Le modèle de Jésus (l'exemple de l'église d'Anduze et d'autres)

Méditations spirituelles 09/06/2020

Shelley Nolan Freesland, Columbia, Maryland, USA / Adventist World

La compassion – version simplifiée

Alors que la dame française masse doucement ses mains rugueuses, Hamia* sent les larmes lui monter aux yeux. Elle est tellement fatiguée, tellement inquiète ! Après avoir quitté son mari, un homme violent, en Afrique du Nord, elle attend maintenant avec anxiété dans un petit village de France. Sa demande d’asile sera-t-elle acceptée ? Reverra-t-elle un jour ses enfants ? Quand elle a été forcée de les laisser derrière, elle a senti son cœur se briser.

Mais pendant ces quelques minutes de détente, elle se libère de ses inquiétudes et s’imprègne tant de la tendresse de sa nouvelle connaissance que du parfum de lavande de la lotion.

« Le service de massage des mains peut sembler insignifiant, ou même ridicule », dit Marie-Jo Guth, l’une des bénévoles du Ministère des femmes de l’église adventiste d’Anduze qui passe du temps avec Hamia et d’autres femmes du refuge dans le village.

« Mais elles aiment vraiment cette possibilité d’avoir un contact physique avec quelqu’un, de recevoir un massage en douceur, et de profiter de conversations paisibles. Toutes ces femmes ont les mains rudes. Leurs mains ne sont pas celles de femmes travaillant à l’ordinateur, mais de femmes travaillant dans les champs ou s’acquittant de travaux de nettoyage. Ces mains usées ne sont pas habituées à la crème pour les mains. C’est beaucoup trop cher pour elles ; c’est un luxe. »

L’activité principale de ces rencontres de weekend – lesquelles ont lieu plusieurs fois par année – est en fait la fabrication de cartes et les créations en papier. « Nous choisissons des fournitures aux couleurs très vives, très joyeuses, dit Guth. Ces femmes n’ont aucun revenu, aucun endroit où aller, et dans la plupart des cas, elles parlent à peine le français. Mais le fait de se concentrer sur une activité créative leur permet de se détourner de leurs problèmes… au moins pour l’après-midi. »

UN DON COMPATISSANT

Guth et les autres membres de son église sont un bel exemple de la compassion en action, ce que certains qualifient de don compatissant. C’est la notion familière mais toujours puissante selon le modèle de Jésus : sortir des murs de l’église, passer du temps avec les gens là où ils sont, et répondre à leurs besoins sans autre ordre du jour.

Dans la vie ô combien surchargée, il est facile de penser qu’il est impossible d’ajouter une chose de plus au calendrier. Ou bien, on ne sait par où commencer. Voici donc quelques idées pour vous inspirer, et un aperçu des avantages inattendus qui pourraient très bien vous revenir.

Construisez sur votre passion. L’un des moyens les plus naturels d’entrer en contact avec les gens, c’est l’intérêt mutuel. Quels sont vos talents, vos passions ? Votre passe-temps favori peut-il servir vos semblables ?

Lorsque Roberto Valencia était professeur de design à l’École des arts et de la communication à l’Université de Montemorelos, au Mexique, lui et ses étudiants ont fait l’expérience d’un service communautaire requérant leurs compétences créatives uniques. Ils ont mis au point un projet visant à fournir des portraits photographiques aux membres de la communauté qui, typiquement, n’ont pas de tels souvenirs.

« Il s’agit de personnes à faible revenu qui triment dur pour gagner leur vie au jour le jour. Évidemment, se faire prendre en photo est bien la dernière chose à laquelle elles pensent, explique Roberto. Mais quand de nouvelles générations de familles arrivent, elles veulent savoir d’où viennent leurs parents ou leurs grands-parents. Une photo peut évoquer des tas de choses et être un point de départ pour raconter ces histoires. Les familles avec enfants sont celles qui ressortent le plus dans ma mémoire. Les parents travaillaient dur et ne passaient pas beaucoup de temps avec leurs enfants. Ils ont été reconnaissants pour leurs photos. C’était très spécial pour eux. »

Écoutez votre cœur. Ici-bas, les besoins sont innombrables. Une seule personne ne peut les satisfaire tous. Par conséquent, faites une pause et focalisez-vous sur ce que votre cœur vous dicte ! Vous aimez lire et ne pouvez imaginer être illettré ? Il y a sans doute des adultes dans votre communauté qui ont raté l’occasion de maîtriser cette compétence vitale. Votre tutorat pourrait transformer leur monde. Rendre visite à des personnes âgées qui deviennent aveugles et leur faire la lecture est un cadeau inestimable.

