ÉPOUSE DE PASTEUR de plusieurs églises : TROUVER SA PLACE

Méditations spirituelles 18/06/2021

Par Ellie Gil | Revue Ministry Janvier 2009

J’ai souvent souhaité participer à un cours intensif pour apprendre à devenir femme de pasteur. Depuis le moment où j’ai prononcé le « oui » qui m’a unie à l’homme de mes rêves (qui se trouvait être un pasteur) j’ai toujours compris que j’étais incluse dans le ministère pastoral, que j’y sois préparée ou non.

Un jour une de mes amies m’a vu exténuée et éreintée, cherchant à mener à bien mon travail professionnel, mes devoirs familiaux, les besoins de notre couple et notre ministère dans l’église. Elle m’a dit : « Je crois qu’on attend spécialement d’une femme de pasteur qu’elle travaille aux côtés de son mari. Alors qu’on n’attend pas de la femme d’un chirurgien qu’elle opère à ses côtés, ni de la femme d’un instituteur qu’elle enseigne, et je pourrais prolonger cette liste. »

Celles d’entre nous qui sont femmes de pasteur sont tombées amoureuses et ont épousé un homme pour son amour, pour ses qualités et pour ce qu’il était et non pour ce qu’il faisait. Mais en épousant un pasteur, nous nous sommes aussi engagées à exercer un ministère qu’il nous faut apprendre sur le tas.

Cela se complique encore

Dès que vous commencez à y voir un peu plus clair dans votre rôle de femme de pasteur, vous réalisez que le défi sera deux fois plus grand quand vous habitez dans un district de plusieurs églises, comme c’est souvent le cas pour les pasteurs aujourd’hui. Vous serez alors appelée à connaître les membres de ces églises et à chercher votre place dans ce puzzle. Ajoutez à cela les besoins de votre famille et de votre propre profession, vous apprendrez alors à ménager un équilibre que vous n’imaginez guère humainement possible. Mais la bonne nouvelle c’est de comprendre que les bénédictions produites par le ministère de votre couple ne sont pas les résultats d’efforts humains, mais le fruit de l’abandon complet de votre volonté à celle de Dieu.

Apprendre le savoir-faire de base

Durant les vingt dernières années j’ai appris à ne pas vivre selon un horaire fixe, mais de m’adapter aux besoins du moment. Les situations peuvent changer subitement. Il faut apprendre à être flexible pour éviter d’être déçu. En servant dans une église, sans parler de deux ou trois, vous serez toujours confrontée à une urgence après l’autre.

Apprenez aussi qu’on estimera que vos enfants doivent se comporter un peu mieux que ceux des autres. Pour cette raison il est important de considérer leur bien-être spirituel, au dessus de ce qu’on attend de vous en tant que femme de pasteur. Très tôt dans votre ministère, décidez d’accorder à vos enfants le temps dont ils ont besoin et qu’ils méritent, afin qu’ils atteignent la meilleure spiritualité possible, avant qu’ils ne se plaignent d’être mis de côté au profit d’autres personnes. Si vous ne pouvez trouver le temps de faire la méditation familiale avec vos enfants, parce que vous êtes trop absorbée par votre ministère, alors vous vous serez trompée dans vos priorités en négligeant une responsabilité des plus importantes.

Apprenez à sourire quand votre cœur est en larmes. Vous pouvez penser que c’est de l’hypocrisie, mais dans le ministère il arrive souvent que nous devions chercher à réaliser l’idéal que les autres attendent d’un ambassadeur du Christ. Dieu sait la peine que vous portez dans votre cœur, mais ne la laissez pas ternir la joie et l’encouragement que vous devez apporter aux autres. D’ailleurs ne souhaitons-nous pas être de bonne humeur et joyeux tout le temps ? Ceci dit, parfois le meilleur service que nous pouvons offrir est d’écouter une personne et de pleurer avec elle parce qu’elle est découragée, en mal de consolation et d’empathie.

Apprenez à accepter la critique comme un moyen d’accomplir toujours mieux la mission que Dieu vous a confiée. Votre première réaction à la critique sera défensive, après tout c’est bien naturel. Essayez d’écouter, et demandez-vous s’il n’y a pas une part de vérité dans ce qu’on dit de vous, même si cela vous semble infondé. Posez-vous la question : Qu’est-ce que Dieu veut m’apprendre par cette expérience ?

Apprenez à découvrir les limites à ne pas franchir en tant que femme de pasteur. Dans le ministère, ne devancez pas votre mari, ni ne soyez à sa traîne. Communiquez beaucoup avec lui afin qu’ensemble vous serviez d’un commun accord.

Apprenez à partager votre mari avec d’autres personnes. C’est bien votre mari en tant que pasteur que vous partagez, non en tant qu’homme. Faites tous les efforts pour l’aider à communiquer l’amour de Jésus, et soyez une aide compréhensive lorsqu’il a besoin d’un mot d’encouragement.

Est-ce vraiment mon travail ?

Si vous considérez le ministère d’une femme de pasteur comme un travail, vous serez grandement déçue. Dans un travail, vous vous attendez à recevoir quelque récompense ou de la reconnaissance s’il est bien fait ; ce qui n’est pas souvent pas le cas dans le ministère.

Quelle est la différence entre un travail et un ministère ?

Si vous l’accomplissez par obligation, ou parce que personne d’autre ne veut le faire, il s’agit d’un travail.

Si vous le faites parce que vous voulez être au service de Dieu, alors il s’agit d’un ministère. Si vous quittez votre travail parce que personne ne vous apprécie ou ne vous dit merci, vous faites un travail. Si vous vous engagez à le faire, en recherchant l’approbation divine, vous remplissez un ministère. Si votre premier souci est d’avoir du succès et de monter en grade, il s’agit d’un travail. Si votre objectif principal est de servir Dieu, vous accomplissez un ministère.

