FANATISME ET EXTRÉMISME

Méditations spirituelles 27/11/2020

Par Israel Leito, président de la Division Inter-américaine, publié dans la revue L’ancien, 4e trimestre (octobre-décembre) 2012

Tout au long de son histoire, l’Église adventiste a dû faire face à de nombreux mouvements fanatiques et extrémistes. Cependant, nous devons être très prudents sur ce sujet car nous ne pouvons étiqueter de fanatique ou d’extrémiste quelqu’un qui essaye sincèrement de vivre le mieux possible sa foi chrétienne.

À plusieurs reprises, Ellen G. White a dû insister sur ce sujet pour éviter que l’Église tombe dans des pratiques pouvant porter préjudice à son développement ou causer la perte des âmes. Pour faire face à ce danger, le Seigneur montra à sa servante comment différencier un fanatique et extrémiste d’un chrétien sincère. En particulier dans l’alimentation, même si cela pourrait s’appliquer à d’autres domaines de la vie chrétienne.

Pouvons-nous différencier un chrétien sincère d’un fanatique et extrémiste ?

Il existe de nombreuses personnes qui se disent chrétiennes alors qu’en réalité, elles sont guidées par un esprit de fanatisme et de critique. C’est pourquoi, la servante du Seigneur présente des caractéristiques qui nous aideront à différencier un fanatique religieux d’un chrétien authentique. Voici ce que la servante du Seigneur déclare à ce sujet :

« S’il est animé du même esprit que Daniel, il ne sera ni mesquin, ni vaniteux, mais il se tiendra ferme et décidé du côté de la vérité. Dans ses rapports avec ses frères et avec d’autres personnes, il manifestera une patience et une compréhension chrétiennes tout en demeurant fidèle à ses principes. » — Conseils sur la nutrition et les aliments, section 11, p. 229.

D’après la servante du Seigneur, le chrétien authentique ne sera ni « mesquin, ni vaniteux ». Le chrétien sincère n’imposera pas son mode de vie et de pensée. Ses interprétations des Écritures ou des écrits d’Ellen G. White ne constitueront pas « une preuve d’être disciple » pour l’église. Il se refusera de qualifier d’hérétique ou de peu chrétien toute personne exprimant une opinion différente.

Le véritable réformateur, le chrétien qui désire vivre comme Christ, « manifestera une patience et une compréhension chrétienne ». Les caractéristiques d’une telle personne doivent être la noblesse de caractère et la patience. Lorsque nous apprenons que, dans des présentations quelques-uns ont été attaqués, soit par écrit ou par courriel, nous nous posons la question suivante : « Est-ce le partage que le Seigneur préconise ? » Est-ce là une « patience chrétienne noble » ? Parfois sont faites des allusions personnelles, accusant d’autres chrétiens de malveillants comme s’ils étaient les seuls bons chrétiens sur terre. N’est-ce pas là l’œuvre que de l’Ennemi se complaît à encourager ? Toute bonne intention pourrait être envenimée par des attitudes non chrétiennes.

Ellen White, inspirée par l’Esprit Saint affirme :

« Ces extrémistes font plus de tort en quelques mois qu’ils ne pourront en réparer le reste de leur vie. Ils se sont engagés dans une œuvre que Satan aime à les voir accomplir. Les extrémistes peuvent être partagés en deux classes : ceux qui ne vivent pas suivant les lumières que Dieu leur a accordées, et ceux qui sont trop exclusifs dans la pratique des idées étroites qu’ils se font de la réforme et qui cherchent à les imposer à leur entourage. Ils tiennent obstinément à leurs opinions et dépassent la mesure dans beaucoup de choses. » — Idem, p. 230.

Ces paroles d’avertissement sont très significatives, car elles nous conseillent d’être attentifs et d’éviter les pièges de l’extrémisme. Il est d’une grande importance d’être préparé à identifier les extrémistes pour ne pas tomber dans leurs artifices. Comme le déclare Ellen White :

« Il y a des gens toujours prêts à s’échapper par la tangente et à s’enthousiasmer pour des choses étranges, attirantes et nouvelles. Mais Dieu veut que nous agissions avec sérénité et considération, choisissant les paroles qui soient en harmonie avec la vérité présente. Dans la mesure du possible, cette vérité doit être présentée sans bagage émotionnel, mais en conservant la ferveur et la solennité qui lui revient. Nous devons tous nous garder des extrêmes et de ne pas encourager ceux qui voudraient être dans le feu ou dans l’eau. » — Testimonies to Ministers and Gospel Workers [Le ministère évangélique], chap. 9, p. 227.

