De quoi avez-vous peur ?

Méditations spirituelles 15/07/2022

David Thiele, maître de conférences conjoint au séminaire théologique de l’université d’Avondale | Adventist Record | Adventiste Magazine

De quoi avez-vous peur ? Certaines peurs sont des irritants mineurs, d’autres réduisent la vie au chaos. Le mot moderne pour désigner ces peurs, « phobie », est un descendant direct du verbe grec ancien phobeomai et du nom connexe phobos.

Le monde antique était dominé par la peur. Les maladies, les accidents, les crimes, les guerres et les catastrophes rendaient la vie incertaine et généralement courte. La « peur de la mort » soumettait les gens pendant toute leur vie (voir Hébreux 2.15).

La Pax Romana d’Auguste représentait un répit par rapport à certains dangers. Mais ce n’était ni absolu ni permanent. Le monde antique était en effet dominé par la peur du surnaturel (dieux, esprits, destin), qui pouvait être capricieux et cruel. Les gens essayaient d’apaiser les divinités par des sacrifices, en espérant le meilleur.

Le Nouveau Testament présente un réalisme surprenant : il utilise le terme phobeomai 94 fois, et phobos 45 fois. De nombreuses utilisations sont directes, indiquant ce que les gens craignent : les rois au pouvoir (voir Matthieu 1.20) ; les foules dans la rue (voir Matthieu 14.5 ; Marc 11.18,32 ; Actes 5.26) ; les maîtres d’esclaves (voir Matthieu 25.25 ; Luc 19.21) ; les persécuteurs (voir Luc 20.19 ; Jean 9.22) ; les tempêtes et les naufrages (voir Matthieu 14.30 ; Actes 27.17).

Le surnaturel était la principale cause de peur dans le Nouveau Testament. Les guérisons (voir Matthieu 9.8 ; Luc 5.26) et les exorcismes (voir Marc 5.15 ; Luc 8.35,37) suscitaient la peur. (Même les personnes guéries avaient parfois peur, voir Marc 5.33). De même, le fait que Jésus marche sur l’eau (voir Jean 6.19), son calme pendant la tempête (voir Luc 8.25), la transfiguration (voir Matthieu 17.6) et l’apparition des anges (voir Luc 1.12 ; 2.9) ont suscité la crainte. Mais c’est surtout la résurrection du Christ qui a suscité la peur, notamment chez les gardes (voir Matthieu 28.4) et les femmes qui étaient revenues pour s’occuper de son corps (voir Matthieu 28.8 ; Marc 16.8).

Il n’est pas surprenant que l’un des « refrains » les plus courants de Jésus soit « N’ayez pas peur » ; cette phrase faisait souvent partie d’une exhortation générale (voir Matthieu 10.26,31 ; Marc 5.10 ; 12.7 ; Luc 12.4) ; tandis qu’à d’autres moments, elle était une réponse à des craintes spécifiques suscitées par ses actes miraculeux (voir Matthieu 17.7 ; 28.10 ; Jean 6.20). Ceux qui avaient besoin de son aide étaient encouragés à ne pas avoir peur (voir Marc 5.36). Mais le contraire de la peur n’était pas le « courage », mais plutôt la « foi » (voir Luc 8.40).

Il y a une ironie dans le texte : le même Jésus qui apaise les craintes de ses disciples en les rassurant : « N’aie pas peur, petit troupeau, car votre Père a trouvé bon de vous donner le royaume » (Luc 12.32), les exhorte aussi à craindre « celui qui peut faire périr l’âme et le corps en enfer » (Matthieu 10.28). Le salut est certain, au-delà de la peur, tant que nous nous laissons guider par Jésus, mais le rejeter signifie que le jugement est certain et que la peur est justifiée.

Les chrétiens connaissent la « crainte de Dieu » (voir 2 Corinthiens 5.11) ; ils accomplissent leur sainteté dans cette crainte (voir 2 Corinthiens 7.1) ; ils se soumettent les uns aux autres « dans la crainte de Dieu » (Éphésiens 5.21) ; et ils doivent faire preuve de miséricorde « avec crainte » (voir Jude 23). Ils sont exhortés à « craindre Dieu » (voir Apocalypse 14.7). Craindre Dieu est une bonne chose (voir Actes 10.35 ; Colossiens 3.22) et ne pas craindre Dieu est une mauvaise chose (voir Luc 18.2,4 ; Romains 3.18). Le sens ici n’est pas « d’avoir peur » car une telle peur est directement liée à la « l’aide su Saint-Esprit » (Actes 9.31). Cette « crainte » vient de la prise de conscience de la grandeur de Dieu, de la distance incompréhensible qui le sépare de sa création et qui n’est comblée que parce qu’il s’est approché de nous. Dieu ne doit pas être utilisé avec désinvolture, puis négligé. Au contraire, il désire une relation avec nous. Craindre Dieu, c’est continuer à se rappeler qui il est, à savoir le Tout-Puissant, qui malgré cela nous aime d’un amour inimaginable.

Alors, de quoi avez-vous peur ? Quoi que ce soit, Dieu est au-delà et au-dessus d’une telle peur ! Connaissez-le, « craignez-le » et toutes les autres craintes seront mises en perspective.


Traduction : Tiziana Calà