Le rôle de la musique et la culture dans le culte

Méditations spirituelles 01/11/2021

Il y a quelques temps, la proposition d’un chef religieux de faire un « Junkanoo pour Christ » a soulevé d’âpres débats. Certains ont demandé : « Est-ce bien correcte ? Jusqu’où pouvait aller l’Église dans cette manifestation appelée Junkanoo ? D’autres ont répondu : « Qu’y a-t-il de mal à cela ? Il n’y a aucun problème à partir du moment où nous le faisions pour le Christ et que nous nous sentons bien. Le Junkanoo fait partie de notre culture. C’est ce que nous sommes. Nous n’y voyons aucun inconvénient… ». Pour ceux qui ne connaissent pas le Junkanoo, il s’agit d’un défilé national aux Bahamas haut en couleurs, au son des cloches, des tambourins en peau de chèvre, des sifflets et de tout un déploiement d’instrument à vent, créant un rythme musical qui induit au mouvement. Personnellement, je ne suis pas certain d’avoir toutes les réponses. Mais j’essaierai d’aborder le thème de l’adoration, ainsi que du rôle de la musique et de la culture dans l’adoration.

L’objectif de l’adoration

Selon Alain Coralie, un dirigeant d’église à Nairobi, au Kenya, « il est essentiel que les responsables de la liturgie gardent à l’esprit que le but n’est pas de rendre le culte plus attrayant et entraînant pour les adorateurs, mais d’amener les croyants à s’engager plus pleinement vis-à-vis de leur créateur et rédempteur ». Je suis tout à fait d’accord, dans la mesure où certains services tendent à être plus anthropocentriques (centrés sur l’homme) que théocentriques (centrés sur Dieu). Notre temps personnel avec Dieu, comme notre adoration en communauté, n’a rien à voir avec le « moi » et ses besoins, aussi réels et importants soient-ils. Adorer signifie « se concentrer sur Dieu et sa Parole ».

Ésaïe, le prophète de l’Ancien Testament, en a pris conscience de façon unique, lors de la mort du roi Ozias qui avait dû être pour lui un soutien : « L’année de la mort du roi Ozias, je vis le Seigneur assis sur un trône très élevé, et les pans de sa robe remplissaient le temple. » (Ésaïe 6.1) Bien que non financiers, comme tout être humain, Ésaïe avait ses propres besoins. Toutefois, ils ont été éclipsés par le sentiment de la présence de Dieu qui désirait qu’il joue un rôle essentiel. Mais il s’est écrié : « Malheur à moi ! Je suis perdu, car je suis un homme dont les lèvres sont impures, j’habite au milieu d’un peuple dont les lèvres sont impures, et mes yeux ont vu le Roi, l’Éternel des armées. » (Ésaïe 6.5) Ce pourrait-il que, semaine après semaine, beaucoup d’entre nous aillent à l’église sans être connectés à Dieu et repartent en se sentant bien, mais sans avoir été profondément touchés ?

Ainsi, il est nécessaire que le responsable de la liturgie, le comité et le pasteur se concertent pour s’assurer que ce qui est prévu pour le culte corresponde bien à l’objectif d’adorer Dieu et non de faire que les membres se sentent bien. La musique et toutes les activités ne doivent pas être choisies pour leur popularité, pour plaire aux jeunes pour le simple fait qu’ils sont jeunes, ou aux personnes n’appartenant pas à l’Église, ni même pour augmenter la fréquentation de l’église, aussi importantes que soient ces préoccupations.

Quand un de ces éléments ou tous, simultanément, deviennent la base du culte, nous risquons de perdre de vue le sens de l’adoration. En leur donnant ainsi la priorité, nous finirions par réduire les principes bibliques. N’est-il pas tentant de justifier nos motivations quand la salle de culte se remplit, en particulier de jeunes ou de personnes n’appartenant pas à l’Église ? « Ça ne peut pas être quelque chose de mal », objectent certains. Arrivés à ce point, je précise que je ne suis pas adepte des cultes ennuyeux et monotones. Mais je souligne que ces préoccupations, aussi légitimes soient-elles, ne doivent pas devenir le fondement de l’adoration. Souvenons-nous que nous ne changeons pas les gens, mais que c’est Dieu qui le fait par son Saint Esprit. Jésus déclare : « Et moi, quand j’aurai été élevé de la terre, j’attirerai tous les hommes à moi. » (Jean 12.32)

