Ils me feront un sanctuaire et j’habiterai au milieu d’eux

Méditations spirituelles 30/03/2022

Ted N. C. Wilson | Adventist World, mars 2022

Ce fut une nuit inoubliable – une nuit qui a traversé les siècles tel un symbole de délivrance et de triomphe. L’histoire bien connue, consignée dans Exode 14, raconte comment les enfants d’Israël, acculés à la mer Rouge, passèrent de l’horreur à l’extase lorsque Dieu les délivra de l’armée égyptienne qui les poursuivait : il ouvrit la mer Rouge, les fit traverser à pied sec jusqu’à l’autre rive, puis engloutit Pharaon et ses 600 meilleurs chars et cavaliers dans les eaux tumultueuses.

Après cette expérience absolument incroyable, le Saint-Esprit inspira à Moïse l’un des cantiques les plus sublimes des Écritures. Ce cantique, intitulé « Cantique de Moïse », commence ainsi : « Je chanterai à l’Éternel, car il a fait éclater sa gloire : il a précipité dans la mer le cheval et son cavalier. L’Éternel est ma force et le sujet de mes louanges : c’est lui qui m’a sauvé. » (Ex 15.1,2)

Ce cantique raconte l’histoire de la délivrance de Dieu et évoque de manière prophétique la conquête de Canaan : « Tu les amèneras et tu les établiras sur la montagne de ton héritage, au lieu que tu as préparé pour ta demeure, ô Eternel ! Au sanctuaire, Seigneur ! que tes mains ont fondé. » (v. 17)

C’est dans ce passage prophétique que les Écritures parlent pour la première fois d’un « sanctuaire », faisant référence ici au lieu saint du mont Morija, connu plus tard sous le nom de mont Sion. Elles se projettent aussi dans le temps où le peuple de Dieu habitera avec le Créateur dans la ville sainte – la nouvelle Jérusalem.

Jusque-là, cependant, Dieu désirait ardemment être avec son peuple. Ainsi, comme le rapporte Exode 25, il invita le peuple à apporter ses offrandes – « de l’or, de l’argent et de l’airain » (v. 3) – ainsi que de nombreux autres objets précieux (v. 4 -7), et dit à Moïse : « Ils me feront un sanctuaire, et j’habiterai au milieu d’eux. » (v. 8)

UN LIEU DE RÉSIDENCE

Ce sanctuaire ne devait pas être une invention humaine. Dieu lui-même fournit le modèle qu’ils devaient suivre, en donnant des détails très précis (Ex 25-28). Cette « demeure » spéciale reçut le nom de « sanctuaire du désert ». Calqué sur le modèle du sanctuaire céleste, le sanctuaire terrestre servait d’illustration vivante du plan du salut – chaque aspect de ses services, chaque détail de son mobilier, chaque article lié au sacerdoce des prêtres étant riche de sens. Il fut conçu pour révéler au monde qu’un jour, Christ mourrait sur la croix pour nos péchés, et que le péché serait finalement transféré sur celui qui le mérite – Satan. Ainsi, à travers le service du sanctuaire terrestre, Dieu a montré au monde comment Christ allait traiter le problème du péché et s’occuper du jugement.

Des centaines d’années après l’instauration du sanctuaire dans le désert, Asaph, musicien et chef de chœur du roi David, fit référence au sanctuaire : « Ô Dieu ! tes voies sont saintes ; quel dieu est grand comme Dieu ? Tu es le Dieu qui fait des prodiges » (Ps 77.14,15).

La signification du sanctuaire est un thème qui se retrouve dans de nombreux Psaumes. « Que l’Éternel t’exauce au jour de la détresse […] ! Que du sanctuaire il t’envoie du secours, que de Sion il te soutienne ! Qu’il se souvienne de toutes tes offrandes, et qu’il agrée tes holocaustes ! » a écrit David (Ps 20.1-3). Et dans Psaumes 96.6, nous lisons : « La splendeur et la magnificence sont devant sa face, la gloire et la majesté sont dans son sanctuaire. »

Les services accomplis dans le sanctuaire du désert se poursuivirent dans le temple de Salomon, et plus tard, dans ce qu’on appela le « second temple », lequel fut reconstruit après la captivité babylonienne longue de 70 ans.

