Le cerveau : brillant et novateur

Méditations spirituelles 23/10/2020

Septembre 2020 / Daniel Bruneau / Adventist World

Incontestablement plus complexe que toute structure de l’univers connu, le cerveau humain est un coup de maître du pouvoir créateur de Dieu. Chargé de plus d’un trillion de cellules et alimenté par 100 milliards de neurones pulsés, c’est une œuvre d’art malléable, orientée vers le libre arbitre, incomparable, qui exploite bien plus de connexions qu’il n’y a d’étoiles connues dans la Voie lactée. À vrai dire, « l’esprit est la capitale du corps » (1).

L’œuvre de Dieu est stupéfiante et constitue une toile de fond remarquable pour deux questions importantes pour notre époque : 1) La science du cerveau peut-elle nous aider à comprendre la mécanique mentale de ce qui motive l’innovation ? et 2) Les traits novateurs ne se trouvent-ils que chez certains individus ?

RECENTRER LE PARADIGME DE L’INNOVATION

Le monde est à l’aube de la quatrième révolution industrielle – un changement profond dans l’histoire de l’humanité, entraîné par des modifications exponentielles de notre façon de vivre, de travailler, et de nous comporter les uns avec les autres – en raison de l’adoption de technologies et de tendances perturbatrices telles que l’Internet des objets (IdO) et l’intelligence artificielle (IA). En conséquence, nous sommes confrontés à la réalité suivante : pour survivre, il faut innover dans tous les domaines (2). Mais que signifie innover, et qui devraient être ces innovateurs ?

Parmi la myriade de définitions possibles de l’innovation, voici la plus complète : « Processus de création de valeur par l’application de solutions nouvelles à des problèmes significatifs (3). » On a souvent pensé que la pratique de l’innovation n’était que l’affaire d’un club exclusif de penseurs perturbateurs qui ont bouleversé le statu quo de l’industrie. En conséquence, les réalisations des innovateurs ont souvent été mises en lumière, et en comparaison, on n’a que peu ou relativement pas accordé d’attention à la pensée innovante proprement dite, laquelle sous-tend l’essence même de ce que signifie proposer des idées, créer (4).

En d’autres termes, il est tout aussi important d’apprendre comment innover que d’apprendre pourquoi nous devons innover. Et alors que certains individus trouvent leur point fort en générant les « grandes idées », l’essentiel est que nous pouvons tous apprendre à être novateurs de différentes façons, et appliquer cette pensée à la résolution de problèmes dans notre façon d’accomplir notre mission, de gérer nos affaires, et de vivre notre vie.

LA NÉCESSITÉ DE LA PENSÉE CRÉATIVE

Chose intéressante, la recherche sur le cerveau a pointé vers la créativité comme moteur de l’in- novation. Par exemple, lorsque des scientifiques ont étudié les scans cérébraux (à l’aide de la technologie IRM) de personnes à qui l’on avait demandé de trouver des utilisations inventives pour des objets de la vie quotidienne, ils ont constaté que les penseurs les plus créatifs activaient plusieurs régions du cerveau, et pas seulement une (5).

Plus précisément, il a été déterminé que les régions cérébrales essentielles au brainstorming (par exemple, la mémoire, l’imagination, les émotions, la pensée spontanée) étaient activées en conjonction avec les régions cérébrales qui déterminent quels stimuli méritent notre attention, et avec le lobe frontal impliqué dans la régulation de la cognition et du comportement. Cette synchronisation cerveau-système dissipe la croyance répandue selon laquelle l’hémisphère droit dominerait la pensée créative par rapport à l’hémisphère gauche, en soulignant que la créativité est un « effort cérébral global » (6). En conséquence, les individus qui ont des connexions fonctionnelles plus fortes entre ces réseaux ont tendance à produire davantage d’idées originales (7).

