J'appartiens à un autre monde

Méditations spirituelles 29/06/2023

Par Carlos Humberto Campitelli | Revue Dialogue, 2021, numéro 33-3, p. 20-22

Les adventistes du septième jour sont appelés à être des ambassadeurs du ciel. Ce titre implique davantage que les apparences, ou même, que le comportement. Ici, on parle d’être. Mais l’être doit toujours précéder le faire. La clé consiste à trouver et à comprendre qui on est en Christ, et à qui on appartient.

En écrivant à l’église de Corinthe, Paul utilise l’expression « ambassadeur » pour décrire le statut, le rôle, et la mission du chrétien. L’apôtre écrit : « Nous faisons donc les fonctions d’ambassadeurs pour Christ, comme si Dieu exhortait par nous ; nous vous en supplions au nom de Christ : Soyez réconciliés avec Dieu1 ! » (2 Co 5.20) Si ce titre d’ambassadeur de Dieu est un immense privilège, en revanche, il implique une grande responsabilité. Être ambassadeur de Christ, c’est un appel à représenter sa vie, son amour, son message, sa mission et sa passion pour les âmes perdues. Être un chrétien, c’est être le représentant de Christ en toutes choses.

Ainsi, Christ nous appelle à être dans le monde tout en n’étant pas du monde. C’est là tout un défi ! Être dans le monde est chose temporaire, éphémère ; en revanche, appartenir à un autre monde est une décision. Penchons-nous maintenant sur cinq questions liées au titre d’ambassadeur de Dieu.

1. Comment résister à la pression de se conformer au monde ?

Les Écritures nous donnent le conseil suivant : « Ne vous conformez pas au siècle présent » (Rm 12.2). Se conformer au monde, c’est laisser l’idéologie, les priorités et les coutumes de ce monde contrôler et guider nos paroles et nos actes, même si ces idéologie, priorités et coutumes nous servant de guides manquent de discipline et ne se conforment pas aux exigences des Écritures. Ceux qui « se conforment » au monde permettent aux pressions extérieures, aux idéologies populaires et aux normes que la société considère comme idéales – alors qu’elles sont contraires à la volonté de Dieu – de contrôler leur vie. Le même texte qui nous avertit de ne pas nous conformer au monde y va aussi de cette supplication : « [M]ais soyez transformés par le renouvellement de l’intelligence, afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait. » Ceux qui se sont engagés envers Christ manifestent dans leur vie certaines caractéristiques fondamentales. En voici quelques-unes.

  • Même si la vie n’est pas facile, ils sont joyeux parce qu’ils ne se conforment pas aux normes du monde.
  • Ils sont fidèles, quelles que soient les conséquences. Comme quelqu’un l’a dit, « La foi est fondée sur la connaissance de Dieu et de ses promesses, et non sur des arguments rationnels ».
  • Ils obéissent à Dieu en réponse à son amour parce qu’ils savent qu’il fera ce qui est le mieux pour eux. Leur modèle de foi n’est pas un modèle commercial du genre : « Nous obéirons à Dieu s’il nous récompense en retour. » Ce modèle est, au contraire, le modus operandi de Satan – un modèle dont il s’est servi pour tenter Jésus dans le désert : « Je te donnerai toutes ces choses, si tu te prosternes et m’adores. » (Mt 4.9)
  • Ils savent que les périodes de grande adversité sont aussi des périodes de grande occasion, comme celle de pouvoir présenter l’amour de Dieu à ceux qui ne savent pas ce que c’est.
  • Ils sont résilients et persévérants – ils résistent aux revers et vont de l’avant pour accomplir fidèlement leur mission.

2. Comment pouvons-nous être des ambassadeurs chré- tiens au milieu du pluralisme, de la polarisation et de la diversité ?

S’opposer au racisme, à la violence sous toutes ses formes ou à tout autre acte d’injustice fait partie de notre devoir de chrétien. Cependant, nous ne pouvons pas défendre naïvement des causes justes qui ont été détournées par des groupes ayant des ordres du jour différents, souvent anti-chrétiens.

Nous voyons ici une vieille tactique que bien des gens utilisent de façon magistrale : diviser pour mieux régner. Par le passé, il y avait dichotomie entre « riches et pauvres », « hommes et femmes », « blancs et noirs ». Mais nul besoin de devenir des marxistes – et nous ne le devons pas – pour prêcher la justice sociale, car la Bible le fait déjà ! Nul besoin de nous déclarer féministes pour prêcher des droits équitables pour les deux sexes ! Nul besoin de militer pour des mouvements antiracistes cooptés par des ordres du jour politiques pour défendre l’égalité entre les groupes ethniques ! Dans certains mouvements sociaux militants, si l’on n’adhère pas aux solutions exactes qu’ils préconisent, on est étiqueté comme étant dans l’erreur et ennemi. En fait, on peut même être considéré comme une cible pour un lynchage virtuel ou même réel.

