La puissance du Saint-Esprit

Méditations spirituelles 29/07/2022

Dick Duerksen | Adventist World, juillet-août 2022

La chambre d’hôtel est remplie d’une épaisse fumée bleue et sent le soufre brûlé. Terrifiée, Gloria se précipite hors de la salle de bains et fixe le magnétoscope encore allumé sur le bureau. Il n’y aura pas de film Jésus ce soir.

L’histoire se passe en juin ou juillet 1999. L’équipe d’évangélisation du pasteur Stan s’est rendue à Mendi – un village dans la province des Southern Highlands, en Papouasie-Nouvelle-Guinée (PNG). C’est un voyage de rêve, une occasion de prêcher l’Évangile du Christ à des indigènes de la PNG qui n’ont jamais entendu ses histoires, jamais rencontré ses disciples, et jamais même imaginé la possibilité de son pardon. L’équipe, venue du nord-ouest des États-Unis, est armée de Bibles, de sermons, de matériel médical, ainsi que d’un magnétoscope et de projecteurs permettant de diffuser le film Jésus en couleur. Ça fait des semaines qu’ils prient : ils sont enfin prêts !

« C’était la première fois que nous avions essayé d’utiliser des ordinateurs portables et des vidéoprojecteurs, se souvient le pasteur Stan. Comme le village avait l’électricité, nous avions apporté
les meilleurs outils que nous pouvions trouver. »

Il y a des écrans à l’intérieur et à l’extérieur de la grande tente – des écrans géants faits de contreplaqué et peints en blanc vif comme de bons écrans doivent l’être. Et tout fonctionne comme ils l’ont espéré. Des milliers de personnes – 3, 4, voire 5 000 personnes – sont dehors, sous la pluie, regardant ces choses sur les écrans et écoutant les prédicateurs prononcer les paroles de Dieu.

Pour eux, le film Jésus, c’est du bonbon ! C’est la meilleure chose qu’ils aient jamais vue !

« Les gens sous la tente étaient à l’abri, et ceux à l’extérieur étaient trempés, raconte Stan. Mais ça ne leur faisait rien ! Ils sont venus, impatients de voir nos vidéos. Ils regardaient, écoutaient, hypnotisés par les vidéos d’animaux sauvages que nous projetions chaque soir. Les habitants n’avaient jamais vu de lions, de gorilles, ou d’ours polaires. Ils étaient captivés par les cerfs, les élans et les couguars qui, chaque soir, se déplaçaient sur les écrans pendant cinq minutes. »

Stan se souvient de cette expérience comme l’une des plus significatives de sa vie. « Ma prédication n’était probablement pas si géniale que ça ! Bien que sachant que les gens étaient venus pour voir les vidéos, je leur ai donné tout ce que j’avais, décrivant Jésus et son amour aussi clairement que possible. »

Les journées sont épuisantes. Il y a une réunion tous les soirs. Pendant la journée, le pasteur Stan et sa femme Gloria visitent les gens dans les villages. Partout où ils vont, ils sont accompagnés de gardes armés qui veillent à ce que les visiteurs étrangers soient protégés des bandes de « vauriens » qui terrorisent la région.

« Chaque soir, poursuit Stan, nous passions cinq minutes du film Jésus. Je ne savais pas comment les gens allaient réagir en voyant Jésus « live » sur les écrans. Dans le film, il parle en anglais, et même si un interprète traduisait chaque mot en pidgin, je n’étais pas sûr qu’ils comprendraient le message. Tout compte fait, je n’aurais pas dû m’inquiéter. Ils restaient là, immobiles, rivés à leur place, comme si le paradis était venu sur terre. Jésus était là, sur l’écran, et les gens l’aimaient ! »

À peu près vers la moitié de la campagne d’évangélisation, un matin à l’hôtel où il loge, Stan prépare les présentations de la soirée. Pour s’assurer que les vidéos ont été rembobinées au bon endroit, il branche le magnétoscope dans la prise électrique et l’allume.

« J’avais oublié, dit-il en faisant la grimace, que le courant électrique local était de 220 volts et que notre magnétoscope, lui, était conçu pour 120 volts ! »

Tout de suite, la pièce se remplit d’un crépitement intense et d’un énorme nuage de fumée bleue et noire. Stan débranche l’appareil aussi vite que possible. Levant les yeux, il aperçoit Gloria se précipitant hors de la salle de bains, le regard terrifié.

« Qu’est-ce qui s’est passé ? » s’écrie-t-elle.

Stan ne pense qu’aux milliers de personnes qui seront présentes à la réunion ce soir, attendant de voir la suite du film Jésus. « Qu’ai-je fait, Seigneur ? J’ai fait sauter le magnétoscope ! »

« J’ai mis le transformateur sur le magnétoscope, et on a prié. On a prié à genoux. On a prié avec nos mains sur le magnétoscope. On a prié, encore et encore. Les gens venaient voir Jésus, et moi, j’avais grillé le magnétoscope ! »

Stan demande alors l’aide d’un dentiste, lequel fait partie de l’équipe missionnaire. Il tente de réparer l’appareil, et prie, lui aussi. Peine perdue : l’appareil est mort !

Ce soir-là, Stan et Gloria apportent le magnétoscope et le transformateur à l’église. Humilié, mais plein d’espoir, Stan raconte le désastre à l’équipe, et tous prient Dieu de réparer le magnétoscope. « Seigneur, c’est ton magnétoscope, ton film, ton Évangile, tes vidéos d’animaux, et ce sont tous tes gens. Je suis vraiment désolé d’avoir fait quelque chose d’aussi stupide aujourd’hui. Fais en sorte que l’impossible se produise. Fais en sorte que le magnétoscope fonctionne ce soir ! »

Croyez-vous que Dieu répare miraculeusement des appareils électroniques ?

« Nous avons décidé de croire, disent Stan et Gloria. Alors que la réunion commençait, nous avons chanté le chant d’ouverture, branché le magnétoscope dans le transformateur, et appuyé sur le bouton “ON”. »

Le magnétoscope de 120 volts totalement grillé s’est allumé et, alimenté par un courant inconnu, a fonctionné pendant toute la réunion. Il a montré des lions, des tigres et des ours polaires. Il a montré les versets bibliques du sermon du pasteur Stan. Et il a montré Jésus, vivant, marchant sur les rives du lac de Galilée, guérissant les malades, jouant avec les enfants, et donnant sa vie pour les habitants de Mindy, en Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Le magnétoscope a fonctionné pendant tout le programme de ce soir-là. Du lendemain. Du surlendemain, et ce, jusqu’à la dernière réunion de la campagne d’évangélisation.

Puis il s’est arrêté.

« Nous l’avons apporté chez nous, explique Stan en essuyant quelques larmes, et nous avons essayé de faire jouer une vidéo. Lorsque j’ai appuyé sur le bouton “ON”, le magnétoscope a vibré, puis a fait un bruit sourd et s’est arrêté net. Il n’a plus jamais fonctionné. »

Aujourd’hui, il y a une église à Mindy. Une église où les fidèles chantent l’amour de Dieu. Une église où ils prient le Dieu des miracles.


Dick Duerksen, pasteur et conteur, habite à Portland, en Oregon, aux États-Unis.