Jésus, ma justice

Méditations spirituelles 07/10/2020

Par Gerhard Pfandl, originaire d’Autriche, a servi en tant que pasteur, professeur de Bible, secrétaire itinérant, et directeur adjoint de l’Institut de recherche biblique. Il profite d’une retraite active à Burtonsville, au Maryland, aux États-Unis, et est très engagé dans sa congrégation locale. Publié dans la revue Adventist World du mois de Décembre 2019.

Romains 3.28 est un texte clé dans la lettre de Paul aux Romains : « Car nous pensons que l’homme est justifié par la foi, sans les œuvres de la loi. » Lorsque Martin Luther traduisit ce texte en allemand, il ajouta le mot « seule » au mot « foi ». Ainsi va sa traduction : « Car nous pensons que l’homme est justifié par la foi seule, sans les œuvres de la loi. » Bien que le mot « seule » ne se trouve pas dans le texte grec, sa traduction est théologiquement correcte.

Pour Luther, la justification– ou justification par la foi – était l’article par lequel l’Église se tient debout ou s’effondre. La justification, sola fide (par la foi seule), était pour lui, et devrait l’être pour nous, l’Évangile. Si l’Église ne prêche pas ce message, elle échoue dans sa mission. En 1889, Ellen White a écrit : « Pas une personne sur cent ne comprend et n’applique la vérité biblique sur [la justification par la foi] (1). »

Les choix de Dieu

Le plan du salut inclut trois éléments : la justification, la sanctification, et la glorification. Après la chute d’Adam et d’Ève, Dieu eut trois possibilités. Premièrement, il aurait pu les laisser mourir. C’est là la justice sans la miséricorde. Deuxièmement, il aurait pu simplement leur pardonner. C’est là la miséricorde sans la justice. Mais parce que Dieu est non seulement juste mais aussi miséricordieux, il a choisi la troisième possibilité, soit combiner la justice et la miséricorde. En condamnant à mort les pécheurs, Dieu est juste. En subissant leur mort en la personne de son Fils Jésus, il est miséricordieux.

Sur la croix, Jésus mourut pour l’humanité entière, pour que nous puissions vivre (Jn 3.16). C’est là la bonne nouvelle. Dieu ne vient pas à nous avec des demandes, mais avec un don, le don du pardon, parce que « le pardon et la justification sont une seule et même chose » (2). Par la foi, nous acceptons ce don. La foi est la main qui accepte ce don. Elle est le moyen que Dieu a choisi pour nous imputer sa justice, c’est-à-dire pour mettre sur notre compte la justice du Christ. La justice du Christ est la vie parfaite, sans péché du Christ, et sa mort. Par conséquent, lorsque je dis que la justice du Christ nous est imputée, je veux dire que :

  • sa vie est considérée comme étant la nôtre ;
  • ses bonnes œuvres sont considérées comme étant les nôtres ;
  • sa mort est comptée comme étant la nôtre.

Sa vie et sa mort nous sont attribuées et reconnues comme étant les nôtres. Y a-t-il quelque chose que nous devions faire ? Oui. Nous devons l’accepter. Si nous ne pouvons ajouter quoi ce soit à la justice du Christ, en revanche, nous devons l’accepter. Et comment indiquons-nous notre disposition à l’accepter ? Par la confession et la repentance (1 Jn 1.9). Si nous nous repentons sincèrement, nous recevrons le don de Dieu. La merveilleuse nouvelle, c’est que même notre repentance est l’œuvre de Dieu en nous (Rm 2.4).

Jésus et la loi

Dieu « veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (1 Tm 2.4). Par conséquent, « [c]elui qui n’a point connu le péché, il l’a fait devenir péché pour nous, afin que nous devenions en lui justice de Dieu » (2 Co 5.21). Quelle est la justice de Dieu ? Ses bonnes actions, ses œuvres parfaites, parce qu’il est parfait (Mt 5.48). De ce fait, seule une obéissance parfaite à la loi est acceptable pour Dieu. Personne ne peut rendre cela au Créateur, si ce n’est Christ. Il a vécu une vie parfaite, sans péché en pensées, en paroles, et en actes ; puis il a pris notre place sur la croix et est mort pour que nous puissions vivre.

