Histoires et prédication : Qu’en dit Jésus ?

Méditations spirituelles 26/07/2021

Entrevue à Lael Caesar | Adventist World | juillet – août 2021

Lael Caesar, rédacteur adjoint, s’est entretenu avec Noah Washington, pasteur adjoint de l’Église adventiste Emmanuel-Brinklow, à Ashton, au Maryland, au sujet d’histoires et de prédication. À l’occasion, un mot ou une phrase entre parenthèses rend explicites les sous-entendus percutants du pasteur Washington. –– La rédaction

Qu’est-ce qui vous a amené au ministère évangélique ?

J’avais 7 ou 8 ans. Alors que le pasteur C. D. Brooks prêchait son sermon intitulé « Restez dans le bateau ! », j’ai entendu une voix me dire : « Fais ce qu’il dit. » Et je me suis mis à regarder autour de moi pour voir qui avait bien pu me dire ça. Tous les auditeurs, remués à fond par le sermon, pleuraient. C’est à ce moment-là, à cet âge-là, que j’ai senti que Dieu m’appelait au ministère.

À l’Académie Pine Forge, Dieu s’est occupé de moi et a affûté certaines compétences ; j’étais comme ci, comme ça – certaines choses n’étaient guère plus que des nouvelles bricoles pour moi. Quand je suis arrivé à Oakwood, je me suis, en quelque sorte, adapté.

Sur le plan physique, vous avez été éprouvé, n’est-ce pas ?

Oui. En été 2009, j’ai contracté la maladie de Lyme. Le chemin vers la guérison a été difficile. Mais un jour, alors que je pleurais dans mon coin – je ne voulais surtout pas que ma famille me voie – j’ai allumé la télévision. Et j’y ai entendu Wayman Tisdale1 dire : « Je suis là pour vous dire qu’avec l’aide de Dieu, on peut tout surmonter dans la vie. »

Et ça a fait tilt ! J’ai décidé sur-lechamp que, même si je passais par des moments très sombres et des épreuves extrêmement pénibles, j’essaierais de ne pas lâcher et de persévérer.

Parlons un peu de votre prédication. Comment préparez-vous un sermon ?

En fait, je ne pense pas que je puisse bien prêcher. Je m’en tiens simplement à la philosophie suivante : si ce que je vais dire n’a pas de sens pour moi, ça n’en aura pour personne. Donc, pendant que je planche sur un sermon, Dieu y met son grain de sel. Et comme la plupart des êtres humains, je n’aime pas ça. Mais l’Esprit de Dieu m’a dit : « Noah, prêche l’Évangile tout entier. Prêche des choses qui sont encore en chantier dans ta propre vie. »

Je vois ! Comme vous vous en souvenez peut-être, lorsque j’ai cherché quelqu’un pour réaliser cette entrevue – quelqu’un qui excelle dans la prédication narrative, je ne vous connaissais pas. C’est à ma demande qu’on m’a donné votre nom. Qu’est-ce que les histoires ont à voir avec la prédication ? Et qu’apportent-elles à la vôtre ?

Réflexion faite, je pense que les histoires ont totalement rapport avec la prédication, et ce, pour deux raisons. Premièrement, c’était la méthode d’enseignement du Christ. Le Seigneur utilisait des choses communes pour les gens de l’époque – les lys des champs, etc. – des choses extrêmement familières de la vie de tous les jours, pour communiquer la vérité de l’Évangile, n’est-ce pas ? Ainsi, en premier lieu, les histoires sont importantes parce que c’est cette méthode d’enseignement que Jésus utilisait – un homme avait deux fils ; il y avait 10 vierges, cinq sages et cinq folles, etc.

Deuxièmement, il n’est aucune personne en vie – et si elle est en vie, je vérifierai son pouls ! – il n’est aucune personne en vie qui n’apprécie pas une bonne histoire.

C’est tout ?

