Justifiés et rendus parfaits

Méditations spirituelles 28/09/2021

Ángel Manuel Rodríguez | Adventist World, septembre 2021, p. 26

Question :

Quelle relation y a-t-il entre la justification par la foi et la perfection chrétienne ?

Réponse :

La justification par la foi et la perfection chrétienne sont certainement liées ; par contre, elles ne sont pas identiques. Et j’ajouterais encore que la perfection chrétienne ne doit jamais être considérée comme préparant la voie à la justification par la foi. Votre question exige une définition des deux concepts et une compréhension claire de la façon dont nous sommes sauvés. Il nous faut examiner l’œuvre du Christ en dehors de nous et en nous.

1. L’ŒUVRE DU CHRIST EN DEHORS DE NOUS

Voici un concept sotériologique fondamental : Dieu a décidé de nous sauver sans nous demander notre avis. Bien avant de nous avoir créés, il a élaboré un plan pour rétablir notre communion avec lui (Rm 16.25,26 ; Ep 1.9,10). En notre absence, le Seigneur a pris des décisions à notre sujet : le Fils de Dieu a offert de revêtir la nature humaine (Jn 1.14,15). Il exercerait son ministère auprès de l’humanité souffrante pour révéler l’amour infini de Dieu (1 Jn 4.9) ; il prendrait notre place et mourrait en portant nos péchés en tant que substitut (Rm 5.8 ; 1 Jn 3.5 ; 4.10) ; après son ensevelissement et sa résurrection, il monterait au ciel pour être notre souverain sacrificateur (He 4.14,15). Son sacrifice éliminerait la barrière du péché qui nous sépare du Père, ce qui nous permettrait de revenir à lui (2 Co 5.19,21). Dieu a fait tout ça de manière unilatérale, sans nous consulter.

Notre créateur a également décidé d’envoyer le Saint-Esprit pour nous inciter à accepter son œuvre de grâce salvatrice (Jn 16.13). Dans tout ça, notre obéissance ou notre désobéissance n’a joué aucun rôle (Rm 5.8 ; 1 P 3.18). Ça a été entièrement l’œuvre de Dieu ! Celui-ci a déterminé unilatéralement que son Fils reviendrait sur la terre pour emmener son peuple dans la maison de son Père (Jn 14.1-3). Il a aussi établi qu’au retour de Jésus, il nous transformerait (1 Co 15.51-54), puis nous retirerait d’un environnement caractérisé par le péché, la souffrance et la mort, et finalement, créerait un nouveau ciel et une nouvelle terre (Ap 21.1,4) – tout à fait gratuitement ! La seule chose qu’il nous demande, c’est d’accepter le don du salut par la foi en Christ – la justice de Christ qui nous est imputée/créditée. À ce moment-là, nous sommes libérés du pouvoir asservissant du péché (Ga 6.15 ; Col 1.13,14).

2. L’ŒUVRE DU CHRIST EN NOUS

Sur la base de ce que je viens de dire, je suggère que l’œuvre du Christ en nous n’est pas ce qui nous sauve, mais qu’elle est plutôt une manifestation de sa puissance qui permet, par l’Esprit, de restaurer l’image de Dieu en nous. C’est l’Esprit qui nous fait grandir à la ressemblance du Fils de Dieu alors que nous dépendons constamment de son œuvre expiatoire pour nous.

La perfection chrétienne, c’est exactement ça : nous grandissons chaque jour dans la grâce afin de ressembler à Jésus (1 P 2.1-3,21 ; 1 Jn 2.6), tout en plaçant notre foi exclusivement dans la grâce expiatrice de Christ, par laquelle nous obtenons l’assurance de notre salut (1 Jn 2.1,2). Ces deux aspects de la vie chrétienne ne doivent pas être confondus l’un avec l’autre. De nombreuses raisons justifient notre besoin de développer un caractère semblable à celui du Christ ; l’une des plus importantes d’entre elles, c’est sans doute de rendre notre service envers nos semblables beaucoup plus efficace (1 Jn 4.11 ; 1 P 2.12). Les incroyants verront alors notre « bonne conduite en Christ » et éprouveront de la honte (1 P 3.16). Pierre ajoute : « [Q]ue chacun de vous mette au service des autres le don qu’il a reçu » (1 P 4.10). Telle est notre réponse reconnaissante, poussée par l’Esprit, à la grâce de Dieu qui nous accorde la vie éternelle par son Fils.


Ángel Manuel Rodríguez, maintenant à la retraite, a servi en tant que pasteur, professeur, et théologien.