Anina Ciuciu, l’avocate des mineurs

Méditations spirituelles 09/09/2021

ADRA France | Trait d’Union N. 57, p. 11-12

« Les enfants se moquaient de moi et m’insultaient parfois, souvent, très souvent. Une fois, des garçons m’ont traité d’idiote parce que je ne savais pas parler français. Ils faisaient preuve d’agressivité et d’une grande méchanceté avec moi. Au bout de quelques semaines, j’ai pris mon courage à deux mains et j’ai réussi à leur répondre : « Je sais parler français, mais vous ne méritez pas qu’on parle avec vous ».

« J’avais honte. J’avais honte pour ma mère, obligée de faire la manche pour me nourrir. Honte de me dire qu’elle faisait cela pour moi et pour mes sœurs. Honte parce que j’avais 7 ans et qu’aucune fille de 7 ans ne devrait avoir à faire la manche, dans la rue, sur un trottoir »

Voici des extraits du récit du parcours de la vie d’Anina Ciuciu, depuis son arrivée en France à l’âge de 7 ans.

« Je suis tzigane et je le reste » est le livre qu’elle a coécrit avec Frédéric Veille en 2013. Il s’agit d’un témoignage émouvant et bien détaillé qui raconte le combat qu’elle a mené avec sa famille pour accéder aux droits les plus fondamentaux et à la dignité, malgré les discriminations subies, en tant que Rom roumain, lors de leur immigration vers la France.

Aujourd’hui, Anina est avocate au barreau de Paris et son collectif #EcolePourTous, mène des combats très importants qui visent l’accès à l’instruction pour tous les enfants et jeunes en situation de précarité vivant sur le territoire français.

Le parcours d’Anina est exemplaire. Issue d’un milieu discriminé et défavorisé, à force de pugnacité, elle a réussi à atteindre une situation professionnelle et sociale d’un excellent niveau. Mais ce qui est le plus remarquable chez elle, c’est que cette réussite, elle l’a mise au service de ceux qui sont encore discriminés en 2021.

Voici les 5 mesures urgentes que le collectif #EcolePourTous, demande au ministre de l’Education Nationale :

1. La publication du décret d’application de l’article 16 de la loi «pour une école de la confiance » relatif à la simplification des pièces d’inscription scolaire. A ce jour de nombreux maires ne l’appliquent pas et continuent de refuser illégalement d’inscrire à l’école des enfants en situation de précarité.

2. Le développement de la médiation scolaire pour un lien de confiance entre l’école et ceux qui en sont éloignés.

3. La présomption de minorité, pour qu’un jeune mineur isolé n’ait pas à attendre à la porte de l’école pendant l’évaluation administrative de son âge.

4. La systématisation du contrat jeune majeur, pour qu’aucun d’entre eux ne soit forcé de quitter l’école à l’âge de 18 ans.

5. L’adaptation des plans de lutte contre le racisme aux réalités, pour qu’aucun enfant n’abandonne l’école en raison du harcèlement raciste.

ADRA partage cette même vision de la nécessité de permettre aux enfants des rues (la plus part étrangers) d’accéder à l’éducation par l’école.

Ces revendications sont formulées sous la forme d’une pétition que vous pouvez signer via ce lien : www.change.org/p/m-jean-michel-blanquer-ministre-de-l-eduction-nationale-100-000-enfants

Il est de notre responsabilité à tous d’agir pour garantir à chaque enfant le droit à un avenir, le droit de réaliser ses rêves.


Luminita Petcut

Pour plus d’informations : www.ecolepourtous.org


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