« Celui qui offre pour sacrifice la louange, m’honore »

Méditations spirituelles 31/10/2021

“Si dieu le demande, alors restons”, ai-je dit quand j’étais petite. Et ces paroles sont restées gravées dans la mémoire de notre famille. Nous espérions quitter Cuba pour émigrer aux États-Unis quand mon père nous a réuni, ma mère, ma sœur, mon frère et moi pour nous apprendre qu’il venait de recevoir un appel de l’Union Cubaine pour prendre en main le Ministère de la musique. Le pasteur Pedro de Armas, qui en était alors le président, lui avait expliqué sa mission et ce que l’Union attendait de lui. Aussi, mon père attendait l’approbation de sa famille pour répondre à cet appel. Cela signifiait faire une croix sur nos rêves de départ. En tant qu’aînée, j’ai toujours pensé qu’il était de mon devoir de parler au nom de tous et de soutenir les décisions de mon père qui a donc accepté l’appel, ouvrant ainsi la porte sur douze ans de travail soutenu, mais gratifiant.

Mon père a passé son examen de directeur de chœur avec la chorale de l’église adventiste de Marianao dont il était déjà le directeur, à l’époque. Il est un grand amateur de chorale et de bonne musique. Sa tâche consistait à former des musiciens dans toutes les églises de l’île et à établir des orchestres, des chorales, des pianistes et des chefs de chœur.

Plan de travail

Ce ministère, en ce temps-là peu rependu, s’est progressivement développé grâce à un plan soutenu et dirigé par l’Union. Mon père devait dresser un planning de visites et le programmer avec les présidents et les pasteurs des champs locaux. Cet itinéraire prévoyait une visite d’une ou deux semaines dans chaque église avec le programme suivant :

1. Le premier sabbat, il devait prêcher sur l’importance de la bonne musique dans l’église. Je me souviens de lui, tapant soigneusement ses sermons sur sa machine à écrire. Il les étayait de textes bibliques qui montraient la part de la musique dans le plan du salut. Il citait également l’Esprit de Prophétie : « Quand des êtres humains chantent avec l’Esprit et avec leur intelligence, des musiciens célestes se joignent aux accords et s’unissent au chant d’action de grâces. » — Évangéliser, section 15, « Évangéliser par le chant », p. 454. Dans sa Bible, il marquait d’une note de musique tous les textes faisant allusion à la musique et il les citait toujours dans ses sermons. Ce qui attirait beaucoup mon attention était ses récits des expériences de personnes s’étant converties grâce à la
musique.

2. Le sabbat après-midi, il réunissait toutes les personnes désireuses d’apprendre à diriger le chant dans l’église et il leur enseignait à le faire bien : des détails comme la vitesse à laquelle les cantiques devaient être chantés (ni trop rapide, ni trop lente), la pause entre les strophes, les ritardandi à la fin des cantiques, les gestes, etc. Il soutenait ces enseignements avec des recommandations de la plume inspirée telles que : « Une personne compétente devrait être chargée de faire les répétitions voulues, et de s’assurer qu’on a fait un choix de cantiques propres à être chantés avec l’esprit et la compréhension requis. Le chant fait partie du culte rendu à Dieu ». — Ibid., p. 455.

3. Ensuite, il convoquait tous ceux qui voulaient chanter dans une chorale, pour tester leurs voix. C’était un des moments les plus difficiles car il est toujours des personnes qui n’ont pas le don de la musique, mais qui ne s’en rendent pas compte et ce n’est pas agréable de le leur dire. Mais il y a aussi dans chaque église des personnes aux talents musicaux cachés et c’était l’occasion de les développer. Une fois les voix sélectionnées, il commençait à répéter un cantique avec le groupe formé pour qu’il le chante le sabbat suivant.

4. Durant la semaine, il réunissait les jeunes et les enfants pour leur présenter les différents instruments de musique existants, afin de leur permettre de choisir celui qui leur plaisait. Ensuite, il cherchait les professeurs correspondants. Très souvent, les professeurs de musique habitaient d’autres villages ou villes et les enfants devaient se déplacer pour prendre leurs cours. Mais les plus passionnés de musique et de l’instrument qu’ils avaient choisi, le faisaient avec plaisir. Mon père veillait tout particulièrement à ce que plusieurs personnes apprennent à jouer du piano, afin que l’église ne manque pas de pianistes disponibles. Tout en faisant répéter la chorale plusieurs fois dans la semaine, il formait une personne à prendre la direction du chœur.

Ce programme était le plus souvent appliqué dans les petites églises. En effet, le travail était différent dans les grandes où se concentraient généralement les talents musicaux. Là, il fallait regrouper et motiver les musiciens déjà formés, ainsi que faire également prendre conscience aux pasteurs de l’importance de la musique dans l’église et de la nécessité de soutenir les musiciens dans leurs répétitions et programmes.

