Dévouée pour la vie

Méditations spirituelles 25/07/2022

Charissa Torossian | Adventist World, juillet-août 2022

Lorsque Marie de Magdala rencontra Jésus pour la première fois, sa vie n’était que chaos. Nous lisons dans Luc 8.1-3 que Jésus chassa sept fois des démons de cette femme !

Lorsqu’elle rencontra Jésus pour la première fois, les démons disaient que chez Marie, ils étaient « chez eux » – ce qui en dit long sur le genre de vie qu’elle menait. Mais le jour de cette rencontre, Jésus changea complètement sa vie (voir 2 Co 5.17) et devint son pôle d’attraction. Elle consacra désormais son argent à sa cause. Partout où il allait, elle y allait aussi ! Dans tout ce qu’elle faisait, elle mettait Jésus au premier plan.

LUI FAIRE CONFIANCE – MÊME QUAND C’EST DIFFICILE

Lazare, frère de Marie et de Marthe, tomba malade. Les deux sœurs envoyèrent un message à Jésus pour l’en prévenir. Celui-ci leur répondit : « Cette maladie n’est point à la mort ; mais elle est pour la gloire de Dieu, afin que le Fils de Dieu soit glorifié par elle. » (Jn 11.4) Aujourd’hui, nous avons l’avantage de savoir que Jésus allait ressusciter Lazare ; mais tout ce que les sœurs savaient, elles, c’est qu’il avait dit que Lazare ne mourrait pas. Et cependant, leur frère bien-aimé mourut… Que faites-vous lorsque vous priez pour quelqu’un et qu’il meurt ?

Quatre jours plus tard, Jésus vint, et Marie courut se jeter à ses pieds (v. 32). Oh, puisse son habitude être la nôtre ! « C’est en faveur de Lazare que le Christ accomplit le plus grand de ses miracles1. » L’expérience de Lazare nous rappelle qu’il faut prier – même lorsque les perspectives sont désespérées. Bien qu’il nous semble que Dieu ait quatre jours de retard, il est toujours à l’heure.

LE COMBLE DU DÉVOUEMENT

La dévotion de Marie envers Jésus atteignit son point culminant dans la semaine précédant le Calvaire. Simon, un pharisien que Jésus a guéri de la lèpre, invite ce dernier chez lui, à Béthanie, pour le remercier. Contrairement à la coutume, Simon ne traite pas Jésus comme un invité d’honneur. Tout se passe bien, enfin, jusqu’à ce qu’une femme non invitée, que Jean identifie comme étant Marie (Jn 11.2), sœur de Marthe et de Lazare, entre dans la pièce.

Ayant entendu Jésus prédire sa mort, elle a acheté un vase d’albâtre contenant un parfum de grand prix – d’une valeur d’une année entière de salaire – pour le triste jour où elle oindrait son corps. Mais voilà que le bruit court que Jésus est sur le point d’être couronné roi.

Marie a le cadeau parfait pour un roi ! Marthe, sa sœur, lui a dit qu’elle s’occupait du festin de Simon et que Jésus y allait aussi. Marie voit là l’occasion rêvée de mettre son projet à exécution. Elle entre discrètement dans la maison et vient derrière, aux pieds de Jésus, les larmes aux yeux.

Aux pieds de Jésus, les souvenirs de tout ce qu’il a fait et représente pour elle affluent dans son esprit. Et tout à coup, son cadeau lui paraît bien insuffisant. Lorsqu’elle ouvre le vase, une fontaine au plus profond de son être se brise, et d’abondantes larmes jaillissent. Elle lui lave les pieds de ses larmes, et les essuie avec ses longs cheveux flottants. Elle embrasse les pieds du Sauveur et les oint de son parfum (voir Lc 7.38).

Les cheveux d’une femme sont sa gloire, dit la Bible ; Marie dépose les siens aux pieds de Jésus – un acte qui dit : Seigneur, la partie de ton corps la plus basse est plus haute que la partie la plus haute du mien.

Alors que l’odeur extraordinaire du sacrifice remplit la pièce, Judas, lui, flaire l’odeur de l’argent. Les disciples se joignent à lui dans un concert de critiques : Nous aimons Jésus, nous aussi, mais ce qu’elle vient de faire est vraiment ridicule ! Elle vient de jeter à la poubelle 300 deniers qu’on aurait pu donner aux pauvres ! (Jn 12.4,5) Mettons cela en perspective : lorsque Jésus a nourri les 5 000 personnes, il s’agissait de 5 000 hommes, sans compter les femmes et les enfants. Philippe a dit à Jésus que 200 deniers ne suffiraient pas à régler la facture (Jn 6.7). Mais 300 deniers auraient pu le faire. Ainsi, le don de Marie aurait pu financer la nourriture de milliers de personnes.

Simon observe la scène. Et il se dit en lui-même : « Si Jésus était un vrai prophète, il saurait que cette femme est une pécheresse » (Lc 7.39). C’est la manière délicate qu’a la Bible de dire que Marie avait vécu une vie d’immoralité ouverte. Comment Simon l’a-t-il su ? Comment cette femme issue d’une famille comme la sienne a-t-elle pu être possédée par un démon et devenir une prostituée ?

