accomplir sa mission. Ainsi, elle suit un rêve, un but, une vision pour son développement.

L’éducation universitaire adventiste est la concrétisation d’une stratégie ancrée dans son cadre philosophique par lequel elle est devenue un exemple de qualité académique pour la formation professionnelle et pour le développement du caractère. Elle est soutenue par les standards de l’autoévaluation et par les accréditations externes.

D’après ce cadre philosophique, les universités adventistes favorisent un modèle éducatif de développement intégral. Elles recrutent, sélectionnent et forment leurs étudiants de manière à ce qu’ils respectent la vision de l’Église adventiste.

Les composantes éducatives de leurs programmes d’études offrent à l’étudiant une préparation intégrale selon une vision du monde biblique qui le prépare à accomplir la mission de sa vie. Et cet accomplissement est acheminé par une grande vision d’entrepreneurs chrétiens dont la perspective est internationale. De plus, les enseignants façonnent l’attitude et la capacité d’entreprendre dans leurs activités professionnelles. Les étudiants obtiennent les ressources financières pour payer leurs études à travers des programmes d’autofinancement qui les aide à ne pas s’endetter. Au moyen de leur offre éducative aux modalités diverses et flexibles, de leurs brillantes industries scolaires, ainsi que grâce à l’obtention de fonds pour le développement, les institutions d’éducation supérieure ont développé des projets variés.

La communauté universitaire suit son dessein de reconnaître les besoins de son entourage et de transmettre aux étudiants la passion du service. Un service qui va au-delà de la stratégie marketing et au-delà du simple élan compétitif poussant à devenir un professionnel ou l’entreprise numéro un. En claire, l’accomplissement de la mission se transforme en véritable passion du service dévoué, but ultime de l’éducation. Les expériences d’apprentissage de ce type de service invitent les étudiants à susciter un développement soutenu parmi la population la plus vulnérable de la société et avec laquelle ils créent une véritable culture du développement.

Cet engagement est tenu grâce aux efforts réunis des professionnels spécialisés, actualisés et dotés d’un grand sens moral. De véritables mentors qui ont fait de leur rôle dans l’éducation des étudiants une vocation. Ainsi, la relation mentor-étudiant se déroule dans une ambiance de solidarité. En échangeant avec les étudiants et avec le public qu’il sert, le mentor, pour qui le concept de responsabilité personnelle et institutionnelle est clair, partage ses talents dans un exercice professionnel qui va au-delà des salles de cours et des murs de l’institution.

Les mentors exercent dans le cadre d’une vision large et globale, en harmonie avec la mission mondiale de l’éducation universitaire adventiste, avec, cependant, une responsabilité locale, ou départementale suivant des processus d’autoévaluation, dans le but de renouveler leur action et d’assurer ainsi le développement intégrale des étudiants.

Les administrateurs, quant à eux, ont une vision qu’ils partagent avec le reste de la communauté universitaire, ce qui pourvoit direction et leadership pour le présent et l’avenir. Ils sont attentifs à la réalité du moment et aux tendances externes, afin de pouvoir prendre des décisions convenables. Ils reconnaissent l’importance des ressources humaines qui se développent dans le cadre d’indicateurs de qualité. Le budget est un outil au service de la mission de l’institution. Sont efficacité opérationnelle est évidente et son style de vie est rigoureux. Il est en reconnaissance à Dieu et à des fins généreuses envers le monde.

Guidés par les principes de la gestion chrétienne de la vie, le matériel et les équipements sont bien entretenus, rentabilisés et employés au développement de nouvelles technologies qui répondent aux besoins de la croissance académique.

Cette vision débouche sur un avenir où est garantie une éducation universitaire plus spirituelle et plus adventiste, avec une vocation stratégique dans sa planification, plus solvable et généreuse et dont la qualité de ses diplômés est plus compatible avec la réalité du marché du travail et du service. Une éducation universitaire plus à l’écoute des étudiants, plus sensible à son public et toujours mise à jour grâce aux différents processus d’autoévaluation.

