Faire tomber les murs

Méditations spirituelles 15/04/2020

Brent Burdick est assistant du trésorier de la Conférence générale, et directeur du programme de comptabilité SunPlus. / Adventist World Mars 2020

Plus de 30 ans se sont écoulés depuis la chute du mur de Berlin. Un récent article du U.S. News and World Report a bien capté les réactions de deux femmes qui en ont été directement affectées (1). Angelika Bondick, âgée maintenant de 63 ans, a dit qu’en fait, le mur lui manque. C’est que pour elle, il avait toujours été là : « J’ai grandi avec ce mur, et je ne l’ai pas remis en question. »

La réaction de Dagmar Simdorn, 81 ans, a été complètement différente. « On était là, la main couvrant la bouche ouverte, a-t-elle dit, en larmes. À vrai dire, c’était comme si on s’envolait, comme si on flottait. »

Des sommes d’argent colossales ont été injectées dans les grands murs de ce monde – pour ne pas mentionner les innombrables vies sacrifiées dans leur ombre. Aujourd’hui, nombre de ces murs ne sont plus que des attractions touristiques.

Aux temps bibliques, les murs étaient un symbole de force et de protection. Une ville sans muraille était considérée comme étant faible et vulnérable. Et que dire de l’efficacité des murailles bien construites pour garder l’ennemi à l’extérieur et les habitants à l’intérieur ! Sans même s’en rendre compte, la population pouvait devenir prisonnière dans sa propre ville.

Les livres d’histoire abondent en récits de sièges et de gens séquestrés à l’intérieur des murs de leur ville. Le siège de Candie, capitale de la Crête, est considéré comme l’un des plus longs de l’histoire. Au 17e siècle, Venise, une puissance majeure dans la Méditerranée, vit sa puissance décliner alors que l’Empire ottoman gagnait en force. De malheureux événements militaires menèrent au siège de Candie.

Ce siège débuta en 1648 : les Turcs détruisirent l’alimentation en eau et perturbèrent les voies maritimes. Au fil des années, de nombreuses batailles eurent lieu, mais les habitants de Candie refusèrent d’abdiquer. Finalement, en 1669, soit 21 ans plus tard, ils se rendirent et reçurent la permission de partir avec tout ce qu’ils pouvaient transporter (2).

AUTRES TEMPS, AUTRES MURS

Imaginez que vous soyez enfermé dans vos propres murs pendant 21 ans… À bien y penser, se pourrait-il qu’aujourd’hui, nous soyons enfermés dans nos propres murs ? Force est d’admettre que trop d’enfants de Dieu ont érigés des murs faits de main d’homme pour se protéger eux-mêmes de l’ennemi. Ces murs ne sont pas physiques, mais spirituels. Ils ne les ont pas construits avec un marteau et des clous, avec des briques et du mortier, mais avec des idées, des traditions, des préjugés, et des craintes.

Paul a écrit : « Car il [Jésus] est notre paix, lui qui des deux n’en a fait qu’un, et qui a renversé le mur de séparation » (Ep 2.14). Quel était donc ce « mur de séparation » ? L’apôtre dit très clairement qu’il s’agissait du mur séparant les Juifs des Gentils.

À Jérusalem, on peut voir dans le musée d’Israël une stèle en calcaire découverte en 1936 près du site du second temple. Son origine remonte juste avant l’époque de Jésus. Voici ce que dit l’inscription en grec (3) :

Que nul étranger

Ne pénètre à l’intérieur du tryphactos (balustrade)

Et de l’enceinte (péribole) qui sont autour du hieron (esplanade du temple). Celui qui serait pris (y pénétrant […])

Serait cause que la mort s’ensuivrait (pour lui).

Quelles pensées durent traverser l’esprit de Jésus tandis qu’il passait près de cette stèle, sachant que sa mort – qui se produirait sans l’ombre d’un doute – expierait la culpabilité tant de l’autochtone que de l’étranger, du Juif que du Gentil ?

