« Je t’en prie, multiplie nos cadeaux ! »

Méditations spirituelles 04/02/2021

Dick Duerksen | Adventist World Janvier 2021

Dans les hautes montagnes du Honduras se trouve un petit village niché entre les champs de canne à sucre – un village pauvre débordant d’enfants qui s’ennuient.

« Cet endroit est parfait pour une école biblique de vacances (EBV) !, lance le pasteur. Notre petite église dispose d’un espace ouvert où les enfants peuvent jouer. Nos enfants ont besoin de découvrir l’amour de Dieu. Pourriez-vous tenir une EBV dans notre village ? »

La directrice des voyages missionnaires pour l’École biblique de vacances se tient là, dans l’espace ouvert, imaginant 50 enfants jouant à des jeux bibliques et faisant du bricolage. Cette petite église est un endroit idéal ! Oui, son groupe d’ados bénévoles pourrait enseigner des chansons aux enfants et présenter des histoires bibliques.

« Je pense que ça va marcher, répond-elle au pasteur. Voyez si vos membres aiment l’idée, puis dites-nous combien d’enfants viendront pour que nous puissions planifier les bricolages et les cadeaux. »

La directrice a tenu des dizaines d’écoles bibliques de vacances pour des milliers d’enfants du monde entier. Cette EBV sera comme les autres, pense-t-elle. Ce sera un voyage missionnaire familial, il sera donc facile de recruter une douzaine d’ados pour les cinq jours de l’EBV.

« Il faut s’attendre à recevoir de 75 à 100 enfants », précise le pasteur. Elle planifie donc pour 150.

Crayons, bâtonnets d’artisanat en bois, papier de bricolage, gobelets et assiettes et carton ; costumes de temps bibliques et feuilles de chants en espagnol pour les ados ; et des centaines d’autres choses encore pour que le programme soit une réussite.

« N’oublie pas les cadeaux », se répète-t-elle, imaginant les sacs-cadeaux que les ados offriront à chaque enfant hondurien le dernier jour de l’EBV. La distribution des cadeaux est toujours le point culminant des programmes missionnaires de l’EBV. Parmi les cadeaux spéciaux offerts aux filles, on trouve une Bible, une poupée, un animal en peluche, un cahier à colorier en espagnol, des bonbons. Les garçons, eux, recevront une Bible, une voiture ou un camion miniature, un ballon, un masque rigolo, et des bonbons.

« Dieu a fait un miracle », me raconte la directrice de l’EBV alors que dimanche après-midi, l’équipe se rend au village de montagne. « Les douaniers ont demandé pourquoi nous apportions autant de matériel. Quand j’ai expliqué le programme de l’EBV et les cadeaux, ils ont ri et nous ont fait signe de passer. »

Les ados vérifient l’acoustique de l’église et le terrain de jeu extérieur, puis distribuent des invitations aux maisons du village. Tout est prêt pour le lundi après-midi.

La directrice et ses 12 ados assistants sont prêts à 13 heures. La musique est au point. Les costumes des temps bibliques sont ajustés. Le tableau de feutrines est prêt. La limonade aussi ! Alors, tous
les membres de l’équipe se donnent la main. Ils prient pour que de nombreux enfants s’inscrivent à l’EBV et pour que le programme soit couronné de succès.

À leur surprise, seuls 25 enfants s’inscrivent. Bien que déçus, les ados jouent de la musique, présentent l’histoire biblique, et servent le casse-croûte avec des sourires faisant penser à celui de Dieu. Alors que les enfants rentrent chez eux, les ados se donnent de nouveau la main, remercient Dieu pour ce bon lundi, et prient pour que d’autres enfants s’inscrivent le lendemain.

Mardi, 50 enfants se pointent. Mercredi, 70, et jeudi, une centaine !

« Bon, combien de sacs-cadeaux on prépare ? » demande l’un des ados. « Allons-y pour 150 », répond la directrice. On verra bien combien d’enfants Dieu nous enverra. »

Jeudi soir, tous les participants du voyage missionnaire passent quelques heures à préparer les sacs-cadeaux – 75 pour les garçons et 75 pour les filles. Tout est soigneusement mis dans ces sacs : d’abord les bibles, puis les voitures, les poupées, les animaux en peluche, et enfin, les bonbons. « Autant mettre les bonbons en dernier, lance l’un des ados, comme ça, les enfants ne perdront pas de temps à les chercher au fond des sacs. »

Vendredi, je me joins à l’EBV pour photographier les musiciens, les différents bricolages, et la distribution des cadeaux. Il y a plus de 150 enfants ; mais à l’heure de la distribution, nous en comptons 225. Aïe ! Il nous manque 75 cadeaux !

« Qu’est-ce qu’on va faire ? Pas évident de décider qui aura un cadeau, et qui repartira les mains vides ! Est-ce qu’on peut faire d’autres sacs-cadeaux en enlevant un certain nombre de choses des sacs déjà prêts ? » Nos ados sont inquiets.

« Entrons dans l’église et prions », dit la directrice. Nous la suivons tous dans le sanctuaire. Sa prière est simple et empreinte de confiance. « Seigneur, nous pensions avoir préparé assez de sacs-cadeaux, mais il en manque. Nous t’en prions, multiplie-les ! »

« Placez-vous en deux lignes, crie la  directrice aux enfants. Les gars de ce côté, les filles de l’autre. » Les enfants rayonnent d’enthousiasme. Les ados commencent à distribuer les cadeaux.

Je me tiens dans l’église et regarde les grandes boîtes en carton se vider rapidement. En écho à la prière de la directrice, je prie à mon tour : « Seigneur, s’il te plaît, multiplie les sacs ! »

Une ado prend le dernier lot de sacs-cadeaux. Ça y est. Les boîtes sont vides maintenant. Et il y a encore tant d’enfants…

« Voici d’autres sacs-cadeaux », dit un jeune Hondurien en lui remettant, tout sourire, un sac à ordures en plastique noir. La jeune fille s’approche, ramasse les sacs-cadeaux, et aidée des autres ados, les distribue à ceux qui n’ont pas encore reçu le leur.

« Regarde, il y en a d’autres dans l’église ! » Le jeune homme lui remet deux autres grands sacs à ordures, tout pleins de sacs-cadeaux soigneusement préparés.

Quelques instants plus tard, la distribution de cadeaux se termine. Deux cent vingt-cinq enfants sont assis là, devant l’église, jouant avec des poupées et des voitures, mangeant des bonbons et riant joyeusement.

« Il y a eu juste assez de sacs cadeaux, murmure la directrice. D’où sont venus les autres ? »

« Ils étaient dans de grands sacs à ordures en plastique empilés dans un coin de l’église », répond un ado.

«Mais nous n’avons pas mis les cadeaux dans des sacs en plastique ! » s’écrie un autre ado.

« Qui les a trouvés ?, » demande un autre.

« Un jeune Hondurien nous les a apportés, explique l’un d’entre eux. Il se tenait juste là, avec un grand sourire. Vous ne l’avez pas vu ? »

Si, nous l’avons vu. Nous avons remarqué son sourire. Nous avons distribué joyeusement les cadeaux qu’il nous a donnés. Mais maintenant, il est parti. Personne ne sait qui il est, où il a pris les sacs-cadeaux, ni où il s’en est allé.

Tout le monde se tait. Et soudain, nous savons.


Dick Duerksen, pasteur et conteur, habite à Portland, en Oregon, aux États-Unis.