Jésus et la doctrine : indissociablement liés

Méditations spirituelles 21/12/2021

Par : Clinton Wahlen, directeur adjoint de l’Institut de recherche biblique de la Conférence générale, article publié sur la revue Adventist World, décembre 2021, page 18 et 19

La doctrine… Ce terme, il faut bien l’admettre, n’est pas très populaire aujourd’hui. Il existe des mouvements qui veulent minimiser la doctrine et mettre l’accent uniquement sur Jésus. Pour certains, la doctrine évoque l’idée de credo religieux froids, de traditions ressassées, de discours ennuyeux, et de « relecture ».

Alors que certains prétendent que Jésus et la doctrine ne doivent pas, ne peuvent pas être évoqués d’un même souffle, les Écritures, elles, indiquent clairement que Jésus et la doctrine – c’est-à-dire Jésus et ses enseignements – sont inséparables. Enlever l’un, c’est enlever les deux 1.

Presque tout ce que nous savons sur Jésus provient de la Bible, en particulier des Évangiles et du reste du Nouveau Testament. Et une grande partie de ce contenu consiste en ses enseignements. Le lecteur attentif des Évangiles reconnaît qu’ils sont saturés des enseignements de Jésus, et qu’il est impossible de séparer ce que Jésus a fait de ce qu’il a enseigné, car sa vie entière est un cahier de leçons. Si nous ne connaissons pas et n’acceptons pas les enseignements de Jésus, comment pouvons-nous vraiment prétendre le connaître ?

L’Église primitive accordait une place importante à la doctrine – ce qui peut en surprendre certains. Les milliers de baptisés le jour de la Pentecôte « persévéraient dans l’enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle […] » (Ac 2.42). C’est de Jésus lui-même qu’ils ont appris cette emphase sur la doctrine (voir Lc 24.27,44).

CHAQUE DOCTRINE EST CENTRÉE SUR LE CHRIST

Il nous est dit : « Toute vraie doctrine fait du Christ son centre, tout précepte tire sa force de ses paroles 2. » Certains pourraient se demander si l’on peut vraiment dire ça de chacune des doctrines des adventistes. Examinons-en trois à titre d’exemple, pour montrer comment Jésus est au cœur de chacune d’elles 3.

Le reste. Jésus est-il vraiment au centre de notre doctrine du reste ? Absolument ! Gardons à l’esprit que le livre entier de l’Apocalypse a été révélé à Jean par Jésus (Ap 1.1). Par conséquent, Jésus nous enseigne quelles sont les deux caractéristiques distinctives du reste – ils « gardent les commandements de Dieu et […] ont le témoignage de Jésus » (Ap 12.17). Plusieurs autres passages décrivent en termes symboliques les événements qui ont conduit à la naissance du reste (Ap 10.1-11.1), et le message que le reste proclame (Ap 14.6-12 ; 18.1-4). En substance, ce message, lequel comprend « l’Évangile éternel », applique le mandat évangélique confié aux premiers chrétiens (Mt 28.18-20) à un contexte de fin des temps. Il précise également que « la foi de Jésus » est le seul moyen pour eux de garder les commandements de Dieu (Ap 14.12). Dans ce verset, Jésus répond à une question qu’il avait posée à l’époque sans toutefois y répondre : « Mais, quand le Fils de l’homme viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » (Lc 18.8) Il y aura donc un peuple de foi sur la terre – un reste qui vit pour assister au retour de Jésus (voir Ap 14.14-16), comme il a été révélé à Jean, soit ceux « qui gardent les commandements de Dieu et la foi de Jésus » (Ap 14.12).

Le sabbat. Le sabbat est un élément crucial de ce message final, car il nous est commandé d’adorer « celui qui a fait le ciel, et la terre, et la mer, et les sources d’eaux » (Ap 14.7). Cette citation reprend presque mot pour mot le commandement du sabbat (voir Ex 20.11). Qui a créé toutes choses ? Selon le Nouveau Testament, c’est Jésus (Jn 1.3). « Car en lui ont été créées toutes les choses qui sont dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles, trônes, dignités, dominations, autorités. Tout a été créé par lui et pour lui. » (Col 1.16) C’est Jésus qui a achevé l’œuvre de la création en six jours et qui s’est reposé le septième jour (voir Gn 2.1-3). Selon l’Évangile de Jean, alors que Jésus a achevé son œuvre salvatrice sur la croix ce vendredi après-midi, il s’est écrié : « Tout est accompli » et s’est reposé dans le tombeau pendant le sabbat (Jn 19.30,31), ressuscitant des morts « le premier jour de la semaine » (Jn 20.1). Ainsi, le sabbat a été doublement béni par Jésus – d’abord à la création, puis à la croix. Loin d’être légaliste, l’observation du sabbat est la chose la plus centrée sur Christ et sur l’Évangile qui soit ! Cette observation symbolise le fait que, tout comme nous ne nous sommes pas créés nous-mêmes (Ps 100.3), nous ne pouvons pas non plus nous sauver nous-mêmes : « Il y a donc un repos de sabbat réservé au peuple de Dieu. Car celui qui entre dans le repos de Dieu se repose de ses œuvres, comme Dieu s’est reposé des siennes 4. » (He 4.9,10)

