La bataille est engagée

Méditations spirituelles 18/12/2022

Oleg Kostyuk | Adventist World, décembre 2022

Comment la grande controverse se déroule dans nos vies

En février 2022, j’ai été témoin de trois grandes catégories de « batailles » qui m’ont affecté personnellement. Une nuit, alors que je servais en tant qu’aumônier bénévole dans un hôpital, je suis entré dans une chambre. Il y avait là un jeune couple à genoux, priant pour la vie de leur petite fille née prématurément. La bataille pour la vie de ce bébé était si intense : des infirmières et des médecins pratiquaient la réanimation cardio-pulmonaire sur ce petit bébé faisant environ 46 cm et pesant à peine 1,80 kg. J’ai prié avec les parents. Je les ai serrés dans mes bras, et nous avons pleuré ensemble. La bataille était bien réelle ! Malheureusement, leur petite fille est morte.

Le 24 février, l’Ukraine a été le théâtre du commencement d’une guerre insensée. Des maisons ont été détruites, des milliers de personnes ont perdu la vie, et de nombreuses autres se sont retrouvées avec le statut de réfugiés. En tant qu’Américains d’origine ukrainienne, ma femme et moi nous sommes rendus dans l’ouest de l’Ukraine en avril dernier pour venir en aide aux orphelins affectés par cette guerre. Après avoir passé une journée avec eux, nous avons constaté que la bataille était bien réelle, et reconnu que la vie de ces enfants était désormais brisée.

Dans le cadre d’un cours que j’enseigne, l’une de mes étudiantes s’est ouverte au cours d’une discussion. Elle a raconté qu’il y a exactement deux ans, son mari et son frère ont été abattus. En écoutant son histoire, tous les étudiants de la classe ont senti que la bataille dans classe ont senti que la bataille dans sa vie n’avait rien de la fiction.

Ces trois histoires illustrent une vérité essentielle au sujet de nos vies complexes et uniques : nous faisons tous l’expérience de la souffrance. Lorsque nous sommes confrontés à l’inévitabilité de la souffrance,deux questions fondamentales nous hantent : Pourquoi souffrons-nous ? Comment pouvons-nous éviter de souffrir ?

UN CONFLIT COSMIQUE

Selon les Écritures, le libre arbitre que Dieu accorde à toute sa création permet au mal non seulement d’exister, mais aussi de trouver de nouveaux moyens de se multiplier 1. Le libre arbitre de Lucifer – celui-ci étant connu plus tard sous le nom de Satan – a entraîné ce conflit cosmique. Se laissant bercer par des pensées ambitieuses, Lucifer – appelé « astre brillant » et occupant le poste en la présence immédiate de Dieu (Ez 28.12-15) – se mit à penser qu’il pourrait être l’égal de Dieu lui-même (Es 14.13,14). Pour atteindre son objectif insensé, il lança une « polémique »2 (ou « guerre ») dans laquelle il présentait le caractère de Dieu sous un faux jour. Sa campagne réussit à tromper une partie des anges, lesquels se rangèrent à ses côtés dans cette rébellion. Chose étonnante, Dieu n’éradiqua pas immédiatement le mal. Satan et ses suppôts furent précipités sur la terre (Ap 12.7-9).

Satan poursuivit sa tromperie auprès d’Adam et Ève. Il répandit les graines du doute, puis traita Dieu de menteur (Gn 3.5). En choisissant de remettre en question le juste gouvernement de Dieu, et ainsi, de se soustraire à la présence de Dieu, Adam et Ève se firent du tort et firent du tort à toute leur descendance (Gn 2.17). Ce faisant, ils permirent à l’attaque de Satan contre le caractère de Dieu de porter du fruit (v. 1-5).

Nous sommes tous confrontés au libre choix de faire la volonté de Dieu et de produire le fruit de l’Esprit – « l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bénignité, la fidélité, la douceur, la tempérance » (Ga 5.22,23). Ce fruit de Dieu guérit, restaure et ressuscite nos vies, ainsi que celles de nos semblables. Par contre, lorsque nous choisissons de satisfaire « les désirs de la chair », nous en produisons aussi le fruit : « l’impudicité, l’impureté, la dissolution, l’idolâtrie, la magie, les inimitiés, les querelles, les jalousies, les animosités, les disputes, les divisions, les sectes, l’envie, l’ivrognerie, les excès de table, et les choses semblables » (v. 19-21). Ce fruit détruit notre vie, celle des autres, et entraîne la souffrance. Mais ce n’est pas tout : nous souffrons aussi parce que nous vivons dans un monde où le mal et la mort n’ont pas encore été détruits.

