Des fleurs au milieu de l’enfer

Méditations spirituelles 09/04/2021

Marcos Paseggi, Adventist World Avril 2021

Le désespoir actuel et la gloire future ne sont qu’une partie de l’histoire

En ce monde, nous marchons sur le toit de l’enfer en regardant les fleurs.

À travers ces quelques syllabes, le poète japonais Kobayashi Issa (1763- 1828) a magistralement réfléchi sur l’ambivalence de l’existence humaine. Écrit il y a plus de 200 ans, cet exquis poème haïku d’Issa est néanmoins très actuel. Le péché a fait de notre planète autrefois parfaite un enfer vivant, comme le soulignent régulièrement les bulletins d’information en soirée. Cependant, on nous rappelle souvent que la beauté est tout autour de nous.

PROPHÈTES DE MALHEUR, LES ADVENTISTES ?

Depuis ses débuts, l’Église adventiste affirme que la période précédant le retour de Jésus en sera une de bouleversements sociaux et politiques constants. Jésus a parlé de « guerres et de bruits de guerres ». Il a ajouté : « Une nation s’élèvera contre une nation, et un royaume contre un royaume, et il y aura, en divers lieux, des famines et des tremblements de terre. Tout cela ne sera que le commencement des douleurs. » (Mt 24.6-8)

Les paroles de Jésus et la confirmation qu’en donnent les prophéties bibliques convergentes fournissent un contexte précieux à notre fil d’in- formations quotidien. Les choses ne vont pas bien du tout et ne s’amélioreront pas, nous explique-t-on, parce qu’elles ne sont pas censées le faire. Et parce que les prophéties bibliques sont fiables, ces choses vont, sans l’ombre d’un doute, empirer. De façon presque insupportable.

En même temps, notre désir ardent de voir Jésus accomplir ses promesses et revenir pour mettre fin à la misère ici-bas pourrait devenir une épée à deux tranchants. Parce que les adventistes et d’autres encore aspirent à la fin à venir, ils trouvent souvent que les catastrophes naturelles ou causées par l’homme sont un moyen utile d’atteindre la fin souhaitée.

C’est quelque chose qui, parfois, peut donner une focalisation malsaine à leurs efforts quotidiens. Les disciples de Jésus qui croient aux prophéties peuvent finir par mettre l’accent sur les étapes sombres de l’accomplisse- ment plutôt que sur l’espérance de la promesse – mettre, en quelque sorte, la charrue avant les bœufs.

CONTEMPLER LES FLEURS

Existe-t-il un antidote efficace contre les événements malheureux qui nous assaillent souvent dans notre fil d’informations ? Oui ! Et il consiste, pour reprendre les termes d’Issa, à contempler les fleurs. La capacité humaine que Dieu nous a donnée de « créer », de contempler, et de partager la beauté nous aide à nous rappeler que nous sommes les créatures d’un puissant créateur et soutien qui « tient le monde entier dans ses mains ».

La contemplation des fleurs n’atténue peut-être pas les résultats lamentables du péché et de ses conséquences. Elle ne nourrit pas de faux espoirs selon lesquels les êtres humains finiront par se reprendre en main et, par pure volonté, feront de cette terre un monde meilleur. Cependant, « la contemplation des fleurs » peut construire notre espérance et notre confiance de façons qu’aucune nouvelle de dernière heure nous informant d’une catastrophe ne peut le faire. Elle renouvelle notre esprit et nous aide à répandre non pas le malheur, mais l’espérance.

Certains lecteurs ont fait remarquer que le poème d’Issa pourrait permettre une lecture alternative. Dans ce monde, pourrait-on dire, les êtres humains peuvent passer leur vie à contempler les fleurs, totalement in- conscients de la douleur et de la souffrance qui menacent de les étouffer.

Mais les chrétiens qui croient en la Bible se gardent bien d’agir ainsi. Ils ne vivent pas dans un vide, car non seulement ils reconnaissent la souffrance, mais aussi s’efforcent activement d’aimer leur prochain en l’atténuant. Ils se souviennent cependant que « tout n’est pas tristesse et souffrance en ce monde »1. En fait, le monde en général et la nature en particulier témoignent « de la tendre et paternelle sollicitude de notre Dieu et de son désir de faire le bonheur de ses enfants »2.

En ce sens, la contemplation des fleurs, loin d’être un exercice d’évasion, est plutôt un acte d’adoration. Elle annonce, entre autres, l’arrivée d’un jardin intact et éternel.

Comment allez-vous vous saisir de la beauté aujourd’hui ?


1 Ellen G. White, Vers Jésus, p. 14.

2 Ibid., p. 15.