À mot redéfini, système redéfini

Méditations spirituelles 14/09/2022

Ángel Manuel Rodríguez | Adventist World, septembre 2022

Pourquoi Saül a-t-il été aussi rapidement rejeté en tant que roi ?

L’histoire complexe et tragique de Saül soulève des questions sur la façon dont Dieu a agi avec lui. Dans cet article, nous examinerons l’expérience d’Israël à cette époque-là et les péchés spécifiques de Saul.

DONNE-NOUS UN ROI !

Pendant la période où Samuel était juge, Israël connut l’un des changements de leadership les plus importants de l’histoire de la nation. Au Sinaï, Dieu avait transformé les douze tribus en une « nation sainte » (Ex 19.6), et le peuple l’avait reconnu comme son roi (19.8 ; voir 15.18). La théocratie fut ainsi établie. En Canaan, Dieu avait nommé des assistants administratifs – les juges – tout
en continuant à être le roi exclusif d’Israël. À l’époque de Samuel, les dirigeants d’Israël supplantèrent la structure administrative de Dieu par une nouvelle structure : la royauté humaine à la manière des nations environnantes. Ce modèle était, à bien des égards, incompatible avec la foi dans le Seigneur. S’il était accepté, il devrait être transformé ou reformulé. Le premier livre de Samuel traite de cette redéfinition du nouveau système proposé.

LE ROI IDÉAL

Cette redéfinition exigeait d’abord un individu qui serait « un serviteur du Seigneur » – un individu totalement loyal et soumis à la volonté de Dieu en tant que Roi. L’expression « serviteur du Seigneur » est devenue un titre messianique (par ex., Es 53.11). En fait, le roi serait un « chef-prince » sous l’autorité du Seigneur (nagid, en hébreu ; voir 1 S 9.16 ; 10.1 ; 13.14). Deuxièmement, le roi-prince, choisi par Dieu, devrait être « un homme selon son cœur » (13.14), soutenant pleinement le programme divin pour le peuple. Troisièmement, il serait un serviteur du peuple, marchant devant lui comme son humble chef (1 S 12.2 ; 1 R 12.7). Quatrièmement, Dieu utiliserait un prophète pour le guider, l’instruire et, si nécessaire, le discipliner (1 S 10.8).

SAÜL, PREMIER ROI

Au début, Saül était humble, timide même. Malheureusement, le succès qu’il connut produisit un changement en lui. La première épreuve survint lorsqu’il n’attendit pas que Samuel offrît le sacrifice avant de partir au combat (1 S 13.9-14). Craignant que le peuple ne l’abandonne, il s’impatienta et prit les choses en mains sans le consentement du Seigneur. Sa décision d’offrir lui-même le sacrifice révéla son manque d’empressement à fonctionner dans le cadre de la redéfinition divine de la royauté. Samuel avait ordonné à Saül d’attendre qu’il lui dise ce qu’il devait faire (10.8). Saül rejeta, hélas, les conseils prophétiques. Le fait qu’il n’ait pu attendre par peur d’échouer révèle un défaut spirituel majeur : il n’avait pas confiance en la puissance salvatrice de Dieu. Par conséquent, il n’était pas un serviteur du Seigneur.

La deuxième épreuve survint après la bataille contre Amalek. Contrairement à l’ordre du Seigneur de détruire les Amalécites, Saül épargna la vie du roi Agag et celle des meilleurs animaux – un acte d’insubordination flagrant, une rébellion contre le Seigneur (1 S 15.7-9) ! Lorsque Samuel le confronta, Saül trouva des excuses telles que celle-ci : il avait gardé ces animaux en vie pour les offrir au Seigneur. C’est alors que Samuel fournit une interprétation profonde de l’être intérieur de Saül : « En effet, la désobéissance est aussi grave que la divination [chercher à connaître l’avenir par des procédés occultes, des pratiques magiques – voir 1 S 28.8], et l’insoumission [faire ce qui nous chante] aussi grave que l’idolâtrie » (1 S 15.23, BFC). Ce que Saül avait fait était l’équivalent de la sorcellerie et de l’idolâtrie, et donc, une manifestation claire qu’il avait rejeté le Seigneur et que le Seigneur le rejetait à son tour. Saül resta sur le trône jusqu’à ce que Dieu eût trouvé David – un homme « selon son cœur ». David devint le roi idéal : un type du Messie à venir, le véritable Serviteur de Dieu (Ph 2.7).


Ángel Manuel Rodríguez a pris sa retraite après avoir servi en tant que pasteur, professeur, et théologien.