Les chrétiens et l’éthique

Méditations spirituelles 01/04/2020

Juan Prestol-Puésan est le trésorier de la Conférence générale, un poste qu’il occupe depuis 2015. / Adventist World Mars 2020

La Bible raconte l’histoire de Samuel, le prophète de Dieu pour la nation d’Israël. Après avoir oint Saül en tant que premier roi d’Israël et s’être préparé à assumer un rôle moins important, il s’adressa à ses frères israélites : « [J’ai] marché à votre tête, depuis ma jeunesse jusqu’à ce jour. Me voici ! Rendez témoignage contre moi, en présence de l’Éternel et en présence de son oint. De qui ai-je pris le bœuf […] ? Qui ai-je opprimé, et qui ai-je traité durement ? De qui ai-je reçu un présent, pour fermer les yeux sur lui ? » (1 S 12.2,3) (1).

« Ils répondirent : Tu ne nous as point opprimés, et tu ne nous as point traités durement, et tu n’as rien reçu de la main de personne. » (v. 4)

« Il leur dit encore : L’Éternel est témoin contre vous […] que vous n’avez rien trouvé dans mes mains. » (v. 5)

À la fin d’une longue carrière au service du peuple de Dieu, Samuel avait la conscience nette à l’égard de son service. Le peuple lui-même reconnut que tout ce qu’il avait fait avait été imprégné de transparence et d’intégrité.

Un tel service devrait être un modèle pour nous tous.

Malheureusement, nous vivons à une époque où l’intégrité et la transparence semblent n’être que les reliques d’un passé nostalgique. Même ceux que nous pensons bien connaître sont parfois moins qu’honnêtes. Et certains de ceux qui apparaissent régulièrement sur les flux d’information brouillent délibérément les frontières entre la vérité et la tromperie.

Pourtant, tout commence par le caractère ! Pour certains, le caractère, c’est faire la bonne chose quand personne ne regarde. Quand notre esprit et notre cœur sont réconciliés, nos paroles et nos actes s’harmonisent. La plupart d’entre nous passent leur vie à essayer de réconcilier leurs pensées avec leurs actes. Dieu a dit par la bouche de Jérémie : « Je mettrai ma loi au dedans d’eux, je l’écrirai dans leur cœur » (Jr 31.33). Mais ceci ne se fait pas tout seul.

La transparence et l’intégrité sont des vertus qu’il faut mettre en pratique et cultiver. Elles entrent dans l’ensemble spirituel implanté en nous par le Saint-Esprit, mais exigent un apprentissage en cours de route. Nous ne sommes ni moraux ni bons par nous-mêmes. Ellen White a écrit : « Jésus-Christ est la source de tout bon sentiment. C’est lui seul qui peut mettre dans nos cœurs l’horreur du péché. Chaque aspiration vers la vérité et la pureté, chaque conviction de notre péché est une preuve de l’influence du Saint-Esprit sur notre cœur (2). »

Personne n’a le monopole de la transparence et de l’intégrité. C’est une question qui nous touche tous. L’honnêteté et l’ouverture transparentes sont des qualités qui rendent les choses évidentes, faciles à comprendre. Elles sont des reflets de notre caractère.

L’intégrité, c’est la vertu qui consiste à être honnête et juste. C’est l’adhérence aux principes moraux et éthiques. C’est la droiture morale, l’état d’être entier, ou indivisé. L’ambiguïté et la duplicité sont des comportements inacceptables. Certains ont commencé à utiliser à leur place l’expression « intégrité transparente » (3).

L’AUTHENTICITÉ ET LA VIE DE L’ÉGLISE

Comment la transparence et l’intégrité se manifestent-elles dans le contexte de la vie de l’Église ? Quand on parle de transparence et d’intégrité, on parle, en fait, d’authenticité. Pour les Grecs stoïques, l’authenticité était « une réponse morale aux valeurs civiles et religieuses en déclin » (4). En ce qui nous concerne, notre perspective d’adventistes s’enracine dans notre quête de sainteté, de fiabilité et de vérité, alors que nous adhérons à une vision du monde transcendante de l’éthique et de la moralité.