Privilégiez les petits commencements. Il peut être décourageant de s’engager dans une activité hebdomadaire, ou même mensuelle. Cherchez plutôt des mini-projets ponctuels que vous pouvez entreprendre plus facilement.

Les fêtes saisonnières se prêtent bien à ce genre d’activité. Par exemple, ma sœur et sa fille ont fait des cartes de Saint-Valentin qu’elles ont ensuite distribuées à d’anciens combattants âgés. Pour Noël, elles ont emballé des paires de chaussettes et les ont apportées à un refuge pour sans-abri. Si vous êtes un cycliste enthousiaste et que vous avez un don pour la mécanique, pourquoi ne pas tenir dans votre ville une clinique d’un jour de réparation de vélos ? Une miche de pain maison peut être un bon moyen de démarrer une conversation avec votre voisin.

Si vous le préférez, soyez un soldat plutôt qu’un général. Tout le monde n’est pas appelé à être un dirigeant, et c’est parfaitement normal. « Dans différentes activités, on peut avoir différents niveaux d’implication, dit Valencia. J’ai souvent constaté que le simple fait d’être présent encourageait ceux qui ont davantage la capacité d’apporter une aide significative. »

Les possibilités de service ne doivent pas forcément s’effectuer toutes dans le cadre de l’église. De nombreuses organisations font un travail extraordinaire et possèdent une expertise approfondie dans le créneau qu’elles ont choisi. En vous associant à elles, vous pouvez accroître leur impact, vivre une expérience d’apprentissage enrichissante, et établir des relations avec vos collègues bénévoles et ceux que vous servez.

Comprenez que Jésus est votre partenaire. Beaucoup d’entre nous sont plus ou moins à l’aise de témoigner à voix haute. Sachez que Jésus est tou- jours à vos côtés. Il vous amènera des gens si vous cultivez un cœur ouvert, et vous donnera les mots à partager lorsque vous leur parlerez.

« Lors de nos entretiens avec Hamia, celle-ci a mentionné le nom de Dieu à maintes reprises, dit Guth. Nous avons saisi cette occasion pour lui parler du Créateur, pour lui dire que nous avons le même Dieu. »

Préparez-vous à recevoir des bénédictions. « Nous avons tous des défis », déclare Philip Stanley, directeur de l’action communautaire de l’église adventiste de l’Asie du Sud, au Maryland (États-Unis).

« Mais souvent, lorsque nous aidons les gens, lorsque nous entrons en contact avec eux et découvrons leurs circonstances, ces défis s’estompent rapidement. Le service pratique nous transforme. C’est très gratifiant. »

Le service à la communauté peut aussi transformer les congrégations. Pendant des années, Philip a organisé des activités de service pour les membres de l’École de sabbat des jeunes adultes, allant de l’alimentation des sans-abris aux voyages missionnaires, en passant par le partenariat avec des organisations nationales.

« Souvent, l’église devient une porte tournante pour ce groupe d’âge, explique-t-il. De plus, nos jeunes peuvent se sentir mal à l’aise d’amener un ami non adventiste à nos services religieux. Mais le service à la communauté est une occasion parfaite pour eux d’inviter leurs amis à se joindre à une activité adventiste et à servir ensemble. »

Guth se fait l’écho de ce témoignage : « Notre église ne compte qu’une centaine de membres, mais nous avons des activités tous les sabbats et weekends. C’est très attrayant pour les amis non adventistes de nos ados ! Grâce à ces activités, nous avons chaque année deux, trois ou quatre baptêmes. Maintenant, les demandes d’adhésions à notre club d’Explorateurs explosent ! Notre église est désormais trop petite pour nous occuper de tous ces jeunes. »

Sortir des murs de votre église pour servir vos semblables ? Vous rendre compte, finalement, que ces murs sont devenus trop petits pour accueillir tous ceux qui veulent rejoindre votre famille d’église ? Voilà une vision qui vaut la peine d’être embrassée !


* Nom fictif


Shelley Nolan Freesland écrit depuis Columbia, au Maryland (États-Unis).