Des défis pour notre identité et notre mission

Méditations spirituelles 24/09/2021

Mark Finley | Adventist World, septembre 2021, 18-19

Fatigué, usé par les luttes, l’évangéliste est inquiet pour l’Église chrétienne naissante. Il sait qu’elle sera bientôt confrontée au ridicule, à la moquerie, à l’emprisonnement, et à la persécution. L’apôtre Paul réunit les anciens de l’église d’Éphèse à Milet et les avertit qu’il s’introduira « des loups cruels qui n’épargneront pas le troupeau » (Ac 20.29). Des temps difficiles se profilent à l’horizon. Des problèmes vont survenir. Les croyants vont bientôt être confrontés à une persécution féroce dans l’Empire romain.

Néanmoins, il ne s’agit pas là de l’unique préoccupation de Paul. Sa préoccupation principale est sans doute le défi lancé par l’Église chrétienne elle-même. Il donne alors le conseil suivant à ses dirigeants : « […] il s’élèvera du milieu de vous des hommes qui enseigneront des choses pernicieuses, pour entraîner les disciples après eux. Veillez donc, vous souvenant que, durant trois années, je n’ai cessé nuit et jour d’exhorter avec larmes chacun de vous. Et maintenant je vous recommande à Dieu et à la parole de sa grâce, à celui qui peut édifier et donner l’héritage avec tous les sanctifiés. » (v. 30-32).

Les préoccupations des dirigeants de l’Église du Nouveau Testament concernant l’introduction d’enseignements erronés dans cette Église sont tout à fait fondées. Paul met en garde le jeune Timothée contre Hyménée et Philète, lesquels déclarent que la résurrection a déjà eu lieu (2 Tm 2.17,18). Il écrit aux Galates sur la justification par la foi en Christ seul, à une époque où certains ramènent les croyants à la dépendance de la loi en tant que moyen de salut. L’apôtre Pierre avertit alors l’Église : « Il y aura de même parmi vous de faux docteurs, qui introduiront des sectes pernicieuses » (2 P 2.1). Dans Apocalypse 2, Jean met ses lecteurs en garde contre les Nicolaïtes, lesquels se sont débarrassés de la loi de Dieu et mènent une vie de complaisance effrénée (Ap 2.14,15).

SAUVEGARDER LA VÉRITÉ DIVINE

Les dirigeants chrétiens doivent toujours se soucier de préserver l’intégrité des vérités bibliques de la révélation divine, lesquelles sont centrées sur Christ. Mon point de vue est simple : les dirigeants de l’Église à tous les paliers ont la responsabilité solennelle devant Dieu de nourrir les croyants en Christ, de sauvegarder et de proclamer la vérité biblique, et de donner la priorité à la mission.

Qu’est-ce que cela signifie spécifiquement pour l’Église adventiste aujourd’hui ? Ne nous étonnons pas de ce que des enseignements erronés soient parfois enseignés dans nos classes de l’École du sabbat, depuis nos chaires, et dans nos salles de cours. La stratégie du diable consiste à éroder l’essence même de l’adventisme. Si l’Église adventiste n’est qu’une autre confession, quel message unique pouvons-nous offrir au monde ? Si l’Église adventiste n’est pas un mouvement divin suscité par Dieu avec un message spécial pour le monde afin de préparer un peuple à la venue de Jésus, alors pourquoi envoie-t-on des missionnaires jusqu’au bout du monde ? Si, en tant qu’adventistes, nous perdons notre identité prophétique, notre message au monde perdra alors sa puissance.

LA MARQUE DE LA BÊTE

Permettez-moi d’être plus précis. S’il n’y a pas de crise à venir concernant la loi de Dieu, si nous devons réviser notre message sur la marque de la bête, s’il n’y a pas de future loi nationale sur le dimanche, si la papauté, le protestantisme apostat et les États-Unis ne joueront pas un rôle significatif dans l’unification du monde lors de la crise finale, alors l’intégrité même du mouvement adventiste depuis ses débuts est remise en question. Nos pionniers adventistes se berçaient-ils d’illusions ? Ellen White s’est-elle trompée dans ses écrits sur la crise à venir relative à la loi de Dieu ? Certainement pas !

Mais plus grave encore : banaliser ou minimiser le scénario prophétique des événements du dernier jour remet en question les grandes vérités prophétiques de Daniel et de l’Apocalypse. Le prophète Daniel parle de la montée de Babylone, de la Perse, de la Grèce, de Rome, et de la puissance de la petite corne issue des dix divisions de la Rome païenne qui tenterait de changer « les temps et la loi » (Dn 7.25). Apocalypse 12 parle d’un reste du temps de la fin, c’est-à dire de « ceux qui gardent les commandements de Dieu et qui ont le témoignage de Jésus » (Ap 12.17). Apocalypse 13 parle d’un temps où la loyauté envers Dieu signifiera faire face à un boycott économique et où personne ne pourra acheter ni vendre sans recevoir la marque de la bête. Finalement, un décret de mort sera appliqué aux croyants (Ap 13.15-17).

