Abigail - la joie au milieu des violences

Méditations spirituelles 13/12/2020

13 décembre 2020 | Corina Timofte, Directrice du département des Femmes (MIFEM) de l’Union Franco-Belge

« Béni soit l’Éternel, le Dieu d’Israël qui t’a envoyée aujourd’hui à ma rencontre. » 1. Sam 25.32

Quelle sublime bénédiction que reçut cette femme de la part d’un futur roi !

Mais, malheureusement, Abigaïl, dont le nom signifie en hébreu « la joie de mon père/mère », doit traverser les difficultés de la vie. Mariée à un fou, elle craint la destruction de sa maison et, la perte de toute sa famille à cause d’une violence provoquée inutilement sur fond d’alcoolisme et d’égoïsme absolu de la part de son mari qui pourtant aurait dû être son protecteur.

Le chapitre 25 du premier livre de Samuel, décrit une période sombre pour David.  Endeuillé par la mort de Samuel, et en fuite loin de la colère de Saül, roi d’Israël, David se trouve dans le désert de Paran entouré de 600 hommes qu’il peine à nourrir.

David considérait qu’il était légitime de bénéficier des largesses de Nabal, en échange de services rendus en gardant les troupeaux de ce dernier. David prévoyait de se réjouir avec ses hommes, car c’était justement la saison de la tonde des animaux.

Mais, Nabal qui porte bien son nom a le cœur endurcit, et ne peut pas comprendre la souffrance des autres. Il refuse catégoriquement les prétentions de David. Une telle réponse est inacceptable et incorrecte à tous points de vue pour David. L’objection de Nabal a été l’élément déclencheur de la colère de David. Trop de pression, l’incertitude, la peur, le manque de vivres, le sentiment d’humiliation, l’incompréhension sont tous autant de facteurs générateurs de violence. David cède à cette émotion destructrice et prépare un plan de vengeance.

Quand les hommes s’affrontent, heureusement que les femmes sont là pour ramener ces messieurs au bon sens. La place des femmes n’est pas toujours aussi simple au milieu de la gent masculine, particulièrement quand elle perd la raison.

La Bible foisonne d’exemples de femmes faisant preuve de courage, d’intelligence et de jugement : Déborah, Marie, Anne, Naomi, Miriam, Rahab, Lydie, Priscille, etc…

À propos d’Abigaïl dans ce récit du chapitre 25, on trouve la règle de trois V :

Je vois, je veux, je vais

  1. Vois : se renseigner, écouter, être à jour avec l’actualité (elle connaissait David)
  2. Veux : vouloir évoluer, vouloir éviter une tragédie, vouloir changer
  3. Vais : agir, aller à la rencontre, aller avec les serviteurs, prendre le risque

De même qu’Esther, Moïse ou Daniel se sont identifiés avec le peuple, Abigail endosse les fautes de son mari. Elle ne cherche pas à se dissocier de ses folies, car elle est liée à lui. (v.24).

Sa démarche pourrait être considérée comme controversée, parce que ce jour-là, elle n’a pas respecté la parole de son mari. Mais, Abigaïl ne s’est pas attardée aux coutumes, elle a pris le risque de l’insoumission en étant maîtresse de la situation avec responsabilité.

Abigaïl joue la carte de l’humilité, de l’apaisement, et de la sagesse.

Elle aurait pu, user de séduction, en effet, c’était une très belle femme ; ou essayer de manipuler David, mais elle a choisi de ne pas donner libre cours aux tensions de ces deux adversaires.

Dotée de bon sens, elle usa de tact en s’adressant à David dans un langage où les mots contenaient  ce dont il avait besoin d’entendre : « lorsque l’Éternel aura fait à mon seigneur tout le bien qu’il t’a annoncé et qu’il t’aura établi chef d’Israël, mon seigneur n’aura ni remords, ni trouble dans son cœur pour avoir versé le sang inutilement et pour s’être vengé lui-même. » v. 30-31.

Ses qualités spirituelles ainsi que ses paroles inspirées et prophétiques ont convaincu David. Son bouillonnement s’est alors transformé en reconnaissance envers Dieu pour avoir envoyé cette femme à sa rencontre.

Abigaïl n’avait pourtant pas terminé sa mission. Au sein de son foyer l’attendait une autre situation compliquée.

Elle décide de ne pas affronter son mari le soir même ; mais, d’attendre le lendemain matin, en espérant avoir face à elle un individu avec un esprit plus clair. Elle prend alors le risque de revenir sur l’événement de la veille.

Elle craignait bien sûr une attitude intempestive, voire incontrôlée de la part de son mari en réponse à son récit rétrospectif, mais ce ne fut pas le cas. Le cœur immobile comme une pierre, Nabal est victime d’une sorte d’attaque fatale qui entrainera sa mort 10 jours plus tard.

David qui apprend cette nouvelle, se rend compte encore une fois de la sagesse, de la générosité et du courage d’Abigaïl. Il reconnait qu’il était dans l’erreur et qu’elle l’a aidé à éviter une tragédie.  Il souhaite à présent l’épouser, mais il lui laisse la liberté de choisir.

Proverbes 31.10 rappelle qu’une « femme vertueuse a plus de valeurs que les perles », C’est ce regard que porte David sur Abigail.

Si le premier mariage est supposé arrangé, cette fois-ci Abigaïl a son mot à dire. David envoie des hommes avec cette proposition. Elle est consciente que la vie à ses côtés ne sera pas un long fleuve tranquille, il a déjà une première épouse, n’est pas encore roi et d’ici là nombre d’obstacles se dresseront encore.

Sa réponse mûrement réfléchie, elle prépare son nouveau départ.

Les années passées aux côtés d’un fou ne l’ont pas rendu amère, bien au contraire. Les épreuves de la vie ont forgé son caractère et l’ont gardé humaine, généreuse et équilibrée.

Dans nos relations de tous les jours, que cette femme soit pour nous un exemple… Agissons avec humilité, sagesse, courage, responsabilité. Apprenons à ne pas fixer nos yeux sur les obstacles et les situations difficiles. Le but de nos actions doit être celui de sauver des vies tout autour de nous.

Nous pouvons agir de plusieurs manières en demandant l’aide du Tout Puissant.

Ainsi, un nombre incalculable de personnes pourront un jour nous dire : « Béni soit ton bon sens et bénie sois-tu » (v. 33)