Dieu désire que nous soyons heureuses dans le ministère. Vous pouvez avoir le sentiment que vous n’êtes pas qualifiée pour l’accomplir, mais rappelez-vous que Dieu n’appelle pas des personnes qualifiées, il qualifie celles et ceux qu’il appelle. Dieu fait la démonstration de son grand pouvoir, palliant les impossibilités humaines et faisant appel à ceux que se sont entièrement consacrés à lui pour le servir.

En quoi consiste mon ministère ?

Souvent on vous demandera d’accomplir une tâche ou d’occuper une fonction qui ne vous attire pas particulièrement. Réfléchissez bien avant de répondre. Si vous ne vous sentez pas appelée à cette activité, vous rendrez un mauvais service à Dieu et à l’église en l’acceptant, simplement parce qu’on s’attend à ce que vous agissiez ainsi.

Les meilleurs services que vous puissiez rendre sont ceux que le Saint Esprit vous met à cœur. Comment le savoir ? Si vous remarquez que les départements pour les enfants ont été négligés et que personne n’a été choisi pour s’en occuper, il se peut que le Saint Esprit vous inspire à vous y engager. Si les alentours de l’église ont une triste allure parce qu’apparemment personne ne s’en occupe, prenez un après-midi avec vos enfants, nettoyez le parterre et plantez-y quelques fleurs, et enseignez-leur qu’il est aussi important de prendre soin de la maison de Dieu que de s’occuper de la nôtre.

Au début de notre ministère, lorsque nos enfants étaient encore petits, je me suis occupée de l’École du Sabbat. Souvent la classe des enfants était remplie de littérature périmée, les décorations délavées, et les rideaux déteints par le soleil. Je voulais que l’endroit où les enfants venaient rencontrer Jésus soit plus accueillant. Alors j’ai demandé à plusieurs membres s’ils connaissaient quelqu’un qui avait des dons artistiques pour peindre un motif simple sur le mur. Les quelques personnes qualifiées que j’ai trouvées n’étaient pas très enthousiastes. C’est donc moi, la moins qualifiée, qui me suis mise à dessiner une scène sur le mur de la classe enfantine. Reproduisant quelques images, j’ai peint ma première fresque. Les expressions de joie et d’admiration des enfants, quand ils sont venus à l’école du sabbat, m’ont prouvé la valeur des heures investies dans ce travail.

Il n’est pas toujours évident de s’enthousiasmer pour un métier, mais c’est facile d’être enthousiaste pour un ministère. Montrez aux enfants la joie que vous avez à rendre service. Enseignez-leur à faire de même.

Encouragez les enfants les plus jeunes à faire des dessins pour des personnes ne pouvant pas se rendre à l’église. Demandez aux enfants plus âgés de chercher et d’envoyer des versets d’encouragement. Un jour j’ai voulu offrir de la nourriture à une famille dont le fils avait été hospitalisé après un accident grave. Mes enfants, qui avaient 13 et 11 ans à l’époque, avaient décidé d’envelopper les couverts en plastique dans une belle serviette en papier, accompagnée d’un verset biblique parlant de guérison. Ce petit geste a beaucoup touché cette famille. Pour mes enfants, ce fut aussi une occasion d’accomplir un véritable ministère.

Comment apprendre à servir au bon endroit ?

En servant dans un district de plusieurs églises, c’est un défi très important d’établir son emploi du temps. Au fils des ans j’ai appris à prendre du recul lorsque nous arrivons dans un nouveau territoire et à observer quels sont les besoins de chacune des églises.

Parfois votre aide ne consiste pas à faire le travail vous-même, mais plutôt à soutenir et aider un membre à accomplir un ministère qui lui tient à cœur. Lorsque des membres d’église se sentent appelés à un ministère, offrons-leur l’assistance dont ils ont besoin, s’ils le demandent. Il est plus important de les soutenir dans un ministère qu’ils ont eux-mêmes choisi. Ils continueront à l’exercer long- temps après notre départ.

Même si vous vous sentez pleine d’énergie, vous ne pouvez pas être à deux endroits à la fois. Réfléchissez à la meilleure façon d’investir votre temps. Ne vous dispersez pas au point de vous sentir dépassée pas les événements, ce qui mène au découragement. Le diable aime nous montrer nos échecs. Il est impossible d’accomplir toutes les tâches auxquelles nous pourrions être appelées. Parfois nous nous embarquons dans des entreprises avec les meilleures intentions, sans avoir réfléchi sérieusement aux conséquences de ces choix dans notre propre vie spirituelle, pour notre couple et pour nos enfants.

Ne renoncez pas

Demandez-vous dans quelle aventure vous vous êtes embarquée le jour où vous avez dit «oui» à votre pasteur de mari. Vous avez pris sur vous un rôle que vous n’auriez peut-être pas voulu ou pour lequel vous ne vous sentiez pas qualifiée. Vous n’arriverez jamais à satis- faire toutes les attentes des autres, mais rappelez-vous que vous servez Dieu et personne d’autre.

J’ai compris que je ne serai jamais une femme de pasteur parfaite, mais je sais que j’ai reçu cet appel il y a près de 20 ans. Quand j’ai dit «oui» à mon mari, pasteur, j’ai aussi dit « oui » à Jésus mon Sauveur et mon Seigneur, qui m’a adressé un appel particulier, que j’accepte avec joie et que je prends au sé- rieux, un appel qui, je le crois, influencera la vie des personnes qui m’entourent ici-bas et pour l’éternité.


ELLIE GIL, femme de pasteur exerce son ministère à Gonzalez et Denham Springs, en Louisiane, aux États-Unis (en 2009).