"L’antidote"

Méditations spirituelles 17/09/2020

Août 2020 / Bill Knott / Adventist World 

Bien avant que le coronavirus ne fasse un demi-million de victimes, ne dévaste des millions d’autres personnes par le chagrin et les pertes, ne bouleverse complètement l’économie mondiale, et ne mette le feu à ce que nous appelons joyeusement « le village planétaire », notre monde glissait vers une pandémie plus grande et plus insidieuse encore.

Elle s’est abattue sur nous lentement, ponctuée de moments difficiles sur le plan politique ou en période de guerre. Nous l’avons vu s’installer au lendemain de catastrophes naturelles, de violences ethniques et raciales, de mouvements de populations déplacées. Elle a pris vie grâce à la rhétorique enflammée de démagogues et de tyrans rusés, lesquels ont exploité sa puissance infectieuse pour se donner du pouvoir et gonfler leurs armées de partisans.

Quelle est donc cette pandémie plus ancienne ? La peur. La profonde suspicion de ceux qui ne me ressemblent pas, ne parlent pas comme moi ou ne croient pas comme je crois. Son attrait fondamental est aussi vieux que l’Éden déchu et aussi moderne que les sujets d’actualité.

Elle satisfait le besoin humain pécheur de se protéger en ne faisant confiance à personne, en ne croyant personne, en n’acceptant personne.

Et si ce n’était que l’histoire tragique d’un monde en colère et égocentrique, nous pourrions l’écarter comme un autre signe d’un monde qui va bientôt s’éteindre. Jésus lui-même a prophétisé notre époque : « La charité du plus grand nombre se refroidira » (Mt 24.12) – une époque sans cœur, sans réflexion, sans repos, centrée sur elle-même.

Mais personne ne devrait être surpris de ce que la peur omniprésente qui infecte le monde entier se soit aussi installée parmi ceux qui suivent Jésus, car la peur peut parfois se cacher dans la foi. L’appel de l’Évangile à construire des communautés de confiance, à aimer notre prochain, à offrir nourriture et abri aux affamés, aux sans-abris et aux victimes de la guerre dans le monde, est annulé par la crainte anxieuse de perdre quelque chose en agissant de la sorte. Le virus le plus important de tous, c’est la peur elle-même – contagieuse, virulente, ne nécessitant même pas de contact d’homme à homme.

Et malheureusement, même dans cette Église du reste, il y a ceux qui gagnent leur vie en nous apprenant à nous méfier les uns des autres, sans parler du reste du monde. « Ne vous mêlez pas aux conservateurs, disent- ils, ou aux libéraux », ou « à ceux qui pratiquent un culte différent », ou « à ceux qui vivent dans des endroits que nous ne connaissons pas ». Le tribalisme que nous déplorons dans la société a trouvé un parallèle douloureux avec nous en opposant ceux qui ont l’intention de suivre l’Agneau à ceux qui le suivent à partir d’autres points de départ. Nous nous blottissons donc contre ceux qui pensent comme nous, ou qui parlent comme nous, ou qui partagent notre couleur de peau ou notre lieu d’origine.

Le temps est venu de lire à voix haute dans toutes nos églises : « Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme ; car tous vous êtes un en Jésus-Christ. » (Ga 3.28).

L’Évangile d’un Sauveur qui nous aime, qui nous cherche, qui se sacrifie est toujours l’antidote le plus puissant contre la peur. C’est la vérité qui nous tient, qui nous lie, qui nous apprend à aimer les habitants remplis de peur de notre monde.