Voici ce qu’écrit Ellen White au sujet des Juifs de cette époque : « Mais les Israélites perdirent de vue les grands privilèges qu’ils possédaient en tant que représentants de Dieu. Ils oublièrent le Seigneur et faillirent dans l’accomplissement de leur sainte mission. […] Dieu avait limité leurs relations avec les idolâtres pour les empêcher de se rallier à leurs pratiques ; mais ils se servirent de ces restrictions pour élever un mur de séparation entre eux et les autres nations (4). »

DES MURS À FAIRE TOMBER

Au cours de son ministère terrestre, Jésus fit tomber ce mur de séparation pour que personne ne soit privé de l’accès au salut. Paul est on ne peut plus clair : « Car par lui nous avons les uns et les autres accès auprès du Père, dans un même Esprit » (Ep 2.18).

Les murs font trois choses dévastatrices : ils limitent, séparent, et isolent.

1. Ils limitent la vision. On ne voit pas aisément par-dessus un mur. Il existe un mur appelé : « Ça ne s’est jamais fait comme ça auparavant » ou « Ce n’est pas comme ça que nous faisons ». Lorsque les murs limitent notre vision, nous tendons à dire : « Si je ne peux le voir, je n’y croirai pas. » Les murs limitent aussi l’expression. Le mur des traditions et de la pensée traditionnelle qui nous emprisonne est bien réel. Enfin, les murs peuvent limiter la créativité et la croissance.

2. Ils séparent. Les murs empêchent les gens d’entrer. Quand nous désirons être seuls, nous érigeons un mur. Même en plein milieu d’une foule, il nous arrive d’ériger des murs invisibles pour nous protéger. Le problème, c’est que ces murs nous séparent de ceux-là mêmes dont nous devrions nous rapprocher.

3. Ils isolent. Si la séparation empêche d’entrer, en revanche, l’isolement empêche de sortir. L’Église n’a jamais été destinée à se centrer sur elle-même, ou à former un club élite de gens qui ne s’aventurent que rarement dehors. L’Église doit être la porte du ciel ! Par conséquent, ne permettons à quoi que ce soit de nous bloquer l’entrée du royaume de Dieu.

Pour parer au doute éventuel, Jésus a dit : « Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! parce que vous fermez aux hommes le royaume des cieux » (Mt 23.13). Ailleurs, il a réitéré ce concept : « Je ne mettrai pas dehors celui qui vient à moi » (Jn 6.37). Finalement, souvenons-nous où Dieu a dit : « [Q]ue celui qui veut, prenne
de l’eau de la vie, gratuitement. » (Ap 22.17) Que celui qui veut ! Tout ce qui empêche quiconque d’aller à Jésus est un mur qu’il faut faire tomber. Ne nous hasardons pas à construire un mur là où Jésus a placé une porte ouverte.

Ellen White commente : « Pendant son ministère, Jésus commença par abattre le mur de séparation entre Juifs et païens, et à prêcher le salut à tous les hommes. Bien que Juif lui-même, il ne craignait pas de se mêler aux Samaritains, sans égard pour les coutumes pharisiennes concernant ce peuple méprisé. Il dormait sous leurs toits, mangeait à leurs tables et enseignait dans leurs rues (5). »

Prions Dieu de nous révéler les murs qu’il nous faut abattre. Demandons-lui de nous donner, dans sa grâce, la foi et la puissance nécessaires pour renverser ces murs, afin d’être des témoins efficaces alors que nous suivons l’exemple de Jésus.


(1) https://www.usnews.com/news/world/articles/2019-10-24/from-alice-in- wonderland-to-walking-the-dog-germans-recall-fall-of-berlin-wall.

(2) https://fr.wikipedia.org/wiki/Si%C3%A8ge_de_Candie.

(3) https://fr.wikipedia.org/wiki/Inscription_du_Soreg.

(4) Ellen G. White, Conquérants pacifiques, p. 15.

(5) Ibid., p. 21.