Non seulement cette déclaration prévient l’Église de l’extrémisme mais elle nous aide aussi, à travers le Saint-Esprit, à identifier les mouvements extrémistes, principalement en raison des fruits qu’ils produisent et de la manière dont ils nuisent aux individus et à l’Église. On nous exhorte à être vigilants :

« D’autres avaient établi de faux critères, et avaient érigé leurs propres idées comme des normes et élevé des questions mineures en conditions d’entrée dans l’Église, chargeant ainsi les autres de lourds fardeaux. Ainsi a été créé un esprit de critique, de suspicion et de dissension, qui a causé un gros préjudice à l’Église. Les incroyants eurent alors l’impression que les adventistes, observateurs du sabbat, étaient un groupe de fanatiques, d’extrémistes, et que leurs convictions particulières les rendaient désobligeants, rustres et dépourvus d’esprit chrétien. Ainsi, la conduite d’une poignée d’extrémistes a empêché l’influence vivifiante de la vérité. » — Évangéliser, section 7, p. 198.

Certes, elle ne parlait pas des thèmes qui nous touchent aujourd’hui comme les différences d’opinion quant à la musique, l’alimentation, le vêtement, le divertissement, l’adoration, etc. Cependant, les principes mentionnés peuvent s’appliquer à notre expérience chrétienne et doivent être pris en considération, peu importe l’époque où ils ont été présentés. La liste des choses que nous devons éviter doit toujours être présente à notre esprit et se refléter dans notre comportement en tant que chrétien.

Nous devons éviter :

1. Un esprit de critique. La personne qui, constamment, montre du doigt les autres croyants en se disant : « Je suis plus saint que toi » souffre de ce problème. La critique ne contribue pas à l’édification du royaume de Dieu mais, au contraire, décourage les croyants et, pire encore, cela démontre que nous vivons un faux christianisme. Ce n’est pas en vain que l’on nous prévient contre cette attitude.

2. Trouver des erreurs. Celui qui pratique cette mauvaise habitude part du fait qu’il n’y a rien de bon chez les autres. De plus, pour ces personnes, les erreurs sont des façons d’agir ou de penser différentes aux leurs. Tout ce que les autres font sera sujet au scrutin unilatéral de ceux qui s’érigent en parfaits modèles de comportement. Ce n’est pas surprenant qu’Ellen G. White l’identifie comme une attitude à éviter.

3. Dissension. Une des caractéristiques de ces mouvements extrémistes est celle de provoquer la dissension. L’histoire nous démontre que les dissensions se produisent lorsque la congrégation refuse les postulats extrémistes d’une personne ou d’un groupe sur des problèmes locaux. Si le cas est porté à l’attention de la Fédération et qu’il ne trouve pas d’appui, la Fédération pourrait accuser la congrégation de s’être éloignée de la foi. Si le cas est porté au niveau de l’Union et que l’Union appuie la congrégation, elle pourrait être accusée d’apostasie. Alors, les extrémistes feraient appel à la Division qu’ils qualifieront d’apostasiée si elle ne les appuie pas. Finalement, ils auront recours à la Conférence Générale et si celle-ci ne les appuie pas, elle sera appelée fille du diable.

En général, lorsqu’on arrive à ce stade, la personne abandonne la communauté de croyants et forme son propre groupe séparatiste avec tous ceux qui partagent sa position. Dans la plupart des cas, c’est la voie qui conduit à la dissension. Le chrétien prudent fera attention à ne pas faire le premier pas qui pourrait le mener sur une voie séparatiste et qui le détacherait du corps du Christ et ce, à cause des points de vue personnels intransigeants qui ne seraient pas partagés par l’Église.

Comment doit agir un chrétien ?

On conseille par ailleurs aux chrétiens d’être comme Jésus et d’être des témoins fidèles devant le monde. Lisons attentivement la déclaration suivante :

« Les incroyants eurent alors l’impression que les adventistes, observateurs du sabbat, étaient un groupe de fanatiques, d’extrémistes, et que leurs convictions particulières les rendaient désobligeants, rustres et dépourvus d’esprit chrétien. Ainsi, la conduite d’une poignée d’extrémistes a empêché l’influence vivifiante de la vérité » — Évangéliser, section 7, p. 198.

À partir de cette citation, nous pouvons déduire que Dieu voudrait voir en nous les traits de caractère suivants :

1. La bienveillance. Notre foi doit nous rendre bienveil- lants. Nous devons traiter aimablement les membres de la maison de Dieu, le pécheur qui tombe, ceux qui ne sont pas d’accord avec nous, ceux qui nous persé- cutent, ceux qui s’opposent à nous. En d’autres termes, nous devons être bienveillants envers tous et à tout moment. Rien ne justifie de ne pas agir ainsi. Ni la Bible, ni les écrits d’Ellen White ne nous encouragent à avoir d’autre comportement que celui motivé par la bonté et l’amour. Si nous ne sommes pas d’accord avec la manière de procéder, voire sur des questions de foi que quelqu’un a, nous n’avons pas le droit de l’offenser ou de le blesser. Nous devons nous rappeler que la bienveillance est le fruit de l’Esprit dans nos cœurs (Galates 5.22).

