Messagers du jugement de Dieu

Méditations spirituelles 01/11/2020

Les adventistes ont toujours été le peuple de la prophétie

La première moitié du 19e siècle a vu le rationalisme moderne intensifier ses attaques contre la foi chrétienne. Alors que les vents de la Révolution française déifiaient la raison humaine, la biologie évolutionniste, elle, considérait la nature comme étant son propre créateur. Quant aux déistes, ils dépeignaient Dieu comme un être qui n’intervient pas dans les affaires humaines.

Pour les critiques historiques, la Bible était pleine de mythes religieux et d’inexactitudes ; ses prophéties n’étaient qu’un style littéraire n’ayant aucun rapport avec le présent. Les post-millénaristes, eux, suggéraient que Dieu établirait son règne sur terre par le biais des réformes sociales. Dieu et sa Parole étaient totalement remis en question.

C’est dans ce contexte difficile que l’archéologie biblique commença son périple pour confirmer l’historicité de la Bible. Le message des trois anges d’Apocalypse 14.6-12 attira alors l’attention, avertissant le monde des jugements imminents de Dieu et de son offre de salut. Cet article donne une brève vue d’en- semble de la compréhension adventiste de ces messages et des améliorations ultérieures de cette compréhension.

PREMIÈRES PERSPECTIVES ADVENTISTES

Les interprètes protestants de la fin du 18e et du début du 19e siècle avaient tendance à considérer les trois anges d’Apocalypse 14 comme « les hérauts emblématiques de la réforme progressive de la papauté » (1). Alors que certains auteurs considéraient la mission de ces anges comme étant déjà accomplie, d’autres la considéraient comme étant toujours en cours.

William Miller et ses disciples étaient de plus en plus convaincus que le grand mouvement du second avènement proclamait le message du premier ange en avertissant le monde de « l’heure de son jugement » (Ap 14.7). Certains millérites croyaient que la prédication du message du deuxième ange avait commencé à l’été 1843 avec le célèbre sermon de Charles Fitch intitulé « Sortez du milieu d’elle, mon peuple » (Ap 18.4 ; voir Ap 14.8). Par contre, les millérites ne prêtaient guère attention au message du troisième ange.

Après la grande déception d’octobre 1844, les adventistes observateurs du sabbat supposèrent que le message du premier et du second ange s’était déjà accompli par le mouvement millérite, et que leur propre mouvement naissant ne devait prêcher que le message du troisième ange (Ap 14.9-12).

Dans sa brochure intitulée Second Advent Way Marks and High Heaps (1847), Joseph Bates montra comment la prédication séquentielle de ces messages avait permis de déployer les composantes doctrinales de base du message adventiste (2). Dans les années qui suivirent, les adventistes observateurs du sabbat révisèrent et renforcèrent leur système doctrinal tel qu’intégré par les thèmes fondateurs du sanctuaire de Daniel 8.14 et du message des trois anges d’Apocalypse 14.6-12 (3).

En 1858, Ellen White décrivit ces messages comme étant les trois étapes pour accéder au fondement solide de la vérité présente, ainsi que deux groupes distincts gravissant un escalier. Le premier groupe se composait de ceux qui avaient vécu la période millérite ainsi que les premières expériences adventistes de l’observation du sabbat, et qui avaient accepté les messages tels que prêchés à l’origine. Le second groupe se composait d’individus gravissant plus tard l’escalier alors qu’ils n’avaient pas fait partie de la proclamation initiale des messages (4). Cette illustration contribua à consolider l’idée que, bien que le message des trois anges eût commencé à être prêché dans l’ordre séquentiel, il devait aussi être prêché simultanément.

PERFECTIONNEMENTS ADVENTISTES ULTÉRIEURS

Les adventistes observateurs du sabbat virent dans la proclamation du message des trois anges le déploiement de tout le système de la vérité présente. Dans les premiers jours du mouvement, deux expressions de ces messages firent l’objet d’une attention particulière. L’une était « l’heure de son jugement est venue » (Ap 14.7) – ce qui était considéré comme une allusion à la phase postérieure à 1844 du ministère sacerdotal du Christ dans le sanctuaire céleste (voir Dn 7.9-14 ; 8.14).