La formation de ces liens plus forts dépend, en partie, du « réveil » des traits créatifs qui stimulent l’innovation, tels que la curiosité, la pensée abstraite et la résolution de problèmes (pour n’en citer que quelques-uns) – traits que presque tout le monde possède. En fait, des recherches récentes ont commencé à révéler qu’il existe même un précurseur de la pensée créative : « l’inspiration »(8). La clé de cette notion, c’est que l’innovation est rarement créée par un seul individu qui a de l’inspiration ; souvent, elle nécessite plutôt que plusieurs individus apportent de nouvelles idées supplémentaires pour améliorer l’idée originale (9).

Ainsi, grâce à la collaboration, nous sommes tous capables, individuellement et collectivement, d’allumer nos traits de pensée créative qui stimulent l’innovation. En fait, notre cerveau change tout au long de notre vie. Appelé neuroplasticité, ce fait est clairement démontré par la simple observation quotidienne que nous ne cessons jamais d’apprendre. La pensée créative est intimement liée à l’apprentissage parce qu’elle implique la découverte de nouvelles connexions neuronales.

UN BIJOU DANS LA BOÎTE À OUTILS DE L’INNOVATEUR

Comment pouvons-nous donc commencer à développer nos traits novateurs ? Une approche consisterait à apprendre à partir des nombreuses ressources de développement disponibles sur le thème de la pensée novatrice. Si nombre de ces ressources sont importantes, en revanche, les Écritures sont, je crois, l’outil le plus puissant de la boîte à outils de l’innovateur. En effet, alors que la science du cerveau se fait la championne de la découverte relativement récente de la neuroplasticité, la capacité du cerveau à changer est enracinée dans le dessein de Dieu depuis la création : « Ne vous conformez pas au siècle présent, mais soyez transformés par le renouvellement de l’intelligence » (Rm 12.2).

Il s’ensuit donc que si l’inspiration est un précurseur de la pensée créative, et que la pensée créative exige l’engagement combiné des fonctions cognitives exécutives du cerveau avec les régions associées à la mémoire et aux émotions, il n’y a pas meilleur endroit pour commencer à éveiller notre processus de pensée novatrice que la Parole de Dieu – laquelle inspire la pensée, renforce notre intellect, et remue les profondeurs mêmes de nos émotions. Après tout, puisque nous avons été créés « à l’image de Dieu » (Gn 1.27), il n’est que logique que grâce à l’inspiration de sa Parole, notre cerveau puisse changer, ce qui stimule notre capacité à créer et à innover. Ellen White l’a magnifiquement exprimé : « L’esprit trouve dans la Parole de Dieu le sujet des pensées les plus profondes, des aspirations les plus élevées (10). »


1. Ellen G. White, Pour un bon équilibre mental et spirituel, vol. 1, p. 72.

2. https://www.cipe.org/newsroom/innovation-as-a-necessity-for-survival/

3. https://digintent.com/what-is-innovation/

4 V. Poirier et al., « Thoughts on Improving Innovation: What Are the Characteristics of Innovation and How Do We Cultivate Them? », Technology and Innovation, vol. 18, p. 319-330.

5. Harvard University, « The Creative brain Is Wired Differently », ScienceDaily, 17 janvier 2018, extrait du site www.sciencedaily.com/releases/2018/01/180117163954.htm.

6. E. B. Roger et al., « Robust Prediction of Individual Creative Ability From Brain Functional Connectivity », Proceedings of the National Academy of Sciences, 2018 ; 201713532 DOI: 10.1073/ pnas.1713532115.

7. Ibid.

8. Poirier.

9. Ibid.

10. Ellen G. White, Pour un bon équilibre mental et spirituel, vol. 1, p. 92.


Daniel Bruneau, titulaire d’un doctorat, se spécialise dans l’interaction homme/ordinateur (combinant la neuroscience cognitive, l’innovation technologique, et la conception de l’expérience). Il est en charge de la stratégie créative de Adventist Review Ministries. Daniel, Sierra, sa femme, et Adelaide, leur fille récemment née, habitent près d’Atlanta, en Géorgie, aux États-Unis.