À la lumière d’un paysage aussi désolant, il existe cepen- dant une issue dans la Parole de Dieu. L’enseignement biblique créationniste est la solution à tous les maux de l’hu- manité, car au pied de la croix, les êtres humains embrassent leur ascendance commune, soit descendants d’« Adam, fils de Dieu » (Lc 3.38), et ainsi, deviennent égaux.

Qu’est-ce que Jésus attend de nous ? « Le Christ fait appel à des volontaires disposés à s’engager sous son drapeau et à dresser l’étendard de la croix devant le monde2. »

3. Sur quoi fondons-nous nos choix ? Agissons-nous de la même manière dans le monde virtuel que dans le monde réel ?

La vérité, c’est que souvent, ce n’est pas le cas. En effet, les mêmes personnes qui rejettent un manque d’authenticité peuvent aussi devenir prisonnières d’une culture des apparences. Parfois, nous accordons plus de valeur à l’éthique de la personnalité qu’à l’éthique du caractère, si bien que les apparences finissent par être plus importantes que l’être réel.

Certaines personnes deviennent esclaves du faire tout en minimisant l’être. Mais l’être doit toujours passer avant le faire. La vie d’un ambassadeur doit être constamment focalisée sur l’être. La clé consiste à trouver et à comprendre qui nous sommes en Christ, à qui nous appartenons, et où nous allons. Si nous décidons de vivre en accord avec ces réalités ultimes, il n’y aura pas de divergence entre notre profil virtuel et notre personne réelle.

En fait, nombreux sont ceux qui ne se sont pas contentés de vivre une double vie. Ce qu’ils sont dans la vie réelle, ils le sont aussi dans le monde virtuel. Vivre une telle vie est extraordinairement libérateur et puissant ! Notre influence sera encore plus significative si nous nous appliquons à demeurer en Christ et à nous conformer à son plan pour nos vies.

Les bons disciples génèrent davantage de disciples que de simples adeptes ; les vrais chrétiens génèrent davantage de chrétiens que d’adeptes. Il est donc temps de relever le défi d’être un avec Christ, partout et à chaque instant – dans la vie réelle et dans les relations.

4. En tant qu’ambassadeurs, comment devrions-nous utiliser nos réseaux sociaux ?

Chacun d’entre nous devrait utiliser son réseau social en tant qu’ambassadeur du Roi de l’univers. Les réseaux sociaux sont utilisés pour établir des relations et pour obtenir des résultats. On dit que nos téléphones portables sont une extension de nos bras. La vérité, c’est que les réseaux sociaux sont une extension de ce que nous avons dans notre cœur.

Jésus a dit à Pierre qu’il allait devenir un pêcheur d’hommes (Lc 5.10). Pour pêcher, il nous faut des filets, et pour pêcher des êtres sociaux, il nous faut des filets sociaux. Dans le monde d’aujourd’hui, nous pouvons bien paraphraser les paroles de Paul dans 1 Corinthiens 10.31 et créer un réseau social à la gloire de Dieu : « Soit donc que vous utilisiez Facebook, Twitter, soit que vous utilisiez Instagram, TikTok, soit que vous utilisiez quelque autre chose, faites tout pour la gloire de Dieu. »

5. Comment les principes, plutôt que de simples préfé- rences, se reflètent-ils dans notre identité et notre être ?

Les gens discutent et débattent de nombreuses choses – tant sur les réseaux sociaux que dans les conversations personnelles. Certains excellent dans l’expression de leurs opinions et sont prêts à argumenter et à se battre pour n’importe quelle idée, biblique ou non. Trop souvent, le langage populaire l’emporte sur les conseils de la Parole de Dieu. Mais qu’est-ce qui a le plus de poids dans nos prises de décisions : la préférence ou le principe ?

Souvent, la préférence se fonde sur ce que nous aimons, souhaitons ou croyons être le meilleur, selon nos critères person- nels. En d’autres termes, elle se fonde sur le moi et sur ce que le moi préfère, comme on peut le lire dans le livre des Juges : « Chacun faisait ce qui lui semblait bon. » (Jg 21.25) Samson en est un bon exemple. Il a donné libre cours aux convoitises de la chair plutôt que de se conformer aux exigences de la loi de Dieu. Le problème le plus grave de Samson, c’est qu’il vivait non pour plaire au Seigneur, mais pour se livrer aux plaisirs. Ellen White a bien décrit ce phénomène : « Dieu a promis la sagesse aux hommes qui mettent sa volonté au-dessus de tout, et non à ceux qui sont résolus à suivre leurs caprices3. »

