Cinq raisons de soutenir l’éducation adventiste

Méditations spirituelles 18/11/2021

En dépit de son importante contribution pour l’Église et la communauté, l’éducation adventiste est aujourd’hui la cible d’attaques. Le plus triste est qu’en ce début de XXIe siècle, ces attaques proviennent principalement de l’intérieur-même de l’Église.

Certains pasteurs, par exemple, ont soutenu que l’éducation adventiste « vole l’argent de l’évangélisation ». Un membre d’église inquiet a récemment écrit : « Le pasteur de mon église a décidé que l’éducation adventiste est inutile et ne gagne pas d’âmes. Il demande par conséquent que notre école adventiste locale soit fermée, afin de ne plus gaspiller l’argent qui pourrait être utilisé pour l’évangélisation. Il avait déjà envoyé des messages pour signifier son intention de fermer l’école. L’année dernière, l’école avait présenté un culte d’adoration dans chaque église partenaire exceptée la nôtre puisque le pasteur trouvait que c’était inutile pour les membres et une perte de temps. Aussi leur a-t-il dit qu’ils n’étaient pas les bienvenus et en est même venu à prêcher sur le fait de ne pas porter pas de fruits, sujet intéressant en soi pour un sermon si ce n’est que son objectif consistait précisément à prouver que notre école ne portait pas de fruit visible. »

Une vision à long terme

En lisant cette lettre, je me suis demandé comment ce pasteur aurait évalué le ministère d’enseignement et d’évangélisation du Christ. Après tout, le Seigneur a été le maître d’un groupe de douze disciples pendant trois ans et, quand on l’a mis sur la croix, d’après ce que nous savon, aucun d’entre eux n’était vraiment converti. Ils n’avaient même pas compris le message central de ses enseignements. Avant de vivre dans le renoncement et pour le service, la préoccupation principale de tous tournait autour de qui serait le plus grand dans le nouveau royaume. N’oublions pas que l’un d’entre eux a trahis Jésus et un autre a juré ne pas le connaître.

Quelle perte de temps ! D’un point de vue humaine, Jésus aurait certainement pu utiliser son temps de façon plus profitable. Mais son regard allait au-delà de ce que les autres pouvaient voir. Après les événements de la Pentecôte, la plupart de ces disciples sont devenus des sources de puissances pour l’Évangile.

Il en est de même pour l’école chrétienne. Les résultats ne sont généralement pas immédiats. Ellen White a saisi cette vision quand elle a écrit sur le matin de la résurrection :

« Toutes les questions que nous nous posons à propos de notre vie trouveront alors une réponse. Là où nous n’avions vu que perplexité, confusion, projets avortés, plans contrecarrés, nous verrons le dessein tout-puissant, victorieux, harmonieux de Dieu. Ceux qui auront travaillé avec désintéressement pourront contempler le fruit de leur labeur. […] Des parents et des maîtres dorment de leur dernier sommeil, leur vie semble avoir été vaine ; ils ne savent pas que leur fidélité a fait jaillir des flots de bénédictions intarissables ; c’est par la foi, pas autrement, qu’ils ont vu les enfants élevés par leurs soins devenir sources de bénédictions et d’inspiration pour leurs semblables, et leur influence se multiplier. Nombre d’ouvriers font parvenir dans tous les coins du monde des messages de force, d’espoir, de courage, mais ils agissent dans la solitude et l’obscurité et ne savent pas grand-chose des suites de leur entreprise. Ainsi des dons sont accordés, des fardeaux portés, des travaux accomplis. Des hommes sèment, et sur leurs tombes d’autres moissonnent d’abondance. Ils plantent des arbres, et d’autres en mangent le fruit. Ici-bas, ils se contentent de savoir qu’ils ont mis en œuvre les forces du bien. Dans l’au-delà, nous verrons chaque effort avec ses résultats »1.

Une vue myope ne suffit pas à l’heure de chercher la vraie valeur de l’éducation chrétienne. Les évaluations à court terme de projets à long terme sont presque toujours faussées et inadéquats.