Cette vision place l’éducation universitaire adventiste au centre du contexte que l’UNESCO a décrit dans sa Conférence mondiale sur l’éducation supérieure de 2009. Dans son communiqué, l’UNESCO a signalé que les programmes mondiaux d’éducation devraient refléter ces réalités :

1. Responsabilité sociale de l’enseignement supérieur

2. Accès, équité et qualité

3. Internationalisation, régionalisation et mondialisation 4. Apprentissage, recherche et innovation 3.

Les réalités : un point de départ pour l’apprentissage

Que l’étudiant apprenne. C’est la préoccupation principale de l’éducation universitaire adventiste. Tout effort, ressource et sacrifice converge vers ce but. C’est l’obligation des institutions, l’objectif du professeur, le but de l’étudiant, la satisfaction de la famille, une garantie d’insertion sur le marché du travail, une ressource promotionnelle et une distinction de qualité.

Nous avons toute une culture scolaire en rapport à l’apprentissage : les devoirs sur table, les contrôles continus, les barèmes d’évaluation, les tableaux d’honneur, les validations de diplômes, l’accès aux bourses d’études, l’adhésion à des associations reconnues, l’obtention d’un emploi, la classification des universités. Nous connaissons aussi les listes des ajournés, les examens de rattrapage, les redoublements, les taux d’abandon, etc. Cependant, dans le cadre du fondement de l’éducation adventiste et dans celui d’une vision de développement, le grand défi de l’apprentissage dans nos institutions d’éducation supérieure consiste à répondre à ces questions basiques sur l’étudiant : Apprendre quoi ? Apprendre comment ? Apprend de qui ?

Les réponses à ces questions constituent la plateforme sur laquelle les institutions universitaires adventistes préparent leurs diplômés à un service professionnel d’excellence. En fait, les réflexions autour de l’école sont très critiques sur l’approche traditionnelle : les étudiants ne feraient que mémoriser, les motivations pour la recherche s’étoufferaient, l’ajournement, qui devrait être une exception, serait devenu une règle, les examens ne tiendraient pas compte des différents types d’intelligence.

Par ailleurs, les employeurs, depuis leurs divers forums, émettent aussi leurs observations sur la qualité des diplômés car il semblerait que ce qui est enseigné en cours ne corresponde pas aux attentes de l’exercice professionnel. Selon eux, la question la plus importante ne concerne pas le temps passé en salle de cours, mais bien le savoir-faire, les compétences dans le rôle professionnel.

D’après son modèle éducatif, nos universités adventistes offrent avec distinction une stratégie qui forme les professionnels dont l’Église a besoin pour accomplir sa mission. Avec pour guide l’acronyme APPRENDS, elles projettent leur vrai leadership éducatif :

✓ Auto-apprentissage
✓ Pensée critique
✓ Principes d’entrepreneur
✓ Résolution de problèmes
✓ Évaluation de la connaissance ✓ Norme
✓ Discipline professionnelle
✓ Service dévoué

Les deux premières compétences, ainsi que la Résolution de problèmes et l’Évaluation de la connaissance s’inscrivent dans la dimension de la pensée. La Norme et la Discipline professionnelle, dans la dimension de la conduite. Enfin, les Principes d’entrepreneur et de Service dévoué s’ancrent dans la dimension des résultats finaux de la fonction professionnelle.

Auto-apprentissage

« Apprendre à apprendre » est ce qu’il a été dit à la Conférence mondiale sur l’enseignement supérieur d’octobre 1998, à Paris.

L’enseignement traditionnel se focalise sur de bonnes qualifications, veut élaborer les mentions d’honneur, les crédits des diplômes, ou l’adhésion dans les grandes associations d’étudiants brillants. Mais le leadership éducatif va plus loin : il offre à l’étudiant des outils pour l’apprentissage autocontrôlé qui l’aideront à toujours être à jour dans le domaine de sa spécialité et qui le guideront vers de plus amples connaissances dans la mesure où il changera de métier deux ou trois fois dans le monde du travail.

