Nous sommes tous un – alors, passons à autre chose ?

Méditations spirituelles 20/10/2020

Août 2020 / Lloyd Caesar, pour Adventist World 

Notre rôle dans la lutte contre les tensions raciales pourrait être différent de celui que nous avons imaginé

À l’exemple de notre lutte contre le racisme dans notre société contemporaine, nous voyons dans Actes 6 qu’au sein de la première génération de chrétiens, la division principale se trouvait entre les Hébreux de souche et les Juifs hellénistes. Comment ces premiers chrétiens ont-ils abordé le problème ? Ont-ils simplement ignoré leurs différences flagrantes ? Ont-ils simplement dit : « Nous sommes tous un en Christ, alors, passons à autre chose » ?

Avant de tenter de répondre à ces questions, il serait bon d’essayer de comprendre la nature du problème.

RÉPARER LA BRÈCHE

Satan, nous dit la Bible, est la source de toutes les divisions. Le péché entraîne la division. Il ne nous sépare pas seulement de Dieu, mais aussi les uns des autres. Dans la Genèse, nous voyons comment, après avoir mangé du fruit défendu, Adam et Ève se mirent instantanément à blâmer et à pointer du doigt.

Dieu, cependant, appelle tous ses disciples à être des ambassadeurs de la réconciliation (voir 2 Co. 5.18-20). Il nous a choisis pour participer à son œuvre de restauration de l’humanité pour lui et pour les autres. En parlant de ce ministère de réconciliation, Dieu a dit de son peuple : « On t’appellera réparateur des brèches » (Es 58.12)*. Comment peut-on appliquer cela aux tensions raciales actuelles ?

VALORISER LES AUTRES

Dans l’Église chrétienne primitive, alors que les disciples se multipliaient, « les Hellénistes murmurèrent contre les Hébreux, parce que leurs veuves étaient négligées dans la distribution qui se faisait chaque jour » (Ac 6.1). Les 12 disciples demandèrent donc aux frères de choisir « sept hommes, de qui l’on rende un bon témoignage », qui seraient chargés de s’occuper des victimes de discrimination (v. 3-5).

Ainsi, les disciples recrutèrent des croyants parlant le grec pour servir les veuves d’expression grecque qui se sentaient négligées. De fait, on chargea des Grecs de gérer l’ensemble de l’entreprise. N’y avait-il pas des croyants araméens qui pouvaient faire le travail ? N’y avait-il personne d’autre de bonne réputation et rempli de l’Esprit et de sagesse ? Bien évidemment. Mais l’Église agissait pour valoriser la place des Hellénistes au sein de la communauté – non seulement en veillant à ce que la distribution de la nourriture soit équitable, mais aussi en confiant des postes de direction à des croyants qui s’exprimaient comme eux, qui parlaient leur langue.

UN RÔLE ACTIF

Nous pourrions dire : « Je n’ai pas fait de brèche dans les murs ; je n’ai pas démoli les ruines ; je ne suis pas responsable des nids de poule dans la rue – tout ça s’est passé il y a très longtemps ; je n’étais même pas encore né. »

Dieu nous rappelle que les actes ont des conséquences qui peuvent s’étendre au-delà de notre vie. Les structures de la discrimination raciale sont vieilles de plusieurs siècles. Dans le cas des États-Unis, la nation n’a commencé à les affronter sérieusement qu’au cours de notre vie ou de celle de nos parents. Même si nos empreintes digitales ne figurent pas sur les brèches, nous ne pouvons pas échapper à notre devoir de les réparer.

NE PAS FAIRE LE MAL NE SUFFIT PAS

Dieu nous appelle à bien plus que simplement ne pas faire le mal. Le prophète a dit que le peuple de Dieu ne doit pas seulement cesser de faire le mal, mais aussi apprendre à faire le bien (voir Es 1.16,17). Nous devons travailler activement en faveur des plus faibles et des plus marginalisés de notre société. Dans Matthieu 25, lorsque Jésus sépare les brebis sauvées des chèvres perdues, celles qu’il place à sa gauche ne sont pas accusées d’avoir attaqué les nécessiteux, de ne pas avoir nourri les affamés, d’avoir ridiculisé ceux qui sont nus. Ce dont il les accuse, c’est simplement de ne les avoir pas remarquées.

Puisse Dieu nous ouvrir les yeux sur l’injustice qui nous entoure et illuminer notre esprit, afin que nous discernions les lieux et circonstances où nous pouvons être utiles. Réparons la brèche.


* Sauf mention contraire, toutes les citations des Écritures sont tirées de la version Louis Segond 1910.


Lloyd Caesar est un membre laïque de l’Église adventiste Joy of Troy, à Troy, dans l’État de New York, aux États-Unis.