Cinq raisons de soutenir l’éducation adventiste

1. La raison qui arrive en tête de liste est le fait que les écoles adventistes présentent la Bible à l’étudiant comme modèle de pensée et critère d’action. En 1881, voici ce qu’a écrit Ellen White concernant la première institution éducative adventiste : « Dieu a déclaré qu’il était dans ses intentions d’avoir dans ce pays un collège où la Bible aurait la place qu’elle mérite dans l’éducation des jeunes.2 » Sans crainte de tordre le sens de cette citation, on peut étendre ce conseil à un système organisé d’écoles chrétiennes. Cependant, et ceci est une notion essentielle, dans chaque école adventiste, la Bible ne doit jamais être étudiée comme une fin en soi. De plus, les Écritures fournissent un cadre de référence pour tout ce qui a lieu dans l’établissement, indépendamment des matières académique, des activités extrascolaires, des services du sabbat matin, ou des programmes d’étude et de travail.

2. Pour l’éducation adventiste, présenter Jésus aux étudiants en tant que Seigneur et Sauveur ne constitue pas non plus une fin en soi. La meilleure éducation adventiste prépare le jeune à une vie consacrée au service des autres. Ce n’est pas un hasard si les premières et dernières pages du livre Éducation se concentrent sur « la joie du service ». Une des principales fonctions de l’éducation adventiste consiste à aider des êtres humains normalement égoïstes à acquérir une vision claire de ce qu’implique le service envers le prochain. C’est une des raisons pour laquelle les études supérieures adventistes se sont traditionnellement spécialisées dans la formation aux professions du service comme l’enseignement, les soins de santé, la croissance spirituelle et d’autres domaines associés. La plupart des dirigeants d’église ont reçu une formation professionnelle dans des écoles et des collèges adventistes. Comment seraient les choses aujourd’hui si nous n’aurions pas eu de telles institutions ?

À tous les niveaux, nous devons considérer les institutions éducatives adventistes comme le lieu de formation pour gagner des âmes, quelle que soit la profession qui sera choisie. Pour que le jeune soit préparé à faire retentir sa trompette du service et du gain des âmes, il doit être formé de manière appropriée. L’importance de ce défi se précise quand on constate que 74 % des adventistes sont de la première génération et qu’ils ne possèdent même pas la connaissance fondamentale de l’héritage de notre dénomination, de sa structure et de ses croyances, ni même, plus important encore, la compréhension de la mission apocalyptique de l’Église envers le monde.

3. Au premier point, nous avons noté que l’éducation adventiste présente aux étudiants le monde fascinant de la Bible. Mais cela va bien au-delà des cours de Bibles et de religion obligatoires. L’éducation adventiste aide les jeunes à envisager n’importe quel thème depuis la perspective philosophique des Écritures. Par exemple, bien que la Bible ne soit pas principalement un livre d’Histoire ou de Sciences, elle donne un cadre conceptuel nécessaire à la pensée pour organiser les faits historiques, scientifiques et tout autre domaine. De même, la Parole de Dieu fournit les outils nécessaires pour évaluer et prendre les meilleures décisions. Ici, nous avons une contribution de l’éducation adventiste qui, malheureusement, est trop souvent négligé, comme l’explique l’auteur Arthur F. Holmes : « l’éducation concerne la transmission de valeurs »3. Les valeurs détiennent une importance stratégique concernant la pensée et le comportement humain, car elles constituent la base de toutes les décisions qu’une personne prend au cours de sa vie. Notre culture humaniste et postmoderne transmet des valeurs de nombreuses façons. Les jeunes sont influencés par l’engouement pour le consumérisme, la violence et l’immoralité dans les médias, les jeux vidéo et la musique et d’autres, par exemple, le sont par l’usage de l’alcool, des drogues et du sexe irresponsable. Par ailleurs, les écoles publiques ne peuvent ni enseigner la religion ou la morale, ni dire aux étudiants qu’il existe d’autres théories alternatives à l’évolution. D’autres écoles transmettent une vision déformée du sens de la vie et du chemin vers le salut. L’éducation adventiste est un des moyens les plus puissants pour transmettre les valeurs bibliques. Cette transmission n’est pas parfaite mais, comparée aux autres alternatives, elle fait un pas de géant dans la bonne direction.

