Colorier en dépassant les lignes

Méditations spirituelles 04/02/2022

Auteur : Bill Knott | Adventist World, février 2022

L’une des premières histoires bibliques qui s’est gravée dans mon imagination d’enfant se rapportait entièrement à la mission.

La parabole du semeur et de la semence (Mt 13 ; Mc 4 ; Lc 8) était importante, car elle illustrait parfaitement l’obligation permanente de chaque chrétien d’être un témoin – même si on n’était qu’un enfant de 4 ans dans la classe Jardin d’enfants de l’École du sabbat. Ce jour-là, j’ai colorié avec mes crayons de cire les images du fermier intrépide dispersant sa semence sur différents types de sol – la terre riche et brune, les pousses vertes du blé germé, le sol dur et gris où rien ne prend racine, les oiseaux chapardeurs qui dévoraient le grain et les chardons qui évinçaient les grains germés. Même à 4 ans, j’ai compris qu’il s’agissait d’une « parabole d’avertissement ». Toutes les graines semées n’allaient pas être récoltées. Le monde était plein de menaces, tant physiques que spirituelles.

Et comme un million d’autres petits adventistes qui ont colorié les mêmes images, je me suis mis dans la peau du fermier intrépide – de celui qui sème toutes les graines – même si cette parabole que Jésus a racontée ne fait jamais ce lien. Le message à retenir me semblait parfaitement clair : il faut continuer à semer, même si seulement une partie de la semence donnera un jour une abondance de grains.

Mais ensuite, par la grâce et avec le temps, « j’ai fait disparaître ce qui était de l’enfant » (1 Co 13.11). Je me suis mis à découvrir qu’au lieu de m’identifier uniquement à la tâche héroïque de semer des graines, je pouvais faire d’autres choses utiles pour augmenter le rendement du royaume de Dieu. Par exemple, je pouvais contribuer à chasser les rapaces qui rôdent au bord de chaque congrégation, protégeant ainsi ceux qui sont vulnérables des hérésies et du fanatisme. Je pouvais briser le sol rocailleux en m’occupant avec gentillesse et constance des besoins réels des nouveaux croyants – en soutenant leur mariage, leur éducation et leurs nouveaux choix de vie sains. Même les chardons – « les soucis du siècle » – pourraient être soigneusement déracinés par un enseignement aux nouveaux chrétiens sage et patient sur le sujet de l’intendance.

La mission, comme j’en suis venu à le découvrir, ne consiste pas à faire une seule chose – semer – mais aussi à s’impliquer dans la construction d’un écosystème de foi où la proclamation claire de la Parole s’accompagne de l’éducation attentive des auditeurs, et est ensuite soutenue par une communauté établie de croyants débordants de sollicitude. Nous

ne nous avisons pas de dire : « Ce n’est pas notre faute si les oiseaux ont ingurgité la semence. » Nous ne pouvons pas hausser les épaules et laisser entendre que les auditeurs sont à blâmer lorsque les hypothèques et les problèmes conjugaux leur font oublier leur engagement récent envers Jésus.

Selon cette parabole de Jésus, nous sommes, nous aussi, dans ce champ, et pas seulement en tant que veinards qui grandissent vers la maturité chrétienne. Nous sommes liés par une alliance à tous ceux que la Parole de Dieu atteint, leur offrant un lieu sûr et enrichissant où ils peuvent s’épanouir. Le Seigneur de la moisson – lequel est aussi à l’origine du processus en jetant la semence dans nos cœurs – n’en attend pas moins de nous.