Des gens deviennent millionnaires parce qu’ils tiennent un rôle dans une histoire, ou parce qu’ils écrivent une histoire qui fait un carton au cinéma ! Depuis le début de la pandémie actuelle, les gens regardent beaucoup plus de films. Comme ma femme a pris des vacances, nous avons regardé un bon film il y a deux jours. Le scénario m’a captivé dès le tout début. Je suis le genre de gars dont les sens sont exacerbés dès qu’on me dit : « Noah, il faut que tu voies ça, c’est une bonne histoire ! » Ainsi, alors que je m’apprête à regarder le film en question, tous mes sens sont en éveil. S’il n’est pas à la hauteur de la critique élogieuse, eh bien, compte tenu de ma déception, alors, mieux vaut ne pas m’en recommander un autre, n’est-ce pas ?

Chaque semaine, un homme ou une femme de Dieu prêche la Parole depuis la chaire. Son auditoire s’attend à une prédication édifiante. Il faut qu’il y ait une telle attente – une attente renforcée parce que quelqu’un a dit que l’histoire de Jésus est une bonne histoire ! Je pense donc que les histoires sont importantes non seulement parce qu’elles faisaient partie de la méthode du Christ, mais aussi parce que tout le monde aime une bonne histoire. Quel que soit l’âge, l’ethnie, la culture, tout le monde aime écouter une bonne histoire. Les histoires sont, à mon avis, un excellent moyen de communiquer l’Évangile.

Alors que vous cherchiez à vous définir, quels étaient vos héros ? Et que recommandez-vous à ceux qui lisent cette entrevue ? Des livres, ou autres sources du genre ?

Au cours de ma jeunesse, il était clair pour moi que C. D. Brooks était le cadeau de Dieu le plus extraordinaire sur terre. J’étais très heureux d’avoir une relation avec lui, d’avoir le privilège de lui demander son avis. Et puis, je ne sais pas s’il existait un meilleur prédicateur narratif, un meilleur conteur d’histoire que Walter Pearson Jr. Cet homme avait le don de faire d’une histoire toute simple un produit pour le grand écran ! Qu’est-ce qu’il racontait bien les histoires ! Chaque fois que je regardais son émission Breath of Life, j’étais rempli d’admiration 2.

Il y a eu aussi E. E. Cleveland–un grand homme spirituel. Et plus tard, le Dr John Trustee ; ses prédications m’ont vraiment interpelé. Enfin, un dernier nom : dans ma jeunesse, je suppose que la culture pastorale voulait que le pasteur qui prêchait soit distant de ses auditeurs. Et pour moi, le premier pasteur que j’ai connu qui m’a permis d’entrer dans sa vie, dans son cercle, c’est le pasteur Ronald Edmonds. Quand il prêchait, je me disais : « Ouah ! Ce type-là croit vraiment ce qu’il prêche ! » Je pense donc que c’est de l’oncle Ron – c’est comme ça que j’appelle le pasteur Edmonds – que j’ai acquis le dynamisme et la maîtrise de soi, la conviction et la passion.

Et les sources ?

Certain Sound of a Trumpet, de Samuel Proctor ; The Witness of Preaching, de Thomas Long. Dans le Sud [des États-Unis], on dit : « Il y a plusieurs façons de plumer un canard ». Je ne sais pas pourquoi ils plumaient les canards, mais The Witness of Preaching parle des différentes façons de concevoir un sermon pour atteindre davantage d’auditeurs. C’est un excellent livre !

Pasteur, pouvez-vous résumer tout ça pour nous ?

Quand on se tient devant le peuple, Dieu nous utilise littéralement pour communiquer sa volonté. Il utilise la prédication. Et c’est sans doute l’une des choses les plus humbles qu’un être humain puisse faire.


1 Un ancien joueur de basket-ball professionnel qui a été amputé d’une jambe en raison d’un cancer des os.
2 Breath of Life est un ministère télévisé en Amérique du Nord. C. D. Brooks en a été le premier orateur. Walter Pearson Jr lui a succédé, et Carlton Byrd anime actuellement cette émission.