Le sanctuaire. Ainsi, l’observation du sabbat est une partie importante de l’Évangile éternel. Mais quel est son lien avec le ministère du Christ dans le sanctuaire céleste ? Pourquoi est-elle mise en évidence en tant que message de la fin des temps devant être proclamé juste avant le retour de Jésus ? Premièrement, ce message aboutit à un groupe qui « garde les commandements de Dieu et la foi de Jésus ». Deuxièmement, il dirige notre attention vers l’œuvre de jugement de Jésus (Ap 14.7 ; voir Jn 5.22) dans le lieu très saint du sanctuaire céleste où les commandements de Dieu sont conservés (Ap 11.19). Troisièmement, tous seront jugés par cette loi (Jc 2.12 ; Ec 12.13,14). Lorsque la question de la vraie adoration par rapport à la fausse adoration sera clairement mise en évidence, les sauvés à la fin des temps seront ceux qui adoreront Dieu « en esprit et en vérité » (Jn 4.24), ce qui sera démontré par leur observation du vrai sabbat, le sceau de Dieu (Ap 7.2-4 ; 14.1), tandis que les perdus, eux, adoreront la bête et recevront sa marque (Ap 14.9-11). Quatrièmement, l’œuvre de Jésus dans le sanctuaire céleste correspond à l’œuvre effectuée par le souverain sacrificateur le jour des expiations. Ce jour était le seul jour de l’année, autre que le sabbat hebdomadaire, où les Israélites devaient se reposer complètement de tout ouvrage (Lv 23.26-32). Tout comme le sabbat nous renvoie à l’œuvre de Jésus, chaque phase du ministère dans le sanctuaire terrestre renvoie à Jésus (voir 1 Co 5.7 ; 1 Jn 1.9 ; 2.1) ; chaque phase est l’œuvre de Christ et sa justice, et non la nôtre.

LA VÉRITÉ TELLE QU’ELLE EST EN JÉSUS

Certains pourraient étiqueter de « relecture » cette présentation de textes bibliques appuyant chaque doctrine. Mais il ne s’agit en réalité que de ce dont « [nous avons] été instruits en lui, conformément à la vérité qui est en Jésus » (Ep 4.21, SER). Sans une compréhension claire de cette « vérité telle qu’elle est en Jésus », nous n’avons qu’un christianisme superficiel et fort peu d’engagement authentique. C’est pourquoi, sur la route d’Emmaüs, au lieu de se contenter de dire aux disciples qui il était, Jésus s’est révélé à eux par le biais des Écritures (Lc 24.27). Il a cité des textes de l’Ancien Testament pour prouver ses dires, comme l’ont fait tous les auteurs du Nouveau Testament. Jésus et les apôtres étaient-ils en train de faire de la relecture ? Bien sûr que non, parce qu’ils citaient toujours les Écritures en harmonie avec son intention originale. En décrivant ces doctrines centrées sur Christ, nous avons simplement suivi la méthode d’interprétation des Écritures de Jésus pour montrer comment chacune d’elles gravite autour de lui.

La Bible entière est un témoignage de la personne de Jésus. Jésus est la Parole vivante de laquelle témoigne sa Parole écrite. Le seul moyen de distinguer le vrai Jésus d’un faux Jésus est « la parole de la vérité » (Ps 119.43 ; 2 Co 6.7 ; Ep 1.13 ; 2 Tm 2.15 ; Jc 1.18) inspirée par le Dieu de vérité, « chez lequel il n’y a ni changement ni ombre de variation » (Jc 1.17). C’est pourquoi Dieu nous exhorte à être fidèles à la Parole : « Efforce-toi de te présenter devant Dieu comme un homme éprouvé, un ouvrier qui n’a point à rougir, qui dispense droitement la parole de la vérité. » (2 Tm 2.15)


1 Cet article est une adaptation du chapitre de Clinton Wahlen dans le livre devant bientôt paraître, intitulé Prophetic Call to Faithfulness, © 2022, Review and Herald Publishing Association and Hart Research Center. Avec permission.

2 Ellen G. White, Testimonies for the Church, Mountain View, Calif., Pacific Press Pub. Assn., 1948, vol. 6, p. 54.

3 Une description des 28 doctrines bibliques soutenues par les adventistes du septième jour est disponible sur le site www.adventist.org.

4 Sauf mention contraire, toutes les citations des Écritures sont tirées de la version Louis Segond 1910.


Clinton Wahlen est directeur adjoint de l’Institut de recherche biblique de la Conférence générale.

    1 comments

  • | 25/12/2021 at 3:12 pm

    En échangeant avec un homme qui pense que l’a doration de Dieu est un acte qui doit s’accomplir tous les jours et pas seulement le sabbat,il se demandait est-ce que l’adoration “en esprit et en vérité ” n’impose pas de ne plus travailler. En effet, vous dites dans votre exposé “… les sauvés a la fin des temps seront ceux qui adorent Dieu “en esprit et en vérité “,ce qui sera démontré par leur observation du vrai sabbat…” Si je reste dans son raisonnement comment cela se vit-il?
    Maintenant qu’est-ce qu’adorer “en esprit et en vérité “? Merci d’avance pour vos explications
    Cordialement.