La maison de la grâce

Méditations spirituelles 07/04/2021

Bill Knott | Adventist World Avril 2021

« Rends-moi la joie de ton salut, et qu’un esprit de bonne volonté me soutienne ! » (Ps 51.14)

Quelque part dans ce brouillard où souvenirs d’enfance, cultes familiaux et Écritures se croisent, ces mots du psaume pénitentiel que mon père nous lisait souvent résonnent encore. Mais quand on a 5 ans, tout n’est pas clair : comment prier pour que la joie soit rendue quand, au départ, on ne sait pas trop ce qu’est la joie ? Du coup, j’ai assigné le couplet anormal du psaume 51 à une catégorie de « choses que je comprendrai quand je serai plus grand ».

Même alors, je saisissais la persistance dévorante d’une culpabilité méritée : je m’étais disputé avec mon frère ; j’avais refusé de partager mes jouets ; je ne m’étais pas acquitté des quelques tâches qu’on m’avait assignées. Étant en faute, tout dans mon cœur d’enfant aspirait à la connaissance du pardon. Mais la joie – apparemment une condition stable qui peut nous être « rendue » – semblait lointaine et inaccessible.

C’est ce qu’ont ressenti des millions de croyants sincères au cours des siècles qui se sont écoulés depuis la croix. Nous avons supposé que dès qu’on a l’assurance du pardon divin, la joie vient tout naturellement – comme si la joie du salut de Dieu n’était qu’un tableau noir duquel tous nos misérables gribouillis ont été effacés.

Mais le vide et l’effacement ne sont pas en eux-mêmes les choses de la joie ! Le cycle familier du péché – remords, confession, et pardon – ne nous amène qu’au seuil du don pour lequel le psalmiste a prié. Trop peu d’entre nous ont encore habité l’espace joyeux qui nous a été préparé. Nous tournons sans fin autour de la maison où Jésus souhaite que nous vivions au quotidien, car il a clairement exprimé ses intentions : « Je vous ai dit ces choses, afin que ma joie demeure en vous et que votre joie soit parfaite » (Jn 15.11).

Le pardon, aussi crucial (et rempli de croix) soit- il, ne nous conduit pas tout droit à la joie. Nous pouvons entrer dans la maison de la grâce, construite sur une compréhension nouvelle et vitale de la bienveillance fondamentale du Père à notre égard. Le Dieu qui aspire à ce que nous vivions un jour

pleinement dans la lumière de sa présence nous invite à une demeure où nous sommes plus que jamais assurés de sa profonde affection pour nous – où nous apprenons à faire confiance à son cœur rempli d’amour, et à découvrir à quel point il aime guérir. Les mots avec lesquels Ellen White commence et termine sa superbe série de cinq volumes intitulée La grande controverse sont, encore et toujours, la signature de la joie :

« Dieu est amour ». Jusqu’au jour où nous en arrivons à croire la déclaration du Père sur lui-même, souvent répétée, nous vivons comme des vagabonds plutôt que comme des prodigues qui rentrent chez eux.

La joie du chrétien – une foi mature dans le don de la justice qui nous a été fait en Jésus – ne sera pas pleinement saisie à 5, 15, ou parfois même 50 ans. Elle contient l’étreinte incessante d’un amour sans réserve, et l’assurance de savoir que le Père remplit toujours notre coupe de bonheur.

Et restez dans la grâce.