Christ, l’incomparable

Méditations spirituelles 04/10/2022

Bill Knott | Adventist World octobre 2022

Rien ne précède les épines.

Longues de cinq centimètres, elles se dressent sur notre chemin, accrochant les chemises et transperçant la peau. La nature et les ravages du temps font qu’on a du mal à voir ce qui reste de l’antique Colosses.

Entre les buissons d’épines étouffants, on peut entrevoir les preuves qu’autrefois, Colosses était un lieu où les familles habitaient et où les enfants jouaient. Des briques effritées, d’une ancienneté indescriptible, émergent des monticules non excavés. Le croissant d’un amphithéâtre romain surgit d’une colline brûlée par le soleil, laissant imaginer ce qui s’est passé il y a des millénaires.

Lorsque l’apôtre Paul a écrit sa lettre à l’église de Colosses, les destinataires se réunissaient probablement dans la maison d’un membre. Leur ville était en déclin, et leur église, petite. Rien de grandiose n’allait jamais surgir parmi les épines. La richesse, le commerce, l’art et la culture s’envolaient avec les jeunes citoyens vers des lieux plus grands et meilleurs. Les occasions allaient toujours ailleurs. Le fait même qu’il y ait une église chrétienne dans cette ville était un acte de foi – la foi que l’Évangile n’a pas besoin de l’aval des riches ou des gens célèbres, de l’art ou de la culture, de la politique ou des tendances.

Et pourtant, à ces chrétiens assiégés, encerclés par des divinités païennes et des cultes rendus aux anges, l’apôtre a écrit quelques-unes des lignes dans les Écritures qui sont les plus orientées vers le cosmos : « Rendez grâces au Père […] qui nous a délivrés de la puissance des ténèbres et nous a transportés dans le royaume du Fils de son amour […] Il est avant toutes choses, et toutes choses subsistent en lui. » (Col 1.13,17)

De peur qu’ils ne s’imaginent qu’eux et leur petite congrégation aient été oubliés dans la course du temps, Paul leur a rappelé que le Seigneur devant lequel ils se prosternaient avec amour et crainte est le Maître de bien plus que cette planète. Lorsque des épines, réelles et symboliques, leur barraient la route et transperçaient leurs espoirs, ils trouvaient un nouveau réconfort dans la certitude que « tout a été créé par lui et pour lui » (v. 16). Lorsque des tremblements de terre secouaient la ville, lorsque des amitiés s’affaiblissaient, lorsque la foi était ébranlée par un profond mépris ou par une santé défaillante, ils avaient une parole à laquelle se raccrocher : « Il est avant toutes choses, et toutes choses subsistent en lui. »

C’est le message dont « le reste » de Dieu a certainement besoin aujourd’hui. Nous voyons bien les épines – les obstacles – qui nous bloquent le chemin et contrecarrent nos rêves. Nous nous inquiétons que la foi puisse s’effacer avec ceux qui suivent – avec les enfants et les petits-enfants ; avec les amis, avec les nouveaux croyants. Nous nous demandons quand les pluies viendront reverdir notre Église et raviver nos espoirs – quand nous verrons l’Évangile avancer avec la puissance de l’Esprit que nul ne peut arrêter. Cent sortes d’épines sont
la preuve douloureuse que « nous n’avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les dominations, contre les autorités, contre les princes de ce monde de ténèbres, contre les esprits méchants dans les lieux célestes » (Ep 6.12).

Mais Christ se tient là, au milieu des épines, inébranlable, tout-puissant. Il gouverne l’avenir et le passé, et apporte la toute-puissance au présent – notre présent petit, obscur, incertain. Il n’y a aucun endroit où il ne règne pas. Il n’y a aucune puissance qui ne s’incline devant lui. Sa couronne était faite d’épines.

Prends courage, Église, dans toutes tes difficultés : « Il est avant toutes choses, et toutes choses subsistent en lui. »