Être missionnaire, ça transforme la vie !

Méditations spirituelles 05/02/2022

Auteur : Andrew McChesney est rédacteur en chef du Bulletin missionnaire trimestriel de Mission adventiste, au siège de la Conférence Générale des adventistes du septième jour, à Silver Spring, au Maryland (États-Unis) | Adventist World, février 2022

Les missionnaires partent pour prêcher l’Évangile… et constatent, en fait, qu’ils en découvrent davantage sur lui.

Toute personne ayant servi en tant que missionnaire, dans son pays ou ailleurs, vous dira que « la mission est une route à double sens ». On donne aux autres, mais on reçoit aussi ! Les histoires suivantes sur l’œuvre missionnaire adventiste et les histoires régionales de par le monde illustrent cette notion. — La rédaction.

À Djouba, capitale du Soudan du Sud, les violents bombardements commencent sans crier gare.

Peter Fenoy, un médecin missionnaire argentin, se précipite immédiatement hors de son bureau situé dans l’enceinte du siège régional de l’Église adventiste. Dans sa formation en sécurité, on lui a appris qu’il est dangereux de rester à l’intérieur d’un bâtiment pendant une attaque. Si un obus frappe le bâtiment, il risque davantage d’être blessé que s’il se trouve dans la rue. Il est donc plus sûr de se plaquer au sol, près d’un mur.

Des adultes sont couchés par terre, des enfants courent dans tous les sens. Peter voit tout ça et entend des obus tomber. Il cherche du regard Natasha, sa femme, en vain.

« Natasha ! Natasha ! » appelle-t-il.

Comme elle ne répond pas, il entre précipitamment dans le bâtiment, et la trouve tranquillement assise à son bureau, en train de taper un rapport de travail à l’ordi.

« Mais qu’est-ce que tu fais ? » s’écrie-t-il.

Natasha lève les yeux.

« Si ça doit arriver, eh bien, ça arrivera », lui répond-elle, impassible.

« Sinon, c’est que notre heure n’est pas venue. »

C’est alors que Peter comprend à quel point Natasha a été marquée, enfant, par la guerre civile dans son pays natal – l’Ossétie du Sud, dans l’ancienne Union soviétique. Lorsque les obus tombent sur le Soudan du Sud, elle ne ressent absolument rien. Sa réaction est : « Si je dois mourir, je mourrai, point final. »

Peter et Natasha se sont rendus au Soudan du Sud pour soigner la population victime d’une guerre civile longue de 22 ans. Leur séjour de trois ans a également permis à Natasha de guérir – de surmonter un traumatisme d’enfance et de découvrir que la guerre, ça n’a rien de normal.

« Quand je suis arrivée en Afrique, j’ai découvert à quel point la guerre est quelque chose d’anormal, explique Natasha. Je n’avais jamais entendu parler du traumatisme que les conflits armés laissent sur une personne, ni de la façon dont ils modifient la personnalité. » (Voir toute l’histoire en page 12)

LES CŒURS CHANGENT… POURQUOI ?

Comme Natasha, de nombreux missionnaires ont fait, eux aussi, l’expérience d’un changement de cœur, expliquent les dirigeants de l’Église. Chaque missionnaire qui s’abandonne au Saint-Esprit passe par un tel changement. Si les missionnaires partent pour répandre l’Évangile, ils découvrent, ce faisant, que l’Évangile change leur propre cœur.

« Ce que j’entends à tout bout de champ, formulé de diverses façons, c’est « Je m’attendais à aider les gens, mais en fait, c’est moi qui ai été béni », a dit Gary Krause, directeur de Mission adventiste et ancien enfant de missionnaire. « En fait, j’entends ça tellement souvent que c’est presque devenu un cliché. »

Oscar Osindo, directeur de l’Institut de Mission mondiale de la Conférence générale, assure la formation interculturelle de tous les missionnaires de l’Église. Rien que pour devenir missionnaire, explique-t-il, il faut déjà changer. En acceptant l’appel à servir, un missionnaire quitte une culture familière et entreprend un voyage vers l’inconnu, à l’exemple de Jésus qui a laissé le confort du ciel pour notre terre environnée de ténèbres.

« Tandis que les missionnaires incarnent la vie du Christ dans une culture différente, ils se retrouvent eux-mêmes dans les autres et la croix de Christ abat le mur de séparation, dit Oscar Osindo. Le sang de Christ unit les deux en une seule fraternité, si bien que le missionnaire ne sera plus jamais le même. »

Des milliers d’adventistes ont quitté leur foyer pour accomplir le mandat évangélique que Jésus nous a confié :

« Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. » (Mt 28.19,20) Actuellement, environ 400 familles servent en tant que missionnaires ISE (Interdivision Service Employees) à long terme, tandis que chaque année, des centaines d’autres font un voyage missionnaire à court terme en tant que volontaires AVS (Adventist Volunteer Service). Certains s’engagent comme pionniers de Mission globale pour atteindre les groupes de population non atteints dans leur propre pays ; d’autres, comme faiseurs de tentes – ils utilisent leur profession pour travailler dans des pays à l’accès restreint ; d’autres encore, comme bénévoles au sein du Mouvement 1 000 missionnaires, dont le siège est en Asie et des ministères de soutien tels qu’Adventist Frontier Missions, aux États-Unis.

Selon Cheryl Doss, missionnaire de longue date et directrice de l’Institut de Mission mondiale à la retraite depuis peu, la plupart des missionnaires cherchent à grandir et à changer afin de répondre à leur vocation. « Les expériences auxquelles ils sont confrontés,
les défis interculturels qu’ils doivent relever, les épreuves et les tribulations qui surviennent immanquablement dans le champ missionnaire, signifient qu’ils doivent changer ou être brisés. La plupart deviennent des gens avec un cœur de serviteur extraordinaire – des gens qui s’ouvrent aux besoins du monde. »

Seuls les missionnaires qui résistent obstinément ne connaissent pas de changements dans leur vie, dit Oscar Osindo. « Ils ne viennent jamais à bout de leur mandat, ou alors avec peine » ajoute-t-il.

Les missionnaires qui s’abandonnent à Dieu et consentent à ce qu’il façonne leur cœur ont des histoires remarquables à raconter, poursuit-il. « Ils apprennent à faire davantage confiance au Seigneur et en deviennent les témoins vivants. »