Cette obéissance parfaite – sa justice, la seule justice que Dieu puisse accepter – nous est donnée si nous croyons. Elle nous est imputée, c’est-à-dire, mise sur notre compte. C’est la justification, ou justification par la foi ; c’est la façon dont nous devenons justes aux yeux de Dieu.

L’humanité et le don du salut

Est-ce à dire que nous n’avons rien à faire dans le plan du salut ? Non, pas du tout. Nous ne pouvons ajouter quoi que ce soit au don de justice du Christ – nous ne pouvons que l’accepter par la foi. Mais une fois que nous l’avons accepté, une fois que nous sommes pardonnés, une fois que nous sommes enfants de Dieu, nous devons nous cramponner au don de la justice parce que nous pouvons le perdre de nouveau. « Une fois sauvé, toujours sauvé » n’est pas un enseignement biblique. Le Nouveau Testament nous exhorte constamment à retenir ce que nous avons (Ap 3.11 ; voir He 3.14 ; 1 Co 15.1,2), et à demeurer « inébranlables dans la foi » (Col 1.23). C’est là que l’obéissance entre en scène.

La justification, c’est l’œuvre du Christ pour nous sur la croix et dans le sanctuaire céleste. C’est une œuvre qui se fait à l’extérieur de nous ; c’est un changement de statut : nous devenons enfants de Dieu. La sanctification, c’est l’œuvre du Christ en nous par le Saint-Esprit. La sanctification nous transforme à la ressemblance de Christ. Elle change nos habitudes, nos désirs, notre caractère. Par la
sanctification, Christ nous recrée et nous qualifie pour le ciel. « La justice qui nous justifie est imputée ; celle qui nous sanctifie nous est communiquée. La première nous donne le droit d’entrée dans le ciel, la seconde nous qualifie pour y demeurer (3). »

À la question « Comment devenons-nous enfants de Dieu ? », la justification répond : « C’est un don de Dieu. » À la question « Comment demeurons-nous enfants de Dieu ? », la sanctification répond : « En obéissant par Jésus. » Le Seigneur œuvre en nous. C’est là que le bon combat de la foi se livre ; que la bataille entre l’esprit et la chair, l’ancien et le nouveau, prend place, non pour obtenir le salut, mais pour le conserver.

La justification et la sanctification sont deux composantes d’importance égale du plan du salut. Celui que Dieu justifie, il le sanctifie aussi. L’un sans l’autre est impossible. En d’autres termes, nous sommes sauvés par la foi seule, mais la foi qui sauve n’est pas seule, parce qu’elle produit les fruits de la justice, ou bonnes œuvres.

Exemples pratiques

Dans la parabole dans Luc 18.10-14, le pharisien se reposait sur sa propre justice. Le publicain, lui, reconnut sa culpabilité, et fut justifié par Dieu.

Voici un exemple plus moderne : au 18e siècle, John Newton, un marin impie, était un marchand d’esclaves. Il entraîna de nombreux hommes dans le péché. À un certain moment, il passa lui-même par l’esclavage en Afrique. Au plus creux de sa vie, Dieu toucha son cœur, si bien qu’il devint chrétien et ministre de l’Évangile. Il écrivit de nombreux livres et cantiques. On se souvient le plus de lui en raison de son cantique « Grâce étonnante », lequel exprime son expérience personnelle : « Grâce étonnante ! Qu’il est doux le son qui a sauvé un infortuné comme moi ! Avant j’étais perdu, mais maintenant je ne le suis plus ; j’étais aveugle, mais maintenant je vois. » C’est ça l’Évangile – l’amour de Dieu, son don de justice.

C’était le message de John Newton au 18e siècle. C’était le message de Paul au 1er siècle. C’est le message que nous devons prêcher aujourd’hui – l’amour de Dieu, la grâce de Dieu, son don de justice qui peut être nôtre par la foi.


(1) Ellen G. White, Messages choisis, vol. 1, p. 421.

(2) Idem., La foi et les œuvres, p. 137.

(3) Idem., Messages à la jeunesse, p. 32.