Des crises de gratitude

Méditations spirituelles 16/09/2022

Dick Duerksen | Adventist World, septembre 2022

Une histoire de Reg Maas

« Reg Maas travaille dans une petite équipe mondiale d’ingénieurs qui développent des surfaces céramiques miracle. Un petit atome à la fois. C’est comme ça que Reg aborde tout. Avec soin. Avec précision. Mais avec une intense gentillesse. C’est un homme vraiment intègre. Un homme qui marche avec Dieu. Je ne pense pas que je connaisse une âme plus belle. » — Tim Mayne, pasteur de Reg


Reg et son frère, Randy, sont le genre d’individus qui font tout eux-mêmes. Randy a décidé de construire une maison – une maison à trois niveaux, loin des grandes villes – à Peck, en Idaho, aux États-Unis. Sachant que Reg, son frère, lui sera d’une aide précieuse, il lui téléphone pour lui demander un coup de main.

« Pas de problème, mon frère, tournons ça en réunion de famille ! »

Reg emballe ses outils, monte dans sa voiture, et roule pendant 640 kilomètres jusqu’à Peck. En faisant le tour de la nouvelle maison, il voit que la construction comporte une cheminée solide, sûre et ignifuge qui fera 2 mètres de chaque côté et couvrira les trois niveaux de la maison.

« Il y avait une rangée double de blocs de béton au sous-sol, fixés dans le béton avec des barres d’armature en acier qui les traversaient pour s’assurer que la cheminée serait droite et solide, explique Reg. C’était un bon début ! »

Le week-end se transforme en fête de famille. On déguste de bons repas et on parle abondamment de Dieu. Même l’un des membres de la famille qui n’est pas croyant participe aux discussions. Et le week-end devient rapidement un festin spirituel !

Dimanche après-midi, Reg travaille sur les soffites au bord du toit. Soudain, il remarque un nid de frelons dans le grenier. Il va chercher une bombonne de spray anti-guêpes et monte pour régler le cas de l’ennemi. Une fois là-haut, il se rend compte qu’il y a beaucoup plus de frelons que prévu… et qu’ils ne sont vraiment pas contents.

Alors qu’il appuie sur le bouton de pulvérisation, une boule tourbillonnante de frelons noirs fonce sur lui. Dans un mouvement de recul, Reg perd l’équilibre et tombe à la renverse dans l’ouverture de deux par deux mètres qui va devenir la cheminée. Il y a environ 9 mètres entre les frelons du grenier et les blocs au sous-sol.

« C’est pas compliqué : Reg est tombé carrément depuis le niveau supérieur de la maison, raconte l’un de ses amis. Son dos a heurté une poutre en bois au deuxième étage. Ça l’a fait basculer et il est tombé tête première à l’étage suivant, où il a encore heurté une poutre. Cette fois, ça l’a projeté sur le dos. Il a traversé l’étage suivant, est atterri à plat sur le dos, et s’est embroché lui-même avec les longues barres d’armature en acier. »

La première barre lui traverse le bras jusqu’au poignet. La seconde le frappe à côté de la colonne vertébrale et transperce sa poitrine.

« J’étais allongé là, mon T-shirt blanc tout maculé de sang. Et je me suis dit : “Ouah, ça n’a pas l’air beau. »

Randy, frère de Reg, est un technicien ambulancier. Au moment de l’accident, il travaille ailleurs dans la maison. Il entend Reg crier, mais n’a aucune idée de ce qui s’est passé ou de la raison de ces cris. Puis quelqu’un pousse un cri depuis le sous-sol.

« Randy ! Reg est dans le sous-sol ! Il est embroché ! Dépêche-toi ! »

Randy se précipite alors vers le sous-sol et s’arrête net. Son frère est allongé sur les blocs de ciment avec une barre d’armature d’un mètre de long qui lui sort de la poitrine !

La formation d’ambulancier indique de ne pas retirer la barre d’armature et d’emmener Reg à l’hôpital immédiatement. Mais Randy ne peut suivre sa formation, car il n’y a aucun moyen de soulever Reg suffisamment haut pour couper la barre d’armature.

Tout à coup, Randy ressent une forte impression : aller à l’encontre de sa formation. Pour sauver la vie de Reg, il doit ramper à plat ventre jusqu’à se retrouver en-dessous de son frère, pour ensuite pouvoir le soulever très doucement de 50 cm environ jusqu’à le libérer des barres d’armature. Ça ne marchera probablement pas, mais Randy obéit à cette impression. Il s’étend sur le plancher, puis se met à pousser Reg vers le haut, un peu plus haut, encore plus haut.

Pendant tout ce temps, Reg essaie de ne pas respirer, de peur que l’effort respiratoire ne le vide de son sang.

Quelques instants plus tard, Reg est libéré des barres d’armature, et se tient debout dans les bras de Randy et d’un neveu. Il fait quelques pas et dit : « Je ne me sens pas très bien. »

Les secouristes sont prêts à transporter Reg avec un hélicoptère de sauvetage vers le meilleur centre de traumatologie de la région, mais une ambulance est déjà en route depuis un petit hôpital voisin. On se contente de l’ambulance, et Reg prend rapidement le chemin des urgences. Personne ne s’attend à ce qu’il vive.

« J’étais chez moi en Oregon, à plus de 640 kilomètres de Reg, lorsque le téléphone a sonné, raconte le pasteur Mayne. “Je t’en prie, viens nous aider ! Reg est en train de mourir. Il a besoin de toi. Dépêche-toi !” J’ai sauté dans ma voiture et j’ai conduit toute la nuit, dans l’espoir de voir mon frère, mon ami, avant qu’il ne meure. »

Deux médecins opèrent Reg pendant des heures. Ils ne sont pas croyants. Mais ils sortent de la salle d’opération en secouant la tête d’étonnement.

L’un d’eux rencontre le pasteur Mayne dans le hall de l’hôpital. « Vous savez, pasteur, je ne crois pas en Dieu. Mais Dieu a sauvé cet homme ! »

« Regardez bien ce CT scan, dit l’un des médecins à Reg. La barre d’armature qui s’est enfoncée dans votre bras a manqué les principaux vaisseaux sanguins. Tout ce qu’elle a laissé, c’est une cicatrice. Cependant, le plus grand miracle, c’est ce qui s’est passé avec la seconde barre. Elle s’est enfoncée juste à côté de votre colonne vertébrale, a touché le bord de votre cœur et a contourné votre foie, votre estomac, vos reins, et vos poumons avant de transpercer votre poitrine sans faire de dégâts majeurs. Cette barre d’armature n’a pas voyagé en ligne droite. Ce qu’elle a fait n’est pas possible ! »

« Quand mon corps s’embrochait aux barres d’armature dans le sous-sol, je me suis attendu à me vider de mon sang, se souvient Reg. Puis je me suis rendu compte que quelqu’un d’autre était en train de s’occuper de ça. Je n’ai jamais éprouvé ce genre de paix à aucun autre moment de ma vie. »

Deux jours plus tard, Reg Maas sort de l’hôpital sous les acclamations émerveillées de ses proches, de ses amis, des soignants, et du pasteur Mayne.

« Dire que je m’attendais à assister à des funérailles, lance le pasteur. Au lieu de ça, j’ai participé à la célébration d’un miracle ! »

« Je retiens deux choses de ce miracle, conclut Reg : quelques cicatrices, et des crises de gratitude régulières. Je préfère de loin tomber dans une cheminée avec Dieu que de marcher sur le trottoir sans lui ! »


Dick Duerksen, pasteur et conteur, habite à Portland, en Oregon, aux États-Unis.