Amis pour la vie

Méditations spirituelles 19/12/2022

Audrey Andersson | Adventist World, décembre 2022

Mon expérience avec les écrits d’Ellen White

Alors que j’étais enfant, mes parents ont consciemment choisi de m’élever dans un environnement sans télévision. Certains pourraient considérer ça comme une privation, mais pour moi, ça a été une bénédiction. Dans presque chaque pièce, on trouvait des livres à foison – une source constante de plaisir et de connaissances ouvrant des fenêtres sur des mondes nouveaux et fascinants. Très tôt, j’en suis venue à constater qu’il y a des livres qu’on ne lit qu’une fois – après quoi, on les met de côté. D’autres livres nous plaisent suffisamment pour qu’on y revienne de temps en temps. Mais les véritables trésors, ce sont les livres qui deviennent des amis familiers, voire des amis pour la vie. Les livres d’Ellen White entrent dans cette dernière catégorie.

Comme c’est le cas pour de nombreuses amitiés, il est difficile de dire avec précision quand la nôtre a commencé ! Ses livres ont été pour moi une constante. Je me souviens que très jeune, j’admirais l’étagère de livres à la belle reliure rouge. Au fil des ans, les reliures et les couvertures ont changé, certes, mais le contenu, lui, est resté le même.

UNE INFLUENCE FORMATRICE

Lors du culte familial, nous lisions les livres de méditation d’Ellen White. Parfois, j’avais du mal à comprendre les mots et les concepts. Ma première rencontre personnelle significative avec les écrits d’Ellen White s’est produite pendant mon adolescence, à mon baptême : on m’a offert en cadeau un exemplaire de Vers Jésus.

Ce livre m’a encouragée à consacrer plus pleinement ma vie à Christ. Il m’a incitée à lire d’autres de ses livres. En commençant par Patriarches et prophètes, j’ai lu tous les livres de la collection La grande controverse. Chacun d’entre eux a élargi ma compréhension et a façonné mes grandes décisions.

Quelques années plus tard, un voyage d’été en famille à la Nouvelle-Angleterre, au centre des États-Unis, et à Battle Creek, au Michigan, m’a ouvert de nouvelles perspectives. À son baptême, Ellen White n’avait qu’un an de plus que moi quand je me suis faite baptiser. En 1844, à l’âge de 17 ans, elle a vécu le crève-cœur de la grande déception, alors que contrairement aux attentes, Jésus n’est pas revenu. Comme bien d’autres, elle a lutté pour comprendre ce qui s’était passé. Jusqu’ici, le fait que les premiers pionniers adventistes aient été principalement des jeunes m’avait complètement échappé. Les portraits officiels plutôt guindés de ces pionniers, avec leurs costumes, leurs barbes et leurs mines sévères m’avaient donné l’impression que l’Église avait été organisée par des administrateurs d’âge plutôt mûr. La réalité d’un mouvement dynamique dirigé par des jeunes m’a donné une nouvelle perspective et une nouvelle appréciation des écrits d’Ellen White. Lorsqu’elle écrivait à propos de son merveilleux et magnifique sauveur, elle se basait non pas sur une théorie bien établie, mais sur son expérience personnelle.

UN COMPAGNON ÉDIFIANT

Mon engagement à donner ma vie plus pleinement à Christ m’a amenée à l’Institut d’enseignement supérieur de Newbold pour y étudier la théologie. Au début de ma troisième année, j’ai posé ma candidature pour travailler en tant que représentante évangélique l’été suivant. Bien que cela ne soit pas obligatoire, on s’attendait à ce que tous les étudiants en théologie passent au moins un été en tant que représentants évangéliques. Comme ça faisait deux ans que je repoussais ce projet, c’était maintenant ou jamais ! Cependant, je me suis faite refuser ; mais ce refus m’a secrètement soulagée. J’avais bien essayé, non ? Ma conscience était donc tranquille.