Musique et culture

La musique et la culture doivent se baser sur une théologie biblique solide de l’adoration. La musique reste un débat sans fin puisqu’elle dépend des goûts personnels. Certaines apprécient un genre de musique, alors que d’autres préfèrent un style différent. La question fondamentale reste pour moi la suivante : « Cette musique élève-t-elle les adorateurs à Dieu ? L’objectif du responsable de la liturgie est-il bien de conduire les croyants dans l’adoration à Dieu et non de faire en sorte qu’ils se sentent bien ? »

D’un point de vue culturel, beaucoup d’entre nous avons tendance à donner à notre adoration certaines formes et expressions non appropriées. Pourtant, d’une dénomination ou d’une église d’une même dénomination à l’autre, on trouve des variations. Certaines communautés préfèrent les guitares et la batterie et d’autre non. À mon avis, la question la plus pertinente concerne le but du culte, ainsi que la préparation de ceux qui dirigent la liturgie et des musiciens qui accompagnent le moment d’adoration. Entre les mains d’un musicien converti et consacré, un instrument de musique peut sublimer l’adoration et détourner le cœur des adorateurs des instruments ou des intervenants humains, au profit de Dieu.

Néanmoins, je m’oppose énergiquement à ce que la musique du Junkanoo entre dans les églises. D’après mon expérience, un tel rythme marqué et répétitif de cloches, de cuivres, de sifflets et de tambourins en peau de chèvre, poussera les gens à danser et à se balancer, tout en se sentant justifiés, surtout si les paroles chrétiennes ont remplacé les paroles profanes.

La danse d’interprétation soulève également des doutes. La plupart de ceux qui approuvent ces expressions culturelles et la musique du Junkanoo dans le culte, avancent qu’ils désirent garder et faire participer davantage les jeunes. Certains argumentent aussi que David a dansé devant l’Éternel. Cependant, reprendre le texte dans son contexte pourrait nous aider considérablement. Quoi qu’il en soit, comme nous l’avons déjà souligné, bien que ces préoccupations soient légitimes et importantes, elles ne constituent pas la raison, ni la base du culte. Ce présupposé est faux. Il ne s’agit que de Dieu et de ce qu’il nous donne au moyen de sa Parole. C’est notre compréhension du but de l’adoration qui détermine notre façon d’adorer et non ce que nous désirons. Nous devons commencer par nous concentrer sur Dieu.

De même, aussi importantes que soient les émotions ressenties lors du culte, nous devons penser et réfléchir. Ne craignons pas les moments de silence. En effet, certains prédicateurs croient que, si l’assemblée ne dit pas « amen », leur message n’a pas atteint son but. Encore une fois, je répète que l’objectif de tout ce que nous faisons doit être dirigé et centré sur Dieu.

Il est nécessaire de se préparer pour le culte

Pour vivre une expérience d’adoration enrichissante et centrée sur Dieu, responsables d’église, anciens et pasteurs doivent prêter une grande attention à leur préparation pour le moment du culte. Celui qui consacre du temps à Dieu saura que son Esprit dirige sa vie de manière à ce que, lorsqu’il prêchera, fera les annonces, lira ou jouera, la volonté de Dieu captera l’attention de l’assemblée. Par contre, celui qui manque de préparation prend le risque de s’égarer. Tout ce que nous faisons doit être inspiré par la Parole de Dieu. Ce n’est pas la culture qui influence la Parole, mais bien le contraire. Notre préparation ne doit pas se baser sur le nombre de retours positifs, de « amen » ou autres formes d’approbation. Nous en recevrons, bien sûr, mais Marc, écrivain du Nouveau Testament, le formule parfaitement lorsqu’il écrit : « Il en établit douze pour les avoir avec lui et pour les envoyer prêcher » (Marc 3.14,15). Le secret consiste à passer du temps avec le Christ avant d’agir en son nom. Je crois que notre culte sera attrayant lorsqu’il sera dirigé par l’Esprit de Dieu.

En conclusion, je soumets la pensée suivante à votre réflexion : « La véritable adoration ne naît pas d’un besoin ressenti par l’homme, ni de son ingéniosité, mais de l’action de Dieu dans l’histoire » (Alain Coralie).


Par Leonard A. Johnson, président de l’Union de la Caraïbe atlantique. Publié dans la revue L’ancien 2 trimestre 2013 page 18 –19.