2. La courtoisie. Dieu nous demande non seulement d’être bienveillants envers les autres, mais aussi d’être courtois en faisant attention à ne pas perdre notre bonne réputation. Lorsque nous parlons de nos frères et sœurs ou même des personnes avec qui nous ne partageons pas le même avis, nous ne devons pas les « discréditer » – ce qui est monnaie courante dans notre société – mais plutôt, protéger leur réputation. Lorsque son promulguées des attaques personnelles contre des frères ou des sœurs, nous ne devons ni propager les insultes, ni s’octroyer le droit de les alourdir en présentant des demi-vérités ou mensonges comme étant des vérités absolues.

3. Un caractère semblable à celui du Christ. Nous ne pouvons imiter ce que nous ne connaissons pas. Par conséquent, nous devons connaître notre Modèle afin de nous garder de tomber dans des extrêmes. Nous devons connaître le Christ, comprendre sa manière de traiter ceux qui tombent. Il est important d’accepter la grâce qu’il offre à tous et d’entendre ses paroles adressées à la femme adultère et les répéter à ceux qui errent : « Va, et ne pèche plus ». Cela ne veut pas dire que nous approuvons le péché, mais montre plutôt l’esprit par lequel le péché doit être confronté et corrigé.

Si nous connaissons les méthodes utilisées par l’Ennemi pour distraire le peuple de Dieu, nous serons alertes aux éléments du fanatisme qui pourraient s’introduire dans l’Église. Cependant, nous devons être prudents, car nous pouvons accomplir son œuvre en jugeant un frère ou une sœur qui désire mener une vie chrétienne d’une manière différente de celle que nous considérons plus appropriée. La personne dont la vie est un témoignage vivant de dévouement et de consécration ne devrait pas être qualifiée de fanatique. Le chrétien dont la vie et les actes constituent une bénédiction pour l’Église ne devrait être considéré ni comme fanatique ou comme un extrémiste.

Toutefois, si quelqu’un se sert de son expérience chrétienne pour blesser les autres ou bien que, dans l’exercice de sa foi, il devienne une pierre d’achoppement, nous ne devons pas permettre que cette personne ou groupe soit utilisé par l’Ennemi pour décourager des membres sincères pensant et agissant différemment.

De nombreuses choses peuvent facilement distraire, diviser et provoquer la séparation d’une église. Plusieurs chemins peuvent nous faire croire que « nous sommes plus saints que les autres » parce que nous avons un comportement ou une façon de penser spéciale. Parfois nous essayons de convaincre de notre propre justice et nous nous comparons avec les « péchés » de ceux qui ne voient pas les choses comme nous les voyons.

En considérant ces questions, Ellen White a spécifié que ces comportements sont de vieux pièges dont Satan se sert pour entraver l’œuvre de Dieu :

« Satan s’est acharné à travers les âges à contrecarrer les travaux des serviteurs de Dieu, en introduisant dans l’Église un esprit de fanatisme. Ce qui se passa au temps de Paul se renouvela des siècles plus tard, à l’époque de la Réforme. Wycleff, Luther et beaucoup d’autres, qui apportèrent au monde d’immenses bénédictions par leur influence et leur foi, se heurtèrent aux ruses de l’ennemi qui s’efforçait de faire tomber dans le fanatisme les croyants exaltés, instables ou chancelants. » — Conquérants pacifiques, chap. 33, p. 309.

Il convient de noter qu’Ellen White parlait de l’interprétation incorrecte des Écritures. Cependant, les principes peuvent s’appliquer à d’autres aspects risquant de créer un déséquilibre dans la vie de l’église. Elle est catégorique sur les positions « excessivement zélées et déséquilibrées » dans l’Église.

Qu’il s’agir de la musique, du vêtement, de l’alimentation, de la façon d’adorer Dieu, de l’utilisation des images sur Power Point pour chanter, de la manière de prier – et la liste pourrait encore s’allonger – tout ce que nous faisons doit être guidé par un équilibre saint qui honore et glorifie Dieu. Le Seigneur est le seul à pouvoir juger de la sincérité du croyant. Il acceptera ou refusera l’adoration qu’on lui offre. C’est lui qui prend soin de son Église et de son peuple.

Évitons tout ce qui pourrait nous mener au fanatisme ou à l’extrémisme. Tout ce qui est bon pourrait devenir mauvais si nous nous en servons pour accuser, dénigrer ou insulter. Avec l’aide de Dieu, prenons la décision de ne participer à aucun acte qui offense l’Église. Si nous pre- nons cette décision, nous démontrons que nous sommes de vrais chrétiens guidés par l’Esprit du Seigneur.

Maranatha !