Apocalypse 14 annonce le message des trois anges des derniers jours. Ce passage révèle que « l’Évangile éternel » sera proclamé par une Église remplie de l’Esprit « à toute nation, à toute tribu, à toute langue, et à tout peuple » (Ap 14.6). À la lumière du jugement investigatif céleste au temps de la fin, lequel se déroule avant le retour de Jésus, le premier ange appelle les hommes et les femmes à adorer le Créateur (v. 7). À l’opposé de ceux qui adorent le Créateur, il y a ceux qui adorent la bête (v. 9). Cette crise finale de la grande controverse entre le bien et le mal développe un peuple de saints qui, par la puissance du Saint-Esprit, « gardent les commandements de Dieu et la foi de Jésus » (v. 12).

LA DIFFÉRENCE AVEC LES BAPTISTES DU SEPTIÈME JOUR

Il y a plus de 100 ans, Ellen White écrivait au pasteur K qui, bien que croyant au sabbat, minimisait sa relation avec les événements des derniers jours et la crise à venir. Ses paroles sont extrêmement instructives pour l’Église aujourd’hui. Les sentiments du pasteur K sont encore exprimés par certains. Voici ce qu’Ellen White a écrit : « En ce qui concerne le sabbat, il a adopté la même position que les baptistes du septième jour. Séparez le sabbat du message des trois anges, et il perd sa puissance ; mais lorsqu’on le lie au message du troisième ange, il s’accompagne d’une puissance qui convainc les incrédules et les infidèles, et leur donne la force de se tenir debout, de vivre, de croître et de s’épanouir dans le Seigneur 1. »

Nous avons là une déclaration extrêmement importante ! Les adventistes du septième jour ont bien compris la relation entre le ministère du Christ à l’heure du jugement dans le sanctuaire céleste, la loi de Dieu, le sabbat, et les événements finaux de l’histoire de ce monde, tels que soulignés dans le livre de l’Apocalypse. Lorsque le sabbat est « séparé » du message du troisième ange – lequel nous avertit de ne pas recevoir la marque de la bête – et des événements finaux liés à ce message, le sabbat perd sa puissance. Bien que Dieu continue à révéler à son peuple de nouvelles compréhensions de la vérité et que de nouvelles vérités resplendissent dans sa Parole, la nouvelle vérité n’obscurcit jamais les vérités découvertes précédemment. Puisque Dieu est l’Auteur de la vérité, les révélations futures n’annuleront jamais ce qu’il a précédemment révélé. Nous pouvons voir de nouveaux aspects de notre compréhension prophétique, mais nous ne pouvons jamais logiquement rejeter les révélations précédentes de la vérité que Dieu a donnée à son peuple. Nous ferions bien de réfléchir à la déclaration suivante : « Chaque vérité qu’il a donnée pour ces derniers jours doit être proclamée au monde. Chaque pilier qui a été dressé doit être affermi. Nous ne pouvons abandonner le fondement que Dieu a établi 2. »

Nous pouvons nous attendre à ce que les fondements mêmes de notre foi soient ébranlés mais, comme Jésus l’a déclaré, « sur cette pierre je bâtirai mon Église, et […] les portes du séjour des morts ne prévaudront point contre elle » (Mt 16.18). En Christ, son Église triomphera enfin.

Le dernier livre de la Bible décrit un peuple racheté par la grâce de Christ, un peuple transformé par sa puissance et motivé par son amour. L’espoir de son retour imminent les incite à partager avec passion la bonne nouvelle de l’Évangile jusqu’aux extrémités de la terre. L’adventisme est, à son meilleur, un mouvement prophétique centré sur le Christ, croyant en la Bible et rempli de grâce, un mouvement qui s’occupe des autres avec compassion et qui transmet un message d’espoir urgent à un monde qui se meurt. Puissions-nous nous lever pour accomplir notre destinée et nous acquitter de la mission que Dieu nous a appelés à remplir !


1 Ellen G. White, Testimonies for the Church, Mountain View, Calif., Pacific Press Pub. Assn., 1948, vol. 1, p. 337.
2 Idem., Messages choisis, vol. 2, p. 449.


Mark Finley est un assistant spécial du président de l’Église adventiste mondiale, et un rédacteur spécial pour la revue Adventist World.