La Bible cite de nombreux exemples de personnes qui ont pris des décisions fondées sur les principes. Considérez le choix de Joseph d’être du côté de Dieu plutôt que de choisir la voie facile du plaisir avec la femme de Potiphar (Gn 39.7-9). Pour Joseph, le principe de l’obéissance à Dieu était préférable aux plaisirs temporaires qui se présentaient à lui. « [Joseph] savait quelle serait la conséquence de sa résistance. D’un côté se plaçaient la duplicité, mais aussi la faveur et les récompenses ; de l’autre, la disgrâce, la prison, la mort peut-être. Toute sa carrière future dépendait de sa décision. Joseph restera-t-il fidèle à ses principes et à son Dieu ? […] Sa décision est prise. Quelles qu’en soient les conséquences, il ne trahira ni la confiance de son maître terrestre, ni sa foi envers son Maître céleste4. »

C’est sur la base de ce principe que Joseph a fait son choix : « Comment ferais-je un aussi grand mal et péche- rais-je contre Dieu ? » (Gn 39.9)

Lorsque le principe se fonde sur ce que Dieu dit, sur ce qu’il ordonne et sur sa volonté, on peut être sûr qu’on suit le bon chemin. Mais comment peut-on connaître la volonté de Dieu si l’on ne passe pas de temps avec lui ? Comment peut-on comprendre la vérité si l’on ne réserve aucun temps pour la découvrir ?

Prendre la Bible et essayer de l’adapter à nos goûts, c’est forcer Dieu à se conformer à nos préférences personnelles. Et c’est là que nous courons le danger de perdre notre identité biblique. En tant qu’adventistes, nous avons un message pour le « temps de la fin ». Ce message, lequel se trouve dans Apocalypse 14.6-13, doit être vécu et proclamé à un monde qui aspire désespérément à entendre une voix d’espérance. Ce message nous appelle à reconnaître Dieu en tant que Créateur, à tout remettre à son Fils Jésus, et à lui rendre gloire parce qu’il est notre sauveur.

Voici donc la grande question que nous devons nous poser : sur quoi reposent nos choix ? L’histoire suivante nous servira d’exemple. Un jour, un homme monte dans sa voiture et se met à rouler à toute vitesse. Alors qu’il approche d’un coin de rue, il constate que le feu vient de passer au rouge. Il regarde à gauche, puis à droite… Personne ! Et il grille le feu rouge. Quelques secondes plus tard, il aperçoit le gyrophare d’une voiture de police. Après l’avoir fait se garer le long de la route, le policier l’interpelle.

« Dites donc, le feu était rouge, Monsieur ! Vous ne l’avez pas vu ? »

« Si, si, je l’ai vu, répond le conducteur, mais voilà, c’est vous que je n’ai pas vu ! »

Voilà ce qui se passe lorsqu’on fait passer la préférence avant le principe.

Ainsi, le principe est un élément clé dans l’édification du caractère. « Comme une ville forcée et sans murailles, ainsi est l’homme qui n’est pas maître de lui-même. » (Pr 25.28) Quand il n’y a pas de murs, peut entrer et sortir qui veut. Joseph a fait preuve de maîtrise de soi, mais Samson, lui, a préféré le plaisir aux principes. Joseph s’est finale- ment retrouvé gouverneur de l’Égypte, et Samson, lui, s’est retrouvé enseveli sous un tas de décombres (Jg 16.23-31).

C’est pourquoi, en matière de principe, gardons-nous de suivre aveuglément ce que font les autres ! Leur voix n’est pas forcément celle de Dieu. La Bible doit constituer notre unique fondement. Ses principes ne sont pas négociables. En matière de principes bibliques, il n’est jamais payant de tran- siger avec notre conscience. Dieu et ses principes ne changent jamais. En outre, Dieu est souverain (Ps 103.19) ! Ceux qui fondent leur vie sur les principes divins ont l’assurance que le Créateur ne les abandonnera jamais. Ils obéissent à Dieu en toute confiance et le laissent se charger des conséquences.

NOUS SOMMES DES AMBASSADEURS

Paul dit, à juste titre : « Mais notre cité à nous est dans les cieux, d’où nous attendons aussi comme Sauveur le Seigneur Jésus-Christ » (Ph 3.20). Si notre citoyenneté est là-haut, pourquoi passons-nous alors plus de temps à penser à l’ici et au maintenant ? Dieu nous appelle à rester bran- chés sur son royaume et sa justice, à être des ambassadeurs de Jésus dans tout ce que nous pensons et faisons. Agissons donc par principe et non par préférence, afin que Jésus puisse se refléter en nous !


Carlos Humberto Campitelli, titulaire d’une maîtrise en théologie pastorale de l’Institut adventiste d’enseignement supérieur de l’État de Bahia, au Brésil, est directeur du Ministère de la jeunesse et du Ministère de la musique de la Division sud-américaine des adventistes du septième jour, à Brasilia, au Brésil. Pour le contacter : carlos.campitelli@adventistas.org.


NOTES ET RÉFÉRENCES

1. Sauf mention contraire, toutes les citations des Écritures sont tirées de la version Louis Segond 1910.

2. Ellen G. White, Messages à la jeunesse, p. 21. Idem., Patriarches et prophètes, p. 550.

3. Ibid., p. 193.