À la recherche de la théorie du tout

Méditations spirituelles 11/10/2022

Claudia Mohr | Adventist World octobre 2022

Nous vivons dans un monde complexe – un monde où les êtres humains cherchent des réponses, et ce, depuis toujours. Astronomes, physiciens, théologiens et philosophes ont abordé les mystères de la vie avec respect et émerveillement. À la recherche d’une théorie du tout qui expliquerait le monde, les scientifiques ont creusé plus profondément dans les mystères de l’univers et ont exploré des connexions étonnantes. Pourtant, à ce jour, personne n’a trouvé une théorie du tout. « Si Dieu a créé le monde, sa principale préoccupation n’était certainement pas de le construire de manière à ce que nous puissions le comprendre ! » aurait dit un jour Albert Einstein, le fameux physicien de renommée mondiale.

UNE QUÊTE ANCIENNE

À l’époque de Jésus, les pharisiens étaient, eux aussi, à la recherche de la théorie du tout. Qu’est-ce qui maintient le monde ensemble ?

À quoi tout peut-il être réduit ? Ils cherchaient une réponse dans la Torah. Les commandements étaient le cœur même de la révélation de Dieu. Mais quel est le plus grand commandement ? Cette question était un débat populaire parmi les scribes. Mais il semblait impossible d’y répondre. C’est pourquoi les érudits demandèrent un jour à Jésus : « Maître, quel est le plus grand commandement de la loi ? » (Mt 22.36) Jésus résuma sa réponse ainsi : Tu aimeras Dieu et tu aimeras ton prochain comme toi-même (voir v. 37-40).

La voilà, la théorie du tout qui maintient tout ensemble : l’amour en trois dimensions. Il s’agit de l’amour pour Dieu, l’amour pour le prochain, et le respect de soi. Si on ne voit peut-être pas toujours clairement l’amour pour Dieu et le respect de soi, en revanche, aimer son prochain est très concret. Jésus savait de quoi il parlait lorsqu’il a dit : « Aime ton prochain ». Après tout, il aimait lui-même son prochain de façon inconditionnelle !

Il traitait chaque personne avec respect. Il savait comment donner à chaque individu le sentiment de sa valeur – à Zachée, à la femme au puits de Jacob, au centurion romain de Capernaüm… L’amour inconditionnel de Jésus séparait la personne de ses actes, rendant celui-ci capable d’aimer même ceux qui le haïssaient.

JÉSUS : UN HOMME DE CONFLIT

Même si Jésus aimait les gens de façon inconditionnelle, il n’évitait jamais les conflits simplement par amour de la paix, pour que tout le monde se sente bien. Il pouvait se mettre en colère ; cependant, au lieu d’attaquer la dignité d’autrui, il communiquait sur la base des faits.

Il appelait clairement le péché par son nom. Par exemple, il s’est adressé aux pharisiens en les qualifiant de « race de vipères » – un terme qui n’a clairement rien d’affectueux. Cependant, il a fourni de solides raisons pour justifier ce reproche. Il a prévenu Pierre de son triple reniement avant qu’il ne se produise (Mt 26.34). Lorsque sa famille est venue le soustraire à l’attention du public, il a demandé avec détermination : « Qui sont mes frères ? » (Mt 12.48)

JÉSUS : UN HOMME DE COURAGE

Jésus pouvait mettre le doigt là où ça fait mal, mais il n’hésitait jamais à faire l’éloge des autres. Ses louanges, cependant, n’étaient pas des marques de gentillesse manquant de substance. Il abordait chaque personne avec authenticité. Il ne cultivait aucun préjugé, pas même ceux qui faisaient déjà partie du savoir commun juif – soit que les femmes étaient des personnes de second rang, les païens, des chiens, et les collecteurs d’impôts, des traîtres. Non, Jésus s’éloignait des simplifications excessives imparfaites et allait toujours droit au but. Avec beaucoup de douceur et de respect, il séparait le péché du pécheur et était sensible aux attentes de ceux qu’il rencontrait. C’est ce qui faisait de lui le meilleur ambassadeur du royaume de Dieu.