Pensée critique

L’être humain a été créé avec le « libre arbitre » : la liberté de penser, de prendre ses propres décisions et d’exercer sa propre volonté. L’enseignement traditionnel vise à transmettre toutes les informations dont l’étudiant a besoin et à ce qu’il soit capable de répéter ce qui a été appris au pied de la lettre. Mais le leadership éducatif va au-delà. Au travers des processus de développement de la pensée, il forme un esprit perceptif, capable de découvrir des tendances, d’élaborer une vision du cosmos et de démasquer l’erreur.

Principe d’entrepreneur

Le diplôme en poche, l’étudiant part à la recherche d’un emploi et l’enseignement traditionnel s’en est contenté. Autour de ce but se sont développés les concepts de la moyenne générale, des honneurs académiques, des diplômes de reconnaissance, des avis d’admission par l’unanimité, ou avec mention honorifique. Mais le leadership va au-delà. Il encourage chez l’étudiant un esprit d’entrepreneur, capable de créer des entreprises et des emplois, au lieu d’être l’employé d’une entreprise.

Résolution de problèmes

L’éducation traditionnelle est passée de la seule théorie à son application pratique. Nous sommes arrivés à l’étude de cas, à l’apprentissage par le service. De plus, l’enseignement traditionnel se concentre sur le développement de processus de simulation dans des classes de plus en plus sophistiqués avec l’usage de la technologie. Mais le leadership éducatif va plus loin. Grâce à la connexion à la réalité, il propose aux étudiants des problèmes réels pour qu’en appliquant les concepts théoriques et, souvent, en les découvrant grâce à la pratique, ils arrivent à des solutions viables et novatrices.

Évaluation de la connaissance

Dans l’histoire de l’humanité, jamais la connaissance n’a été si proche de nous. Elle est « au bout des doigts ». En seulement quelques clics, nous avons accès à des millions de données. Toute la journée, nous sommes « bombardés » par les médias. L’esprit est saturé, sans possibilité d’évaluer, de réfléchir sur le contenu des informations, des données, de l’information et de la connaissance. L’enseignement traditionnel se centre sur ce que disent le professeur et les livres, afin que l’étudiant examine une grande quantité de ressources. Mais le leadership éducatif va au-delà. Il encourage les étudiants à l’évaluation de la connaissance, à la réflexion qui les prépare à façonner leur propre vision du monde.

Norme

L’école a été très critiquée pour avoir établi un contexte inflexible concernant le rapport enseignant-élève et dans l’élaboration de règlements face à des situations individuelles d’exception. Mais le leadership va au-delà. Il reconnaît que le fondement de la discipline est d’éduquer l’étudiant pour qu’il se prenne en charge et pour que sa conduite soit en harmonie avec la norme qui encourage le développement personnel.

Discipline professionnelle

Dans l’ambiance scolaire de l’enseignement traditionnel, professeurs et élèves ont appris à cohabiter avec des résultats moyens : des points supplémentaires, des « courbes » pour indiquer les notes, des travaux d’équipe réalisés par une seule personne, des devoirs faits par les parents. L’enseignement traditionnel s’est contenté avec le « presque » exercice de l’enseignant et le « presque » résultat de l’étudiant. Mais le leadership va plus loin. Il suscite le développement d’une véritable discipline professionnelle engagée dans la qualité et l’excellence.

Service dévoué

On a vu l’éducation comme un moteur pour le développement de la communauté, pour le développement national et, surtout, pour le développement personnel. Elle nous aide à gravir les niveaux sociaux. L’appât du gain peut offrir le titre professionnel. Mais le leadership va plus loin. Il développe chez l’étudiant la sensibilité aux besoins des autres, la conscience des hauts privilèges de l’éducation et l’engagement envers les classes les plus vulnérables.

Pour toutes ces raisons, avec la stratégie APPRENDS, l’éducation universitaire adventiste répond au défi d’un profil de diplômés qui assurent leur réussite étudiante et professionnelle.