En matière de sainteté et d’authenticité, le Saint-Esprit a une puissance de transformation. Aujourd’hui, on donne de l’authenticité la définition suivante : être conscient de soi, faire preuve d’équilibre dans le traitement des opinions des autres, agir dans les limites de l’éthique et de la morale (5).

LA TRANSPARENCE ET L’INTÉGRITÉ DANS LES ÉCRITURES

Les Écritures ont beaucoup à dire sur ceux qui agissent avec intégrité et transparence.

Le roi David a écrit : « Ô Éternel ! qui séjournera dans ta tente ? Qui demeurera sur ta montagne sainte ? — Celui qui marche dans l’intégrité, qui pratique la justice et qui dit la vérité selon son cœur. Il ne calomnie point avec sa langue, il ne fait point de mal à son semblable, et il ne jette point l’opprobre sur son prochain. Il regarde avec dédain celui qui est méprisable, mais il honore ceux qui craignent l’Éternel ; il ne se rétracte point, s’il fait un serment à son préjudice. Il n’exige point d’intérêt de son argent, et il n’accepte point de don contre l’innocent. Celui qui se conduit ainsi ne chancelle jamais. » (Ps 15)

Il a aussi consigné les réflexions suivantes : « Qui pourra monter à la montagne de l’Éternel ? Qui s’élèvera jusqu’à son lieu saint ? — Celui qui a les mains innocentes et le cœur pur ; celui qui ne livre pas son âme au mensonge, et qui ne jure pas pour tromper. » (Ps 24.3,4)

Par Jérémie, le Seigneur a dit : « Je leur donnerai un même cœur et une même voie, afin qu’ils me craignent toujours, pour leur bonheur et celui de leurs enfants après eux. » (Jr 32.39)

Vivre dans l’intégrité et agir avec transparence est synonyme de sainteté et d’acte juste. Considérez les textes suivants :

« L’intégrité des hommes droits les dirige, mais les détours des perfides causent leur ruine. » (Pr 11.3)

« Mais tu veux que la vérité soit au fond du cœur : fais donc pénétrer la sagesse au dedans de moi ! » (Ps 51.8)

Le sentier du juste est le sentier de la sagesse et de l’intégrité, le résultat et la conséquence d’une paix juste et d’une confiance tranquille (6). David a prié ainsi : « Accorde-moi un cœur qui te révère sans partage. » (Ps 86.11, SEM)

UNE NORME ÉLEVÉE

Pour les chrétiens, l’intégrité, l’authenticité et la transparence sont des caractéristiques essentielles – non parce qu’elles sont des traits de caractère universellement admirés par les gens menant une vie publique, mais parce qu’elles ont été parfaitement manifestées en notre Seigneur Jésus-Christ. Après l’ascension de Jésus, Pierre et Jean furent reconnus, entre autres choses, « pour avoir été avec Jésus » (Ac 4.13).

Remplissons donc notre esprit du défi, de l’occasion et du privilège que nous apportent la transparence et l’intégrité. Tout ce que nous avons, en tant que chrétiens, c’est la confiance. C’est elle qui pousse les disciples à accomplir leur propre rôle. Les adventistes n’ont d’autre option que d’être transparents et d’agir avec intégrité.


(1) Sauf mention contraire, toutes les citations des Écritures sont tirées de la version Louis Segond 1910.

(2) Ellen G. White, Vers Jésus, p. 40.

(3) www.terna.it/en-gb/chisiamo/trasparenzaeintegrita.aspx and thegreat- workplace.com/2568/transparent-integrity-where-is-mr-oz, p. 64-76.

(4) M. M. Novicevic, M. G. Harvey, et coll., « Authentic Leadership: A Historical Perspective », Journal of Leadership and Organizational Studies 13, n° 1, 2006.

(5) 4 B. J. Avolio et W. L. Gardner, « Authentic Leadership Development: Getting to the Root of Positive Forms of Leadership », The Leadership Quarterly 16, 2005, p. 315-338.

(6) Ps 1.1-3 ; Pr 4.18-27.