Neuf mois plus tard, alors que la fin de l’année universitaire approchait, je me suis mise à m’inquiéter, car je n’avais toujours pas trouvé d’emploi d’été. J’avais postulé à tous les endroits habituels. De deux choses l’une : ma candidature n’avait pas été retenue, ou je n’avais reçu aucune réponse à mes demandes d’emploi. C’était incompréhensible ! Je priais, mais sans succès. J’avais besoin d’argent pour terminer ma dernière année scolaire. À deux semaines de la fin de l’année, le directeur m’a convoquée à son bureau et m’a demandé si j’accepterais de partir en Norvège en tant que représentante évangélique. Je voulais dire non, mais comme je n’avais pas d’autre choix, il a bien fallu que j’accepte ! Le lendemain, j’ai reçu une autre offre d’emploi, mais comme je m’étais déjà engagée, je suis partie en Norvège.

Six semaines plus tard, je me suis retrouvée dans une caravane aux abords d’Aalesund – un port maritime sur la côte ouest de la Norvège. L’amie qui m’accompagnait étant partie, je me suis retrouvée toute seule, sans connaître la langue. Les ventes n’étaient pas mauvaises, mais je ne gagnais pas assez pour obtenir une bourse. Et alors sont venus les « pourquoi ». Pourquoi, Seigneur, m’as-tu amenée ici ?

J’ai pris mon exemplaire de Vers Jésus et j’ai commencé à le lire. Quand je suis arrivée au chapitre sur le privilège de la prière, des mots que j’avais pourtant soulignés auparavant ont bondi de la page :

« Prier, c’est ouvrir à Dieu son cœur comme on le ferait à son plus intime ami. Non pas que la prière soit nécessaire pour instruire Dieu de ce qui nous concerne, mais elle nous met à même de le recevoir. La prière ne fait pas descendre Dieu jusqu’à nous : elle nous élève jusqu’à lui*. »

Dans le silence et la solitude de cette caravane, ces mots ont eu sur moi un impact comme jamais auparavant. Je désirais désespérément avoir un ami. Quelqu’un à qui parler. Quelqu’un qui comprenne ma langue. Quelqu’un qui sache combien il m’était difficile de me lever le matin, de sortir et de frapper aux portes. J’ai répandu mon cœur devant Dieu ; je lui ai parlé comme jamais je ne l’avais fait auparavant. Il est resté ce qu’il est : Dieu, Seigneur des seigneurs et Roi des rois, mon créateur et rédempteur. Mais il est aussi devenu mon ami – celui à qui je confiais mes aspirations, mes craintes et mes joies les plus profondes. J’ai découvert un ami qui, contrairement à mon amie qui était partie, ne me quittait pas d’une semelle. Il était avec moi 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 ! Le Seigneur a répondu à mes prières ! Au cours des six semaines suivantes, il m’a apporté courage, protection, et réconfort.

DES AMIS QUI ÉCLAIRENT

Peu après, je me suis retrouvée dans un appartement avec une personne très agressive, laquelle a même tenté de m’empêcher de partir. Le Seigneur m’a entourée d’un mur invisible de protection. Toutes les tentatives pour m’arrêter ont été déjouées. Comme je fermais la porte, un voisin qui m’avait vu entrer dans l’appartement est sorti du sien pour me demander si tout allait bien. Il était inquiet, car « dans cet appartement-là, il n’arrive rien de bon à ceux qui y entrent ». Je savais que mes anges avaient fait des heures supplémentaires ! Mes ventes ont augmenté, ce qui m’a permis de rentrer et de terminer mes études.

Je me considère vraiment bénie d’avoir été introduite aux livres d’Ellen White à un jeune âge. Ils sont devenus des amis pour la vie – une source de conseils et de sagesse qui m’a aidée à avoir une idée plus claire de mon incomparable sauveur. Alors que le monde d’aujourd’hui semble s’écrouler, ces livres m’éclairent sur la grande controverse, laquelle arrive à son point culminant. Ils me rassurent en me disant que, si je suis fidèle, je rencontrerai Ellen White un jour, l’auteur des « livres rouges », et bien mieux encore, le Jésus qu’elle ne cesse d’exalter.


* Ellen G. White, Vers Jésus, p. 142.


Audrey Andersson est vice-présidente de la Conférence générale des adventistes du septième jour et présidente du comité de l’Ellen G. White Estate.