LE TYPE RENCONTRE L’ANTITYPE

C’est dans ce complexe du temple, considérablement agrandi par Hérode le Grand, que Jésus assista pour la première fois aux cérémonies impressionnantes du sanctuaire. « Il aperçut les prêtres vêtus de blanc accomplissant leur ministère solennel. Il vit la victime sanglante sur l’autel du sacrifice. Il se prosterna pour prier avec les autres adorateurs tandis que la nuée d’encens montait vers Dieu. Il assista aux rites si impressionnants du service pascal. Et de jour en jour il en comprit mieux la signification. Chaque acte lui paraissait lié à sa propre vie. […] Le Sauveur commençait à percer le mystère de sa mission1. »

Vingt-et-un ans après cette première visite au temple, Christ s’offrit lui-même en tant qu’agneau pascal. Le type rencontra l’antitype ; le rideau du temple fut déchiré de haut en bas (voir Mt 27.51), indiquant ainsi que l’objectif des services du sanctuaire terrestre était atteint, et que ceux-ci n’étaient désormais plus nécessaires.

LE MINISTÈRE DU SOUVERAIN SACRIFICATEUR

Après sa résurrection, Jésus monta au ciel et entra dans son ministère de Médiateur en intercédant pour nous en tant que Souverain sacrificateur. Dans Hébreux 4.14-16, nous lisons : « Ainsi, puisque nous avons un grand souverain sacrificateur qui a traversé les cieux, Jésus, le Fils de Dieu, demeurons fermes dans la foi que nous professons. Car

nous n’avons pas un souverain sacrificateur qui ne puisse compatir à nos faiblesses ; au contraire, il a été tenté comme nous en toutes choses, sans commettre de péché. Approchons-nous donc avec assurance du trône de la grâce, afin d’obtenir miséricorde et de trouver grâce, pour être secourus dans nos besoins. » Tel fut le résultat salvateur de la croix. Nous lisons dans Hébreux 6.19 que Christ pénétra « au-delà du voile » (NBS) dans le lieu saint, faisant son travail de médiation pendant 18 siècles. Puis, selon la prophétie de Daniel 8.14 – « Deux mille trois cents soirs et matins ; puis le sanctuaire sera purifié » – il entra dans le lieu très saint pour entreprendre son œuvre de jugement finale et de ministère en notre faveur.

« Pendant dix-huit siècles, Jésus a exercé son sacerdoce dans la première pièce du sanctuaire ; son sang a plaidé en faveur des croyants repentants, assurant leur pardon et leur réconciliation avec le Père. Cependant, leurs péchés subsistaient encore dans les registres du ciel. De même que dans le culte mosaïque l’année se terminait par un acte de propitiation, de même le ministère du Sauveur pour la rédemption des hommes est complété par une œuvre d’expiation ayant pour but d’éliminer les péchés du sanctuaire céleste. Cette œuvre commença à la fin des deux mille trois cents jours. À ce moment, selon la prophétie de Daniel, notre souverain sacrificateur entra dans le lieu très saint, où il s’acquitta de la dernière partie de sa mission sacrée : la purification du sanctuaire2. »

Nous vivons actuellement à l’heure de l’œuvre finale du Christ – la purification du sanctuaire, le jugement. La doctrine du sanctuaire et le jugement sont des raisons théologiques importantes pour lesquelles les adventistes sont engagés dans la mission. Bientôt, Christ reviendra et infligera à Satan le châtiment final. Le sang de Jésus-Christ – notre sacrifice sur la croix, et le ministère de Jésus-Christ – notre souverain sacrificateur dans le sanctuaire céleste, n’ont qu’un seul but : nous amener, vous et moi, et tous ceux qui se soumettent à lui, à confesser nos péchés, à l’accepter comme notre sauveur, à être réconciliés avec Dieu, et à avoir la vie éternelle. Si nous connaissons l’Agneau, si nous connaissons le Souverain sacrificateur, si nous connaissons le Roi qui vient, alors, nous n’avons pas à craindre le jugement !


1 Ellen G. White, Jésus-Christ, p. 61.
2 Idem., La tragédie des siècles, p. 456.


Ted N. C. Wilson est le président de l’Église adventiste du septième jour. Des articles et des commentaires supplémentaires sont disponibles depuis le bureau du président sur Twitter : @pastortedwilson, et sur Facebook : @PastorTedWilson.