LE MAL : VAINCU, MAIS PAS ENCORE DÉTRUIT

Chose tragique, dans le jardin d’Éden, le premier Adam a abandonné son droit de représenter en toute légitimité le juste gouvernement de Dieu. En conséquence, notre terre est devenue un champ de bataille où le bien croise le fer avec le mal. Le péché règne et conduit à la mort (Rm 5.21). Mais sur la croix, le second Adam a vaincu le mal et la mort « afin que, comme le péché a régné par la mort, ainsi la grâce régnât par la justice pour la vie éternelle, par Jésus-Christ notre Seigneur » (v. 21). Jésus, le Fils de Dieu, est devenu le véritable Roi de ce monde parce qu’il a détruit les œuvres du diable (voir 1 Jn 3.8). Notre sauveur, assis à la droite de Dieu, règne déjà (He 1.3). Pourtant, il y a encore quelque chose à faire avant que son règne ne se réalise pleinement 3.

UNE NOUVELLE CRÉATION

« Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature », s’écrie Paul dans 2 Corinthiens 5.17. Christ est vainqueur ! Il a établi un monde nouveau avec une nouvelle création. Pourtant, les êtres humains doivent encore apprendre à vivre dans ce monde nouveau. Dans Colossiens 3.1, l’apôtre encourage ceux qui veulent prêter allégeance au Christ : « Si donc vous êtes ressuscités avec Christ, cherchez les choses d’en haut, où Christ est assis à la droite de Dieu. »

VIVRE DANS UNE ZONE DE CONFLIT

Il n’est pas facile de vivre dans une zone de conflit, où le mal vient pour dérober, égorger, et détruire. Cependant, les enfants de Dieu sont appelés à connaître la vie en abondance en Christ et par Christ (Jn 10.10).

Revenons maintenant aux trois histoires que je vous ai racontées. Qu’est-ce qui aide les parents à continuer de vivre malgré la perte de leur petite fille ? Qu’est-ce qui restaure la vie brisée des enfants désormais privés de leurs parents ? Comment une jeune veuve, affligée depuis le meurtre de son mari et de son frère, peut-elle continuer de vivre ?

Victor Frankl, un survivant de l’Holocauste dont la femme, les parents et le frère ont été assassinés dans des camps de concentration, a conclu que ce qui l’a aidé à survivre aux atrocités de l’Holocauste, c’est la quête de sens. Il a identifié trois sources de sens qui aident à traverser les périodes les plus difficiles : 1) le travail utile – ou la créativité ; 2) l’expérience relationnelle – ou l’amour ; et 3) le courage d’affronter les difficultés – ou l’attitude 4.

Il est fascinant de constater que ces trois éléments sont aussi des valeurs fondamentales du christianisme qui aident à supporter la souffrance.

Premièrement, étant créés à l’image de Dieu, nous avons pour tâche d’édifier et non de détruire, de guérir et non de tuer, de prendre soin avec compassion de ceux qui nous entourent. Deuxièmement, en Christ, nous sommes de nouvelles créatures, et sommes appelés à imiter entre nous les relations d’amour de la Trinité. Troisièmement, nous sommes les filles et les fils du Roi juste qui a vaincu le mal sur la croix et qui le détruira entièrement à son retour. Par conséquent, nous pouvons affronter le mal avec courage, car nous savons que nous sommes du côté du Vainqueur.


1 Peut-être que l’un des meilleurs traitements de ces questions est présenté dans John Peckham, Theodicy of Love: Cosmic Conflict and the Problem of Evil, Grand Rapids, Baker, 2018.
2 Le mot anglais polemic vient du mot grec polemos, lequel signifie « guerre ».
3 Oscar Cullman a introduit le concept de « déjà, mais pas encore », en déclarant : « C’est déjà le temps de la fin, et pourtant, ce n’est pas la fin. » En d’autres termes, la première venue du Christ est devenue une marque du début des derniers jours. Mais c’est la seconde venue du Christ qui marquera la fin des derniers jours. Voir Oscar Cullmann, Christ and Time: The Primitive Christian Conception of Time and History, trans. Floyd V. Filson, Philadelphie, Westminster Press, 1950, p. 145.
4 Victor E. Frankl, Man’s Search for Meaning, Boston, Beacon Press, 2006.


Oleg Kostyuk, titulaire d’un doctorat, est professeur adjoint de religion à l’Université AdventHealth. Lui et sa famille habitent à Orlando, en Floride, aux États-Unis.