4. Un quatrième impératif pour soutenir l’éducation adventiste est en rapport avec le domaine social. Il est certain que la possibilité de problèmes existe partout où il y a des jeunes. Mais cette réalité est minimisée si la majorité des membres du groupe partagent un système de valeurs bibliques/chrétiennes/adventistes et souhaitent développer, dans le futur, un mode de vie basé sur ces valeurs.

Pour être franc, je crois fermement qu’un des atouts majeurs des écoles adventistes est de rassembler un nombre important de jeunes afin de favoriser la création d’amitiés à vie et la rencontre du conjoint avec qui partager une même vision de ce qui est important dans la vie. Je garde un vif souvenir de mes trois premières visites en tant que jeune pasteur débutant à San Francisco. Il s’agis- sait à chaque fois de jeunes membres d’église mariés à des conjoints non-croyants. Leur expérience personnelle transmettait le message de la désorientation et de la dépression. À partir de ce moment de ma carrière professionnelle, j’ai donc compris l’extrême importance de la fonction sociale de l’éducation adventiste.

Il ne faut pas oublier que beaucoup d’étudiants apprennent plus des autres jeunes que de leurs enseignants, ou parents. Par conséquent, il est important de faire tout notre possible pour créer une atmosphère d’éducation qui optimise les bénéfices du pouvoir de l’influence du groupe et des étudiants leaders.

5. Il existe sûrement de nombreuses autres raisons de promouvoir l’éducation adventiste. Une des plus importantes est l’influence positive des professeurs et autre modèles adultes. Il faut également considérer le fait qu’on apprend mieux les leçons quand on entend le même message à l’école, à la maison et à l’église. Enfin, et pas des moindres, dans de nombreux écoles et collèges, les activités extrascolaires, dont le sport et autres, ont souvent lieu le sabbat, ce qui contraint les jeunes à faire des choix difficiles entre leur foi et leur vie sociale. Cette réalité est assez importante pour la plupart des jeunes. La solution évidente est la création d’écoles qui respectent tant les besoins de la foi qu’un développement social sain.

Conclusion

L’éducation adventiste a occupé un rôle central dans la construction d’une Église unifiée qui, depuis 1863, s’est étendue au monde entier. Pourtant, l’éducation adventiste
ne s’est pas développée proportionnellement au nombre des membres d’églises. En 1945, le nombre moyen d’étudiants fréquentant nos écoles représentait 25 % du nombre de membres. Ce taux est resté à peu près constant jusqu’en 1965. Date à partir de laquelle cette proportion est brusquement descendue à 15 %, en 1985 jusqu’à 9 %, en 2000. En même temps, un plus grand nombre d’étudiants non adventistes s’inscrivent dans nos établissements, ce qui fait que le taux réel est aujourd’hui de 5 %.

Alors que notre Église continue à mûrir, elle a constamment besoin de réévaluer son engagement dans l’éducation adventiste. La perte de cet engagement aurait des résultats dévastateurs sur la nature-même de l’adventisme alors qu’il avance dans le XXIe siècle. L’Église devrait impérativement envisager cette reconsidération alors que la dénomination s’efforce de progresser dans l’accomplissement de sa mission d’évangélisation.


1. Ellen G. WHITE, Éducation, chap. 4, p. 35, 36.

2. Ibid., Conseils aux éducateurs, aux parents et aux étudiants, Principes généraux, p. 74.

3. Arthur F. HOLMES, Shaping Character: Moral Education in the Christian College [Façonner le caractère : éducation morale dans l’Université chrétienne], Eerdmans, Grand Rapids, Michigan, 1991, p. vii.


Par le Dr. George R. Knight. Publié dans la revue L’ancien, 3 trimestre 2013, page 18 à 21.