Le livre Jésus-Christ nous dit ce qui est implicite dans le texte : « C’est Simon qui avait fait pécher la femme, aujourd’hui objet de son mépris2. » Ailleurs, Ellen White précise que Simon était l’oncle de Lazare, et par conséquent, celui aussi de Marie3 ! Jésus aurait pu sortir ce squelette du placard de Simon, mais il s’en est bien gardé. Il a plutôt raconté une parabole qui se terminait par cette conclusion : « Mais celui à qui on pardonne peu aime peu. Et il dit à la femme : Tes péchés sont pardonnés. » (v. 48)

Il a ensuite ajouté : « Je vous le dis en vérité, partout où cette bonne nouvelle sera prêchée, dans le monde entier, on racontera aussi en mémoire de cette femme ce qu’elle a fait. » (Mt 26.13) Jésus voulait que le monde entier sente le parfum sublime du don de Marie ! Pourquoi ?

Dans le vase d’albâtre brisé à ses pieds, Jésus a vu son corps, lequel allait bientôt être brisé pour nous. Dans le précieux parfum qui s’est répandu sur le sol, il a vu son sang « répandu pour plusieurs, pour la rémission des péchés » (v. 28), mais à peine apprécié. Dans le mobile de Marie, Il a vu un reflet du sien en mourant pour nous. L’amour seul a conduit Jésus au Calvaire ! Dans l’extravagance du sacrifice de Marie, Jésus a vu l’amour du ciel se déverser : « Elle a fait ce qu’elle a pu » (Mc 14.8). Notre Seigneur a fait tout ce qu’il pouvait pour nous sauver, nous aussi.

UN REFLET DE SON CARACTÈRE

Jésus a vu en Marie ce qu’il souhaite voir en chacun de nous : un reflet de son caractère. Judas a vendu Jésus pour 30 pièces d’argent, mais le Sauveur vaut tellement plus ! Il vaut la peine de briser le vase d’albâtre de votre vie. Quelle valeur Jésus a-t-il à vos yeux ?

Certains ont du mal à soutenir un sauveur vivant ; Marie, elle, a soutenu fidèlement un sauveur mourant. Depuis le jour où Jésus l’a secourue jusqu’au jour où il est mort pour elle, elle a été son disciple dévoué. Elle a été la dernière à la croix et la première au tombeau.

Le dimanche matin, lorsqu’elle a trouvé le tombeau vide, c’est elle qui a donné l’alerte aux disciples. C’est à cause d’elle que Pierre et Jean se sont précipités au tombeau. « Et les disciples s’en retournèrent chez eux. Cependant Marie se tenait dehors près du sépulcre, et pleurait. Comme elle pleurait, elle se baissa pour regarder dans le sépulcre » (Jn 20.10,11).

Pierre et Jean s’en retournent ; Marie, elle, ne le peut tout simplement pas. Sa dévotion amoureuse pour Jésus la fige à cet endroit. Quand tout le monde s’était éloigné d’elle, Jésus, lui, était resté. Quand personne n’avait cru en elle, Jésus, lui, avait discerné sa valeur. Quand sa famille avait manqué dans son soutien, Jésus, lui, l’avait défendue. À la mort de Lazare, Jésus était venu et avait apporté la vie. Quand les disciples l’avaient critiquée, Jésus, lui, avait pris sa défense. Quand elle avait été maltraitée, l’amour de Jésus avait apporté guérison et paix à son cœur blessé. Marie a bien vu les deux anges dans le sépulcre, mais elle n’a pas même bronché, car c’est Jésus qu’elle cherchait.

« En disant cela, elle se retourna, et elle vit Jésus debout ; mais elle ne savait pas que c’était Jésus. Jésus lui dit : Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? Elle, pensant que c’était le jardinier, lui dit : Seigneur, si c’est toi qui l’as emporté, dis-moi où tu l’as mis, et je le prendrai. Jésus lui dit : Marie ! Elle se retourna, et lui dit en hébreu : Rabbouni ! c’est-à-dire, Maître ! » (v. 14-16)

Personne, non, personne ne prononçait son nom comme Jésus ! « Jésus lui dit : Ne me touche pas ; car je ne suis pas encore monté vers mon Père. Mais va trouver mes frères, et dis-leur que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. » (v. 17)

On ne peut reprocher à Marie de vouloir s’accrocher à Jésus ! Cependant, Jésus lui dit de le laisser partir pour une raison très importante. « Jésus refusa les hommages des siens avant d’être certain que son sacrifice avait été accepté par le Père4. »

Jésus allait monter au ciel pour recevoir de Dieu lui-même la confirmation que son sacrifice avait été accepté. Imaginez l’enthousiasme dans tout l’univers non déchu ! Le ciel tout entier soupirait après ce moment, mais patientait, car dans l’ombre de ce jardin se trouvait une femme dévouée, en pleurs, qui cherchait Jésus parce qu’elle l’aimait.

Après cette rencontre, j’imagine Marie qui fait irruption, le souffle coupé, dans une chambre haute bien verrouillée, en s’exclamant : « Je viens de voir Jésus ! » Voir le Seigneur a tout changé pour Marie, et cela change tout pour nous aussi. Apocalypse 14.4 décrit un peuple à la fin des temps qui suit « l’Agneau partout où il va », parce que, comme Marie, ce peuple aime Jésus. Voulez-vous dire avec moi aujourd’hui : « Seigneur Jésus, j’irai pour toi et te serai dévoué jusqu’à ton retour » ?


1 Ellen G. White, Jésus-Christ, p. 519.
2 Ibid., p. 560.
3 Ellen G. White, dans Signs of the Times, 9 mai 1900. 4 Idem., Jésus-Christ, p. 793.


Charissa Torossian est coordinatrice de la prière et fait partie de l’équipe d’évangélisation de la Fédération du nord de la Nouvelle-Galles du Sud, en Australie.