Cela en vaut la peine

Il vaut la peine d’extraire notre jeunesse des zones rurales de nos pays et d’en faire une armée de professionnels honnêtes et chrétiens. Il vaut la peine de prendre un jeune homme, ou une jeune fille pauvre sans aucune autre ressource que ses idées et de les transformer en professionnels entrepreneurs pouvant ouvrir un passage dans la vie, sans laisser de dettes dans l’institution. Il vaut la peine de se pencher sur quelqu’un qui, dans son adolescence, commence causer des soucis à ses parents et de faire de lui un professionnel engagé dans les plus hautes valeurs de la famille. Il vaut la peine de s’occuper d’un jeune homme, ou d’une jeune
fille non adventiste et de les convertir à l’adventisme, eux et leur famille, pour qu’ils puissent voir les réalités du grand conflit depuis un autre point de vue et avec espérance. Il vaut la peine de prendre en charge une personne dans la fleur de l’âge, mais « moralement et intellectuellement » condamnée et faire qu’elle devienne une personne professionnelle chrétienne, candidate à la citoyenneté du Royaume de Dieu. Il vaut la peine de préparer des leaders qui s’identifient aux causes les plus nobles du service dans ce monde et à la mission évangélique de l’Église adventiste pour qu’ils soient des instruments que l’Esprit Saint utilise en ce moment précis, ainsi que des jeunes gens et des jeunes filles qui, dans nos universités, recevront les crédits pour intégrer l’école de l’au-delà qui les réclame aussi comme les siens.

Dans cette école, selon les écrits d’Ellen G. de White, « Toutes les questions que nous nous posons à propos de notre vie trouveront alors une réponse. Là où nous n’avions vu que perplexité, confusion, projets avortés, plans contrecarrés, nous verrons le dessein tout-puissant, victorieux, harmonieux de Dieu. Ceux qui auront travaillé avec désintéressement pourront contempler le fruit de leur labeur. On appréciera les conséquences des bons principes, des nobles actions. Nous les voyons en partie maintenant ; mais ceux qui se sont attelés à de nobles travaux jouissent si peu de ce qui en a découlé, dans cette vie ! Il en est tant qui peinent, généreusement, inlassablement, pour d’autres qu’ils ne connaissent pas, ni ne peuvent atteindre. Des parents et des maîtres dorment de leur dernier sommeil, leur vie semble avoir été vaine ; ils ne savent pas que leur fidélité a fait jaillir des flots de bénédictions intarissables ; c’est par la foi, pas autrement, qu’ils ont vu les enfants élevés par leurs soins devenir sources de bénédictions et d’inspiration pour leurs semblables, et leur influence se multiplier. Nombre d’ouvriers font parvenir dans tous les coins du monde des messages de force, d’espoir, de courage ; mais ils agissent dans la solitude et l’obscurité et ne savent pas grand-chose des suites de leur entreprise. Ainsi des dons sont accordés, des fardeaux portés, des travaux accomplis. Des hommes sèment, et sur leurs tombes d’autres moissonnent d’abondance. Ils plantent des arbres, et d’autres en mangent le fruit. Ici-bas, ils se contentent de savoir qu’ils ont mis en œuvre les forces du bien. Dans l’au-delà, nous verrons chaque effort avec ses résultats4. »

L’éducation universitaire adventiste en vaut la peine !


1. Ellen G. WHITE, Éducation, chap. 1, p.19.

2. Jacques DELORS, L’Éducation : un trésor est caché dedans. Rapport à l’UNESCO de la Commission internationale sur l’éducation pour vingt et unième siècle, éditions Unesco, Paris, France.

3. Voir Conférence mondiale sur l’enseignement supérieur 2009 : La nouvelle dynamique de l’enseignement supérieur et de la recherche au service du progrès social et du développement, UNESCO, Paris, 8 juillet 2009.

4. Ellen G. WHITE, Éducation, chap. 35, p. 337.


Par Ismael Castillo Osuna est le président de l’Université de Montemorelos. Publié dans la revue L’ancien, 3 trimestre 2013, page 26 – 29