L’autre expression était « les commandements de Dieu » (Ap 14.12), avec son accent sur la nature permanente du décalogue et du sabbat du septième jour. Ce point de vue se fondait sur la conviction que la foi justificatrice n’abolit pas la loi de Dieu (Rm 3.31).

Au fil des ans, les adventistes se considérèrent comme étant les « saints » obéissants « qui gardent les commandements de Dieu et la foi de Jésus » (Ap 14.12). Ils relièrent même plusieurs de leurs croyances à ces deux sujets doctrinaux.

Par exemple, après la vision de la réforme sanitaire d’Ellen White en 1863, les principes fondamentaux de la santé furent considérés comme des expressions de ces commandements. Après la session de la Conférence générale de 1888 à Minneapolis, la doctrine de la justification par la foi fut considérée comme un élément crucial de la « foi de Jésus ». Cette perception favorisa une approche plus christocentrique pour la prédication de « l’Évangile éternel » dans le contexte de « l’heure de son jugement » (Ap 14.6,7).

Lors de la Conférence biblique de 1952 à Takoma Park, au Maryland,  F. D. Nichol a présenté un document fort instructif : « The Increasing Time- liness of the Threefold Message » [« La pertinence croissante du triple message »] (5). Ce document fournit une liste utile de doctrines et de prévisions prophétiques énoncées dans ces messages. Plus récemment, des auteurs et des prédicateurs adventistes ont mis un accent renouvelé sur l’insistance créationniste du message du premier ange (Ap 14.7).

Des érudits adventistes ont reconnu que l’expression « adorez celui qui a fait le ciel, et la terre, et la mer, et les sources d’eaux » (Ap 14.7) ne reflète pas principalement le récit de la création de la Genèse, mais plutôt le quatrième commandement du décalogue, qui se lit comme suit : « l’Éternel a fait les cieux, la terre et la mer, et tout ce qui y est contenu » (Ex 20.11).

Le message des trois anges d’Apocalypse 14 est probablement l’ensemble le plus riche et le plus complet des aperçus doctrinaux dans l’Apocalypse de Jean, et même dans toute la Bible. Rien d’étonnant alors à ce qu’en 1903, Ellen White ait parlé de ces messages comme étant les « vérités […] les plus solennelles qui aient jamais été confiées à des mortels », et de leur proclamation comme étant une « tâche […] d’une importance capitale » (6).

La mission de l’Église adventiste consiste à « faire des disciples de Jésus-Christ, lesquels vivent comme ses témoins aimants et proclament à tous les peuples l’Évangile éternel du message des trois anges en préparation au retour imminent de Jésus (Mt 28.18-20 ; Ac 1.8 ; Ap 14.6-12) » (7). Si le message des trois anges d’Apocalypse 14 était aussi pertinent pour les premiers adventistes observateurs du sabbat et les générations adventistes suivantes, ne devrait-il pas l’être davantage pour nous qui sommes beaucoup plus proches du retour du Christ ? Alors, croyons et proclamons avec audace cet important message au monde entier !


1 Thomas Scott, The New Testament of Our Lord and Saviour Jesus Christ: Translated From the Original Greek, With Original Notes, and Practical Observations, Londres, Bellamy and Robarts, 1791, sur Apocalypse 14.6,7.

2 Joseph Bates, Second Advent Way Marks and High Heaps, or a Connected View, of the Fulfilment of Prophecy, by God’s Peculiar People, From the Year 1840 to 1847, New Bedford, Mass., Benjamin Lindsey, 1847.

3 Alberto R. Timm, The Sanctuary and the Three Angels’ Messages: Integra- ting Factors in the Development of Seventh-day Adventist Doctrines, Berrien Springs, Mich., Adventist Theological Society Publications, 1995.

4 Ellen G. White, Spiritual Gifts, Battle Creek, Mich., Review and Herald Pub. Assn., 1858, vol. 1, p. 168, 169.

5 F. D. Nichol, « The Increasing Timeliness of the Threefold Message », dans Our Firm Foundation, Washington, D.C., Review and Herald Pub. Assn., 1953, vol. 1, p. 543-622.

6 Ellen G. White, Évangéliser, p. 119, 120.

7 Tiré du lien suivant : www.adventist.org/articles/mission-state- ment-of-the-seventh-day-adventist-church/, affiché le 15 octobre 2018.


Alberto Timm est directeur adjoint du Ellen G. White Estate de la Conférence Générale.