Après un certain temps, mon père reprenait sa tournée dans le but de motiver et d’enseigner. Il apportait de la musique qu’il avait lui-même composée ou des arrangements musicaux de cantiques pour les chorales. Comme la plupart des musiciens étaient débutants, il faisait des arrangements musicaux simples et transcrivait chaque partition à la clé, ou la tonalité de chaque instrument, afin que tous les élèves musiciens puissent jouer ensemble dans leurs églises respectives.

À La Havane, mon père avait une façon très particulière de recruter les professeurs de musique. Il assistait aux répétitions de l’orchestre symphonique où jouaient les meilleurs musiciens locaux qui, à l’époque, étaient, pour la plupart, russes, bulgares, roumains, polonais, tchèques, mais aussi cubains. Là, il les recrutait pour donner des cours à domicile, soit chez eux, soit chez nous.

Je me souviens que notre maison était une véritable petite école de musique. Chaque jour, des professeurs enseignant différents instruments venaient chez nous et, heure après heure, les élèves des différentes églises venaient y prendre leurs cours. Les plus avancés étaient chargés de jouer le rôle de professeur auprès de moins favorisés financièrement. Comme ma famille devait donner l’exemple, mon frère enseignait le violon, ma sœur, l’alto et moi, le violoncelle et le piano. Ma mère, qui enseignait aussi le piano, dressait le planning de chaque classe et de chaque élève.

Le résultat

C’est ainsi qu’une culture musicale s’est peu à peu développée. Désormais, presque toutes les églises de l’île disposaient de pianistes, de chanteurs et musiciens pour accompagner leurs cultes réguliers. Il était même souvent nécessaire de faire un roulement, afin que tous les pianistes puissent participer aux programmes de l’église.

Lors des congrès de Jeunesse étaient organisés des programmes musicaux auxquels participaient les différents groupes de toutes les églises dont l’apogée était la formation d’un grand chœur et d’un grand orchestre, avec les chanteurs et musiciens de toutes les églises. La préparation et les répétitions en vue de ces programmes étaient tellement appréciées qu’aucun jeune ne voulait être privé du privilège d’y participer. Ceux qui ne jouaient pas dans l’orchestre chantaient dans la chorale et ils aimaient tous ça. Très souvent, mon père composait les thèmes des congrès de Jeunesse qu’au préalable, il enseignait aux chorales de sorte que, dès le début du congrès, la musique était connue de l’assemblée.

Peu à peu on a vu s’élever de grands directeurs musicaux dans les provinces, ce qui a affermi le ministère musical de l’île. Aujourd’hui, mon père jouit des souvenirs d’un travail que Dieu a béni, étendant sa portée et transmettant son héritage de génération en génération.

Ce travail est l’exemple de ce que l’on peut faire pour développer la musique dans l’église. Beaucoup d’églises en tireront de grands bienfaits si elles prêtent attention aux paroles de la plume inspirée : « Comme partie du service religieux, le chant est, autant que la prière, un acte d’adoration. » — Messages à la Jeunesse, chap. 95, p. 290. « Pour l’âme humble et croyante, la maison de Dieu sur la terre est la porte du ciel. Les chants de louange, la prière, les
paroles prononcées par les représentants du Christ, sont les moyens que Dieu emploie pour préparer un peuple en vue du ciel ». — Conseils à l’Église, chap. 45, p. 201.

Comment améliorer la musique dans l’église ?

En suivant l’exemple de mon père, voici quelques idées simples pour améliorer la musique dans l’église :

1. Nommer une personne ayant des connaissances musicales pour qu’elle dirige la musique dans l’église et qu’elle soit disposée à le faire bien.

2. Motiver les enfants et les jeunes à enseigner la pratique d’instruments de musique.

3. Recruter des professeurs de musique.

4. Motiver plusieurs personnes à apprendre à jouer du piano.

5. Réserver un moment et un lieu pour les répétitions des groupes de musique.

6. Soutenir le développement de la musique dans l’église.

Ne voulez-vous pas que votre église honore Dieu de toutes ses forces ? Le Seigneur dit : « Celui qui offre pour sacrifice la louange, m’honore » (Psaumes 50.14, OST). La louange est un moyen efficace d’honorer notre Créateur. Ne négligeons pas ce ministère dans notre église, accordons-lui l’attention qui lui est due et, comme mon père, nous obtiendrons de bons résultats.


Par Ana Rodríguez, vice-présidente du Service client à la Maison d’édition interaméricaine, a étudié la Musique à Cuba. Publié dans la revue L’ancien 2 trimestre 2013 pages 13 15.