123 pastèques

Méditations spirituelles 20/02/2022

Auteur : Dick Duerksen, pasteur et conteur, habite à Portland, en Oregon, aux États-Unis | Adventist World, février 2022.

Ici, il fait drôlement chaud en été. Le mercure grimpe au-delà de 32 °C ! J’ai plusieurs équipes d’ouvriers qui travaillent en plein soleil. Ils sont en sueur, sales, fatigués. Le patron, c’est moi. Je viens leur rendre visite et voir comment se déroule le travail.

Je sors du camion, pose la barrière et appelle tout le monde pour m’aider à couper les pastèques. J’en ai acheté 123 pendant la chaleur de l’été et j’ai donné chacune d’entre elles à mes ouvriers en sueur, sales, fatigués. Je pense que c’est ce que Jésus aurait fait. »

« Ah oui, j’oubliais les beignets ! Je me dis que lorsque Jésus a nourri les 5 000 personnes, il leur a donné du pain, non ? Alors, je donne à mes ouvriers des pastèques et des beignets, et ils en raffolent ! »

Lorin est agriculteur, éleveur, contremaître, et patron de plusieurs équipes qui travaillent sur des lignes de pétrole et de gaz dans le Dakota du Nord, aux États-Unis, ainsi que de l’autre côté de la frontière, en Saskatchewan, au Canada. Cet homme est tellement grand que c’en est intimidant ! Mais quand il sourit, on oublie sa taille imposante. Tout ce qu’on voit, ce sont les rides de son sourire qui se dressent comme des montagnes autour de ses yeux. Cet homme-là sait rire !

« Un jour de canicule, nous soulevions des poutres en métal devant servir à la construction du toit d’un nouveau bâtiment, se souvient l’un des ouvriers. Ces poutres étaient si lourdes qu’il fallait trois d’entre nous pour les soulever et les mettre à leur place. C’était crevant ! Dans la chaleur de l’après-midi, Lorin est venu, a soulevé l’une des poutres tout seul et l’a maintenue en place pendant que nous posions les boulons. Tout seul ! Et il a ri et blagué pendant tout ce temps. »

Il y a des employés qui ont peur de leurs patrons… Eh bien, pas les ouvriers de Lorin ! Ils aiment beaucoup leur patron. Quand il coupe des pastèques, il cause avec eux, prend des nouvelles de leurs familles, les félicite pour quelque chose qu’il les a vus faire, les encourage, les enseigne, et soutient chacun d’eux personnellement.

« J’ai un jardin chez moi, dit Lorin. Moi, un grand jardinier ? Ça non alors !, poursuit-il en grimaçant. Mais je pense qu’à Nazareth, Jésus avait son propre jardin.

Alors, j’en ai un, moi aussi, dans le Dakota du Nord. C’est là que je marche avec Dieu. C’est le terrain d’entraînement qu’il a créé pour que je marche à ses côtés et reçoive ses messages. C’est dans les tomates que j’apprends des tas de choses. »

Les tomates de Lorin ne poussent pas sur des plants normaux. Ces plants mesurent entre 2,1 et 2,4 mètres de haut. L’été dernier, une tempête de grêle a frappé la région. Des grêlons ont fouetté ses plants, ce qui, normalement, aurait dû anéantir la récolte des tomates. Mais rappelez-vous que ce jardin, c’est celui où Lorin et Dieu marchent ensemble ! Au lieu de briser les plants, chaque fois qu’un grêlon frappait, une nouvelle branche s’est mise à pousser sur le plant ! Ces branches ont tellement prospéré que Lorin a dû prendre une machette et se faire un tunnel entre les plants pour pouvoir récolter toutes les tomates, bien rouges.

« Cette année, Dieu et moi avons récolté près de 227 kilos de tomates. Et nous les avons toutes offertes en cadeau. Il y en a eu pour les ouvriers, pour des gens qui sont venus frapper chez moi parce qu’ils avaient faim et se demandaient si j’avais des tomates. Je demande à Dieu d’envoyer ces gens, et il s’assure toujours que chaque tomate a une famille. »

Deux cent vingt-sept kilos de tomates… Soixante-quinze pots de maïs en conserve… Cent vingt-trois pastèques… Vingt-cinq kilos de biscuits de Noël… Huit gâteaux aux carottes nappés d’un vrai glaçage au beurre… Et des tablettes de chocolat géantes – des tas de chocolat !

« Je ne me procure que le meilleur chocolat – pas le bon marché, non, mais le bon chocolat noir, dit Lorin. Jésus ne se serait pas contenté d’une qualité moindre ; alors j’achète le meilleur que je peux, et je l’offre avec le sourire ! »

Il y a toujours une tablette de chocolat dans le camion de Lorin qui attend d’être distribuée. Un jour, alors qu’il roulait sur une route de ferme, Lorin a aperçu un homme qui tendait les fils de sa clôture – un homme en sueur, sale, fatigué. Lorin a tout de suite vu le problème. Il savait qu’un peu d’aide serait apprécié. Mais d’abord, il a garé son camion au bord de la route, a pris la tablette de chocolat et une bouteille d’eau fraîche, et les a offertes au fermier. Personne n’a jamais refusé une tablette de chocolat de Lorin. Les deux hommes ont ri ensemble pendant quelques minutes, puis Lorin l’a aidé à réparer la clôture.

« On l’appelle l’Homme-chocolat, dit un ami en riant. Il est toujours en train de donner quelque chose – surtout ces tablettes de chocolat noir géantes – et de distribuer des sourires comme Jésus le faisait en Galilée. »

« Je fais simplement ce que Jésus faisait quand les gens venaient à lui. En général, il ne leur donnait pas ce dont ils pensaient avoir besoin, mais plutôt ce dont ils avaient vraiment besoin. Il leur montrait qu’il était là pour eux, qu’il se souciait vraiment d’eux, puis leur donnait plus que ce dont ils se rendaient compte à ce moment-là. Il les aimait sincèrement. Je pense que c’est aussi ma mission : modeler ma vie sur celle de Jésus, donner, et m’occuper vraiment de mes semblables. »

Lorin a du mal à rester dans le Dakota du Nord. Chaque année, il dirige quelques équipes de construction d’écoles en Afrique et en Inde. À l’aller, ses bagages sont lourds, parce que remplis d’outils – marteaux, scies, perceuses électriques, etc. Mais au retour, ils ont un poids plume ! Tous les outils ont été laissés à de nouveaux amis qui en avaient besoin.

Dans ses bagages, Lorin a toujours un autre sac de cadeaux, une pochette jaune vif remplie d’aiguiseurs de couteaux. Chaque soir, il se rend au village pour aiguiser le couteau de cuisine de quelqu’un. Et la machette. Et la charrue. Mais il ne fait pas qu’aiguiser : il apprend aux villageois à utiliser ses aiguiseurs, puis les leur donne.

« Vous savez, j’essaie simplement de donner un sens au monde dans lequel je suis. Je veux vivre comme Jésus a vécu et franchir la ligne d’arrivée avec lui. »