LA PUISSANCE DE L’APPRÉCIATION

Nous connaissons ce phénomène, mais aujourd’hui on l’appelle autrement : l’appréciation. L’appréciation aborde les autres comme des êtres à part entière. Elle est associée au respect, à la bonne volonté, à la reconnaissance, et s’exprime par la prévenance, l’intérêt, et l’amabilité.

On dirait un rêve, n’est-ce pas ?

Nous voulons tous être remarqués et reconnus ! Nous apprécions un compliment sincère, une louange, ou un peu d’attention. Nous nous épanouissons lorsque quelqu’un nous écoute et nous remarque. Nous sommes reconnaissants pour le respect et l’intérêt sincère qu’on nous manifeste. L’appréciation réchauffe nos cœurs, renforce notre courage, et nous donne des ailes ! Nous devenons de meilleures personnes parce que quelqu’un croit en nous et nous accorde de la valeur. Qu’il s’agisse d’une simple connaissance, d’un ami ou d’un membre de la famille proche, nous nous épanouissons tous grâce à l’appréciation.

Les grandes entreprises ont découvert, elles aussi, cette théorie du tout. Et elles en font un important sujet – on ne trouve guère de séminaire de formation sans référence à la culture de l’appréciation tant vantée. Cette approche est censée engendrer l’unité et motiver les employés à donner le meilleur d’eux-mêmes. Parfois, on pourrait penser que des conditions paradisiaques sont sur le point de ressurgir dans une entreprise et que la réconciliation universelle est imminente. Cependant, ce qui est abordé ici, c’est un thème central de l’être humain.

Il est donc d’autant plus important de donner à l’estime et à la reconnaissance la place qui leur revient dans la vie quotidienne de l’Église. En particulier dans le contexte d’une église ou d’une congrégation locale, on prend souvent les gens pour acquis. On s’attend à un haut niveau d’engagement de la part des membres, sans souvent reconnaître l’importance de chaque membre individuel. On attend avec impatience le moment où le Maître dira aux rachetés : « C’est bien, bon et fidèle serviteur » (Mt 25.23) tout en oubliant que nous aussi, nous sommes appelés à manifester de la gentillesse et de la reconnaissance à ceux qui nous entourent – y compris au sein de nos congrégations. Si nous voulons être des ambassadeurs du Royaume de Dieu, alors nous sommes appelés à refléter l’amour et la sollicitude de Jésus envers ceux que nous côtoyons. Dieu veut que nous partagions un petit bout de paradis sur terre, où que nous allions et quoi que nous fassions.

LA THÉORIE DIVINE DU TOUT

La voilà donc, la théorie divine du tout. Je peux la voir, encore et toujours, dans les Écritures et la vie de Jésus. « Le Seigneur a enseigné la règle d’or qui, seule, peut rendre l’humanité heureuse », a écrit Ellen White à propos de cette appréciation inconditionnelle. « Saisissez toutes les occasions de contribuer au bonheur de ceux qui vivent près de vous en les entourant de votre affection. Des paroles aimables, des regards affectueux, des expressions encourageantes seront, pour ceux qui luttent seuls, comme un verre d’eau rafraîchissante pour l’âme altérée. Une parole d’encouragement, un acte de bonté contribueront grandement à alléger les fardeaux qui écrasent de leur poids les épaules endolories. […] Vivez dans le rayonnement de l’amour du Sauveur, alors votre influence sera une bénédiction pour l’humanité*. »

L’appréciation sincère n’a jamais fait de mal à personne ! Au contraire, elle est le baume même qui guérit notre vie au quotidien.


* Ellen G. White, Avec Dieu chaque jour, 10 juin, p. 175.


Claudia Mohr travaille au service de presse de l’Église adventiste en Allemagne. Elle habite avec sa famille à Darmstadt, en Allemagne, sur le campus adventiste de Marienhöhe.